Vous savez que j’écris toujours sur la réalité du ecommerce et pas sur l’eldorado du ecommerce comme on entend parler régulièrement. De moins en moins quand même car des chiffres (plus ou moins officiels) sortent de temps à autre et cela refroidit bien les protagonistes du secteur économique…
Effectivement selon une étude que j’ai vue passer il y a quelques semaines (mais pas retrouvée) il y aurait seulement 10 000 sites qui feraient plus de 100 000€ annuel de CA, sur 140 000 sites.
Si le chiffre peut faire peur, je pense qu’il n’est pas loin de la réalité… Malheureusement quand on dit plus de 100 000€, beaucoup sont à moins de 500 000€ et les gros sites sont souvent des grands groupes qui appartiennent à des investisseurs. Difficile de devenir gros en restant indépendant et en grossissant petit à petit sur ses fonds propres. Je ne vois aucun mal à l’entrée de cash dans l’entreprise, c’est juste une constatation.
Et les 130 000 sites restants me direz-vous ? Et bien beaucoup s’accordent à dire que leur CA moyen ne dépasse pas les 50 000€ annuel… On ne parle même plus de TPE, mais de micro-entreprises à ce stade, même si elles n’en n’ont pas la forme juridique. D’ailleurs officieusement, le statut d’autoentrepreneur n’aurait il pas été créé pour le ecommerce ?…
Que faites-vous au quotidien avec une entreprise de retail qui fait 30 000€ de CA ?… Bonne question et voici donc un aperçu de la vie de rêve de petit ecommerçant
- chaque jour ce sont des colis à faire et à porter à la poste et Mondial Relay, qu’on en ait 3, 5 ou 10. Le temps perdu sera le même pour un CA variant de 3 à 10.
- le service client prend au moins 1/3 de notre temps : les questions sur les produits, les réclamations, les commandes en retard ou perdues. Ce n’est pas une partie de plaisir quand on sait que maintenant, les gens ne prennent même plus la peine de dire bonjour ou remercier…
- les commandes perdues, que ce soit par le transporteur ou la poste, on n’y échappe pas. C’est un facteur de stress énorme, car notre trésorerie et notre CA sont en jeu, ainsi que notre crédibilité auprès de nos clients. Il y a parfois de quoi ne plus en dormir.
- les litiges paypal : bête noire des petits ecommerçants. Les clients en ouvrent à tout va, la plupart sans raison et sans communication au préalable avec nous. Pendant ce temps, l’argent est bloqué, en gros on le revoit jamais, et il faut fournir des tonnes de documents pour se justifier.
- le temps perdu à attendre les livraisons du stock, alors que soi-disant c’est un métier où on jouit énormément de liberté…
- le travail quotidien à faible valeur intellectuelle tout simplement : faire des cartons, répondre aux clients, négocier une place dans la file d’attente de la poste, ne nécessitent pas de faire appel à toute notre intelligence et parfois on ouvre les yeux en se disant « j’ai un doctorat et je dois répondre à un SMS d’un ado hargneux : what else ?… »
- une fois fini tout ce qui est inintéressant, il ne reste plus de temps ou plus de courage (notre cerveau est en compote à ce stade) pour prendre du recul et faire ce qu’on aime et ce qu’on pensait faire en créant notre site : sourcing, marketing, blog, salons, etc…
- on travaille seul, chez soi pour la plupart, donc pas de coupure avec la vie privée, des horaires à ralonge, 7 jours sur 7, jusque tard. Et personne sur qui compter quand on a un coup de blues… A part le groupe des cyberentrepreneurs et des ecommerçants évidemment ^^
Je ne veux pas vous décourager, mais je vous rappelle qu’on fait tout ça pour un CA de 100 000€ maxi, soit environ un salaire de 1000€/mois si on a la trésorerie. Quant à ceux qui ne dépassent pas 50 000€, je les admire et respecte leur volonté, leur motivation de faire de leur site une vraie entreprise sur les années et d’être un acteur économique à part entière de la France.
Car tout cumulé le ecommerce représente une vraie force économique du pays, des emplois créés directement et indirectement, des charges sociales, de la TVA, des impôts payés à la France, un dynamisme qu’on n’avait pas connu depuis la révolution industrielle, des ecommerçants qui se battent au quotidien pour faire tourner leur entreprise et qui redonnent un élan d’optimisme considérable au pays.
Alors facile ou pas facile le ecommerce ?