Vue de l'exposition Wilder Mann - Charles Fréger à La Chaufferie, galerie de la Haute Ecole des Arts du Rhin. Photo: Antoine Lejolivet
Restaurant situé à Strasbourg au début du quartier de Neudorf, L'homme Sauvage est réputé pour faire une bonne tarte flambée ou flammekueche, ce qui, soyons clairs, est rare et précieux à Strasbourg. Ce restaurant a l'avantage d'être ouvert le dimanche soir, inutile donc de courir la campagne pour trouver son bonheur en patte fine, crème, oignons et lardons, le tout cuit au feu de bois.
Mais je m'égare, on est dans un blog culturel et non pas culinaire, même si ça commence pareil, sans mauvais jeux de mots. Des hommes sauvages se trouvent disséminés un peu partout dans Strasbourg dans des panneaux publicitaires et sont aussi exposés à La Chaufferie. Ces photographies de Charles Fréger sont à découvrir dans le cadre du Festival Oblick jusqu'au 27 avril 2014.
Charles Fréger, Babugeri-Bulgarie. Série Wilder Mann, 2010-2011
Charles Fréger, dans son travail, s'intéresse particulièrement à la question du costume et de l'uniforme dans ses séries de photographies. Il y a eu Les bleus de travail, Camouflage, Les hommes verts (ceux qui s'occupent des espaces verts), Lux (dans laquelle on voit des danseuses, cavaliers, nageurs et même militaires), Opéra, Miss (en train de concourir dans leur maillot de bain noir), Majorettes et bien d'autres encore. Dans chacune des séries qu'il a réalisées et que l'on peut découvrir sur son site internet, ce qui l'intéresse, c'est la place du costume et de ses codes dans une communauté et de comment l'uniforme sert d'identifiant et de signe de reconnaissance entre les membres d'un groupe pratiquant une activité commune.
Vue de l'exposition Wilder Mann - Charles Fréger à La Chaufferie, galerie de la Haute Ecole des Arts du Rhin. Photo: Antoine Lejolivet
Ours, arbre, cerf, animaux fantastiques et autres "chewbacca", La Chaufferie devient le théâtre des hommes sauvages de Charles Fréger qui y expose sa série Wilder Mann. On pourrait se croire à carnaval, un carnaval étrange qui aurait lieu dans des contrées sauvages, naturelles, non habitées par l'homme. Ces animaux que l'on voit sont en fait des hommes portant, chacun d'eux, le costume d'un animal. Il n'est pas vraiment question de carnaval ici même si l'époque n'est pas si éloignée, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Les photographies de Charles Fréger ne sont pas des représentations d'hommes grimés pour une fête, un jour et hop, ils changeraient de costume l'année suivante. Il est dans une quête anthropologique et est allé à la rencontre de sociétés, en Europe, qui perpétuent des rites païens ancestraux : « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces rites païens ne sont pas en voie d’extinction. Ils existent depuis plusieurs millénaires mais ne sont connus qu’à l’échelle locale ». Ainsi, ce photographe français a été en Autriche, en Hongrie et ainsi de suite dans 19 pays dans lesquels il va croiser de nombreux costumes rituels différents et les prendre en photo afin de rendre compte d'une réalité ignorée à l'échelle nationale et internationale. Cependant, le travail de Charles Fréger, bien qu'anthropologique d'une certaine manière, n'en demeure pas moins artistique. Il ne rend pas compte de rituels, ses photographies présentent les costumes de manière frontale, créant ainsi une véritable confrontation pour le spectateur qui leur fait face et peut, dans un premier temps sans explication aucune, croire qu'il est face à des personnages de théâtre, de film, irréels, imaginaires, façonnés par l'artiste peut-être aussi. Se laisser surprendre et apprendre ce qu'on ne connaît pas, voilà ce que permet entre autres cette exposition qui interpelle et nous donne à voir d'autres façons de vivre et d'envisager la vie du point de vue spirituel, les croyances païennes existent encore, sont autant d'alternatives aux dogmes en vigueur et de possibilités à une reconnexion avec la nature, avec le sauvage, primal en nous peut-être aussi.
Je n'ai pas encore pris le temps d'aller visiter toutes les expositions du Festival Oblick organisé par La Chambre et qui met à l'honneur la photographie, mais n'hésitez pas à vous laisser surprendre par les différentes propositions qui y sont faites.
Cécile.
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Le festival OBLICK — dialogues de la photographie
La Chaufferie
5 rue de la Manufacture des Tabacs — Strasbourg
+33 (0)3 69 06 37 77
www.hear.fr
03.04 — 27.04.2014
Mercredi - dimanche : 10h - 19h
et du 02.04 au 22.04.14 dans les rues de Strasbourg