« L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea » de Romain
Puértolas raconte les déboires d’Ajatashatru Lavash Patel (prononcer "j’arrache ta charrue"), fakir de son état, fraîchement arrivé à l’aéroport Charles de Gaulle pour se rendre chez Ikea. Ce héros baratineur au nom imprononçable a en effet réussi à berner ses fidèles afin qu’ils lui payent le billet d’avion pour se rendre à Paris et y acheter un modèle de lit à clous dans le célèbre magasin suédois.
En 2009, Ikea avait renoncé à l’idée d’ouvrir ses premiers magasins en Inde, la loi locale imposant aux dirigeants suédois de partager la gérance de leurs établissements avec des directeurs de nationalité indienne, actionnaires majoritaires de surcroît, ce qui avait fait bondir le géant nordique. Il ne partagerait pas le pactole avec personne et encore moins avec des charmeurs de serpents moustachus adeptes de comédies musicales kitsch.
Une fois arrivé à destination, l’attachant personnage se retrouve, titre oblige, coincé dans une armoire Ikea. Ce petit contretemps est le premier d’une longe série de difficultés qu’il devra surmonter (ou tout simplement subir) et le début d’une aventure improbable qui lui fera traverser l’Europe. L’intrigue de ce road-movie qui passe par Paris, Londres, Barcelone, Rome et même Tripoli est certes assez simple, mais particulièrement divertissante et drôle. Si l’auteur survole plusieurs thématiques contemporaines (l’immigration clandestine, l’amour, la mondialisation) tout en pointant du doigt les lois adoptées par certains pays européens afin de renvoyer ceux qui ne sont pas nés du bon côté de la Méditerranée, l’ensemble est cependant abordé avec beaucoup d’humour. Multipliant les situations rocambolesques, Romain Puértolas propose un récit original et burlesque qui offre un bon moment de détente. Le style est certes sans prétentions et les jeux de mots ne volent pas toujours bien haut, mais le tout est agréable à lire et prête à sourire. Parfois, sur un transat, il ne faut pas beaucoup plus…
« Le président de la France s’appelait Hollande. Tiens, quelle drôle d’idée ! Le président de la
Hollande s’appelait-il monsieur France, à tout hasard ? »« Taisez-vous et laissez-nous travailler ! Coupa froidement Demarbre, qui avait toujours un peu de
mal à le rester, de marbre. »