Avec "L'Arpenteuse", Isabelle Mestre, qui est aujourd'hui chargée des programmes de théâtre et danse sur Arte, a signé un premier roman certes succinct mais ô combien palpitant, intense et sensuel. La qualité de l'écriture, à elle seule, en fait un idéal compagnon de chevet. Pour s'imbiber encore et encore de ses phrases sobres et sensibles qui fleurent bon la vie..
Court n'est pas forcément péjoratif. Ce premier roman d'Isabelle Mestre, "L'Arpenteuse", publié en ce début d'année au Mercure de France, est bref, c'est un fait, puisqu'il ne fait que 115 pages. Mais tout ici tient davantage de la suggestion que de la description exhaustive. Une sobriété qui n'est qu'apparente, ne nous y trompons pas. Le lecteur parcourt ce roman dans le sillage de Marguerite, l'héroïne, qui n'a que 16 ans au début du livre, et dont on apprend qu'elle a perdu sa mère, Lucie, deux ans plus tôt. Un événement qui l'a transformée à jamais, et qui a provoqué chez elle un étonnant rapport au monde, une forme de détachement que l'auteur transpose dans cette écriture concise, limite lapidaire, "procès-verbalesque". Les phrases sont courtes, ciselées, donnent du rythme au récit. "Marguerite est faite pour agir, pas pour rêver". Elle arpente les allées parfois sombres de son existence avec indifférence, légèreté. Une héroïne à la peau dure sur qui les événements semblent avoir peu de prise... Mais tout cela n'est-il pas qu'une façade ? Au fil des pages, à mesure qu'il s'attache à cette héroïne quelquefois énigmatique, le lecteur finit inévitablement par en percer la carapace. Et l'arpenteuse se révèle alors dans toute son humanité...