Être hypocondriaque et vivre en Chine

Paris est à plus de 8.200 km à vol d'oiseau de Pékin. Il faut certainement rajouter encore quelques kilomètres pour Rennes ou Saint-Étienne. Mais pour faire court, c'est loin. Et quand on vit à l'étranger, on n'a pas forcément envie de découvrir comment se pratique la médecine dans un autre pays. D'autant plus que l'on sait aussi que la Chine a un indice de développement inférieur à celui de la France. De quoi nourrir les fantasmes les plus sordides.

Le système français, quoiqu'on en dise, est plutôt performant en matière de santé. Tout au moins, il permet l'accès aux soins pour un coût relatif. En Chine, bien évidemment, pas de sécurité sociale. Impossible avec un nombre d'habitants aussi élevé.

Pour pouvoir travailler à l'université, nous avons dû effectuer un véritable bilan de santé avant notre arrivée : radio des poumons, test du VIH, électrocardiogramme ainsi que toute une série de questions à faire remplir par notre médecin traitant. Nous avons aussi mis nos vaccins à jour et nous sommes aussi maintenant immunisés contre l'hépatite A et la fièvre typhoïdique.

Nous sommes ainsi partis travailler avec la certitude d'être en pleine forme !

Et pourtant, dès que le moindre petit symptôme apparaît (mal à la tête, à l’œil, au ventre), c'est le stress. Oui, le stress, car en Chine quand on est malade on ne va pas chez le médecin. On va directement à l’hôpital. HOPITAL. Quel grand mot, hôpital.

Alors, avant de faire le grand saut, on se pose la question : serait-on devenu hypocondriaque ?

Hypocondrie : Consiste à se croire malade, à partir d'une invention ou d'une exagération de symptômes bénins. Selon le site « santemedecine », ce serait donc les symptômes du malade imaginaire.

Imaginaire ou pas, il y a des moments où il vaut mieux avoir le cœur net. Nous avons donc foulé les couloirs de cet immense bâtiment, l'hôpital ( répété le mot fait apparaître l'effet dramatique, vous ne trouvez pas?) et accompagnés d'une autre prof chinoise, son copain et un étudiant en stage au département de langues vivantes. Apparemment, les chinois aiment se soutenir dans cette épreuve. Et finalement, surprise : tout est bien organisé et propre. Mais, comme partout ailleurs en Chine, il faut suivre un protocole bien déterminé :

1. Acheter une carte (type carte de self) sur laquelle on achète du crédit. Cette carte servira à payer les consultations, les radios et les médicaments.

2. Aller se faire enregistrer pour qu'on nous donne notre carnet de santé (sur lequel les médecins vont tout écrire en chinois, évidemment).

3. Choisir son service. Pas de médecin généraliste ici, on va directement vers le spécialiste.

4. Attendre. Par « chance », nous y sommes allés en fin d'après-midi et il n'y avait plus personne. Mais apparemment, les autres heures ( et notamment le matin ) sont bondées.

Finalement, en deux heures, nous avons pu voir ( bon d'accord, j'écris l'article à « nous » même si je dois bien avouer que nous ne sommes pas tous les deux aussi stressés ), un ORL, un ophtalmo ( en France, il y a au moins un an d'attente!), et passer sous le flash d'une radio. Bilan : une très bonne vue (c'est toujours ça) mais quelques problèmes d'allergies.

La pharmacie, elle, se situe au rez-de-chaussée. Pas d'ordonnance papier, tout est inscrit sur notre petite carte magique ! Rapide et efficace même si au final, nous sommes repartis seulement avec un sirop qui donne « soleil » ( ou peut-être que ma traductrice voulait dire « sommeil », mais bon après tout, ce n'est pas certain).

Bon, aller à l'hôpital pour une allergie au pollen c'était peut-être « un peu » hypocondriaque. Mais cela aura au moins permis de se rassurer : les hôpitaux en Chine sont compétents, même dans les petites villes donc même si nous tombons malade, nous serons bien soignés !

PS : J'ai hésité à publier l'article au cas où j'aurais réellement une maladie. 

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