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Un officier prussien

Publié le 17 avril 2014 par Dubruel

UN DUEL (d'après Maupassant)

La guerre était finie.

Les Allemands occupaient notre pays

Qui palpitait comme un lutteur

Tombé sous le genou du vainqueur.

Le premier train sortait

De Paris affamé, attristé.

M. Dubuis allait rejoindre en Suisse

Sa femme et son fils

Envoyés par prudence à Sion

Avant l’invasion.

La famine n’avait pas diminué

Son gros ventre d’épicier

Riche et pacifique.

Dans son compartiment, deux Britanniques

Le regardaient de leurs yeux curieux.

Ils étaient gros aussi, tous deux.

À une petite gare, le train s’arrêta.

Un officier Prussien monta.

Les Anglais lui sourirent.

M. Dubuis fit semblant de lire.

Indiquant de la main le village,

Le Prussien prononça en français :

-« Ché tué touze Français tans ce fillage.

Ché bris aussi plus de cent brisonniers.

Si ch’afais eu le gommandement

Che brendrais Paris, tout prûlérais

Et tout le ponde tuerais..

Blus de France tans vingt ans,

L’europe abartiendra à nous.

La Brusse plus forte que tous ! »

L’officier blaguait la France écrasée,

Insultait l’ennemi à terre,

Se moquait de notre défense acharnée,

Riait de l’Autriche vaincue naguère,

Plaisantait sur nos unités mobiles

Et notre artillerie devenues inutiles.

Sur sa pipe il tirait

En regardant le Français

Auquel bientôt il demanda :

-« Vous n’auriez bas de tabac ? »

-« Non. », répondit Dubuis.

L’Allemand reprit :

-« Gand le train ztopera

Je fous brierai t’aller m’en acheter. »

Plus loin, de nouveau, le train s’arrêta.

-« Fite, allez faire ma gommission ! »

Dubuis enfila son veston,

Descendit sur le quai,

Chercha un bureau de tabac

Mais n’en trouva pas.

Comme le chef de gare sifflait

Et que le convoi allait démarrer,

L’épicier français courut

Et sauta dans le train rapidement,

S’assit dans le premier compartiment venu

Sans rechercher le sien

…Celui de l’officier allemand.

Dubuis s’essuya le front et, haletant,

Déboutonna son gilet.

Mais le Prussien et les deux anglais

Retrouvèrent vite Dubuis.

-« Fous fous cachiez ici ?

Fous n’afez pas foulu faire ma gommission ? »

-« Non. »

-« Che fais couper votre moustache

Pour bourrer ma pipe ! »

Le Prussien allait lui saisir la lippe

Quand Dubuis, bravache,

Le saisit au cou,

Lui flanqua une dégelée de coups,

Le renversa par terre et se jeta sur lui.

Le ventre énorme de Dubuis

L’écrasa et sa poigne de fer l’étrangla.

Le Prussien, tout en se débattant, hurla :

-« Fous me rentrez raison. Che vous tuerai !

Et che prendrai deux amis bour témoins. »

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Dans un faubourg

De Strasbourg,

Les quatre hommes se rendirent sur un pré.

Dubuis prit les anglais comme témoins.

Au commandement, il tira.

L’officier prussien s’écroula.

Un des deux anglais s’écria :

-« Hip, hip, hip, hurrah ! »

Une heure après,

Dubuis et ses témoins anglais prenaient

Le train suivant.

Direction la Suisse,…sans les trois allemands


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