Note:
Origine : France
Réalisateurs : Philippe Lacheau, Nicolas Benamou
Distribution : Philippe Lacheau, Alice David, Vincent Desagnat, Tarek Boudali, Julien Arruti, Grégoire Ludig, David Marsais, Philippe Duquesne, Gérard Jugnot, Clotilde Courau…
Genre : Comédie
Date de sortie : 16 avril 2014
Le Pitch :
Franck a 30 ans, et pour l’occasion, ses amis ont prévu une super fête. Malheureusement, Franck est réquisitionné d’urgence par son patron qui lui demande de faire du babysitting. Fin du fin : Rémy, le fils de son boss, est une authentique tête à claques pourrie gâtée. Le soir même, coincé dans une luxueuse maison avec le gamin, Franck voit soudainement débarquer ses amis qui ont décidé de délocaliser la fête. Commence alors une très longue nuit pendant laquelle Franck va totalement perdre le contrôle…
La Critique :
En mars 2012 sortait une grosse purge du nom de Projet X. Transférant les codes du found footage à la comédie décomplexée, le film mettait en scène la nuit de débauche d’un groupe de jeunes, entre beuveries, coups fumants et gags complètement foireux. En France et ailleurs, les soirées de ce genre se sont ainsi multipliées et le film de faire un carton au box-office. Pendant ce temps, toujours en France, Philippe Lacheau de la Bande à Fifi, et ses potes, planchent sur un long-métrage dont le concept se rapproche de celui de Projet X. Eux aussi veulent détourner les codes du found footage et eux aussi comptent mettre en scène une fête tonitruante. Au lieu de leur couper l’herbe sous les pieds, le succès de Projet X pousse Universal a donner plus ou moins carte blanche à la bande à Lacheau, histoire de tenter de surfer la même vague, deux ans plus tard. Quand déboule la première bande-annonce de Babysitting, les craintes sont grandes. D’habitude, ceux qui essayent de pomper des concepts étrangers se plantent royalement et se couvrent de ridicule. D’habitude mais pas là. Là, on peut parler de surprise. De bonne surprise, tant Babysitting surpasse sur tous les plans Projet X. Cocorico !
Pas de quoi sauter au plafond pour autant, mais la mission est réussie. Babysitting est une comédie avec pour seul et unique but de faire marrer son public. Alors oui, c’est gagné car pour rire, on rit. Beaucoup et souvent. Bien construit et rythmé, le film ne s’endort jamais et trouve toujours un moyen de rebondir. Une vanne est un peu foireuse ? Pas de soucis, on passe à autre chose et le show peut continuer. L’une des grandes forces de Babysitting, c’est de ne jamais dévier de sa route et de tout le temps assumer. En toute modestie qui plus est, ce qui ne gâche rien.
Co-écrit, co-réalisé et interprété par Philippe Lacheau, Babysitting doit en effet beaucoup à la personnalité attachante de ce comique au demeurant plutôt discret. On se souvient que mine de rien, la Bande à Fifi était vraiment drôle, surtout si on compare ses sketches avec ce qui s’est fait depuis sur Canal. Là, Fifi ne change pas de registre mais s’octroie le rôle de celui qui subit. Un mec gentil et naïf, amoureux et un peu faible, qu’il campe avec crédibilité tout en conférant au long-métrage une large partie de la sympathie qu’il inspire. La performance de Philippe Lacheau est à ranger parmi les bonnes. Elle fait partie de celles qui tirent l’entreprise vers le haut, tandis que d’autres s’évertuent à jouer comme des quiches. Clotilde Courau par exemple, fait acte de présence mais se contente de réciter paresseusement son texte. On croise aussi parmi les convives de la fête, des acteurs et des actrices qui n’ont manifestement pas compris que la caméra tournait tant ils semblent s’en foutre royalement. Mais au fond, ce n’est pas grave car d’autres assurent pour deux. Vincent Desagnat est très marrant, Philippe Duquesne est comme souvent excellent, Alice David, l’atout charme du film, est très naturelle, et les deux autres transfuges de la Bande à Fifi, à savoir Tarek Boudali et Julien Arruti arrivent à traduire leur complicité à l’écran. Également co-auteurs, les deux amis et Philippe Lacheau donnent de la cohérence à ce projet et font de plus preuve d’ingéniosité à deux ou trois moments clés. Notamment et principalement dans leur façon de justifier la caméra portée à la found footage. Les pièges du genre, ils les évitent, livrent une réalisation vivante mais pas gerbante, et au final maîtrisent leur histoire du début jusqu’à la fin. Et tant pis pour ce dénouement en forme de belle morale rabattue et un peu foireuse, car le rire pardonne finalement pas mal de travers.
Sans qu’on s’y attende vraiment, Babysitting crée la surprise et s’impose comme la comédie française du moment. À partir de mécanismes purement américains, les frenchies tirent leur épingles du jeu, injectent leur esprit de sales gosses délurés, arrivent à traduire leur humour, et livrent au final un film carrément plus efficace que beaucoup d’autres comédies américaines pour ados vues récemment.
Le passage sur grand écran de comiques issus de la télévision, débouche souvent sur des films poussifs et égocentriques. Celui-là évite les pièges les plus grossiers et avec ses imperfections, s’impose tout naturellement. Sans en faire des caisses qui plus est. Alors non, pas de quoi se lever la nuit, mais largement de quoi s’en payer une bonne tranche.
@ Gilles Rolland