L'engagement des femmes dans l'agriculture familiale et paysanne

Publié le 17 avril 2014 par Elevagessansfrontieres

La contribution des femmes à l’agriculture familiale dans les pays en développement est évidente. Elles produisent 60 à 80% des aliments et sont responsables de la moitié de la production alimentaire mondiale. Leur rôle essentiel en matière de sécurité alimentaire n’est pas suffisamment reconnu et valorisé. Il est impératif de réduire les inégalités socio-économiques qu’elles subissent dans l’accès aux ressources pour produire.


Un rôle multiple


Durant ces 30 dernières années, les pays du Sud ont subi d’importantes migrations qui ont peu à peu modifié les rôles dans les exploitations agricoles. Cette mobilité a engendré une forte féminisation des zones rurales et a favorisé l’influence des femmes dans la production et la gestion des exploitations familiales.
Aujourd’hui, leur contribution est vitale pour la sécurité alimentaire des familles rurales. En effet,  les femmes participent à la plupart des travaux de cultures vivrières (riz, mil, sorgo, maïs, igname). Elles gèrent les potagers familiaux et sont garantes de l’accès et de la gestion de l’eau. Elles assurent la conduite des troupeaux, l’alimentation et l’abreuvement des animaux. A cela s’ajoutent d’innombrables tâches (éducation des enfants, soins, repas, entretien du foyer...) elles aussi peu valorisées.
Malgré leurs multiples rôles, leurs capacités et moyens de production restent trop limités et peu productifs pour leur permettre d’en vivre décemment et par conséquent d’améliorer les conditions de vie familiale. Bien que regroupées en organisations féminines ou mixtes, les femmes ont très peu de poids et sont quasi-absentes des organes de décisions des politiques publiques.
La réduction du fossé entre hommes et femmes est donc un enjeu prioritaire pour le développement de l’agriculture familiale.


Une adaptation nécessaire


Il s’agit d’intégrer d’une part que les femmes rurales doivent appliquer des stratégies multiples pour assurer leur subsistance et d’autre part que leurs besoins sont différents de ceux des hommes. Les femmes privilégient souvent la sécurité alimentaire de la famille avant la rentabilité économique de l’élevage. Les politiques publiques et les acteurs du développement doivent s’adapter et cibler leurs appuis et investissements en fonction des priorités des femmes.
La réduction des inégalités hommes-femmes est un défi majeur pour la croissance des activités socio-économiques des femmes paysannes. Les programmes de développement doivent prendre en compte
ces inégalités en encourageant un meilleur accès des femmes à la terre, aux animaux d’élevage, à l’éducation, aux services financiers et de vulgarisation, aux technologies et au marché du travail. Cela garantira une augmentation de la productivité ainsi qu’une amélioration de la production agricole, de la sécurité alimentaire, de la croissance économique et du bien-être social.
C’est à partir de cette analyse qu’Elevages sans frontières structure son intervention pour l’agriculture familiale dans les pays du sud. Au Maroc, au Sénégal, au Burkina Faso et en Haïti en particulier, nos actions pour promouvoir une activité agricole durable et plus juste placent les femmes et leurs organisations au cœur des projets. Notre approche de genre vise à réduire les inégalités dans l’accès aux ressources et moyens de production. Nos projets ont permis à plus de 3 000 femmes de gagner en autonomie économique et de renforcer leurs capacités techniques et organisationnelles. Responsabilisées et actrices de la solidarité locale, les femmes gagnent plus de reconnaissance sociale, font valoir leurs droits et repoussent petit à petit les limites au profit de leur famille et de leur région.