Interview de Noé Lazare
L'Open Space vous fait faire le tour du monde en partant interviewer Akshin Alizadeh (soundcloud), un artiste surprenant originaire d'Azerbaïdjan, qui a sorti récemment "Street Bangerz vol. 8"(album) sur le label Cold Busted.
Salut Akshin, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Salut les gars ! Je suis juste un cadre ordinaire venant d'Azerbaidjan. Je suis destiné à vivre une double vie comme une sorte de loup-garou passionné. Toute la journée je travaille en tant qu'avocat et brasse de l'ennuyante paperasse légale, mais le soir j'ai l'habitude de m'échapper dans ma chambre-studio en faisant de la bonne musique. Cette passion me vient de ma tendre enfance, quand j'ai entendu les vinyls de mes parents : les Beatles, les Led Zeppelin et... Joe Dassin (le chanteur préféré de ma mère). Après, vers 6 ans, on m'a amené dans un conservatoire où j'ai commencé à étudier le violon et le piano. Aujourd'hui cette éducation musicale m'aide beaucoup à comprendre comment construire et arranger correctement mes compositions musicales.
Quelles sont tes influences ?
Je suis influencé par beaucoup de styles de musique différents. Je peux passer des heures à écouter du classique comme Chopin et Gerwshwin, desquels je peux rapidement passer à Johnny Cash et Tom Waits ! Au milieu des années 90 j'étais aussi fan du trip-hop badant de Bristol : Portishead, les débuts de Morcheeba et Massive Attack. Depuis 10 ans je suis fortement influencé par le vieux funk et la soul music. Honnêtement, j'ai été surpris de remarquer que plus je vieillissais plus j'étais attiré par tout ce qui est issu des années 60 et 70 : les musiques, les films, le mode de vie,...
Parmi les artistes modernes j'aime écouter Daft Punk, Parov Stelar, les débuts de Gramatik, Thievery Corporation et Nicolas Jaar.
Ton dernier album, "Street Bangerz vol.8" connaît un succès mondial : peux-tu nous expliquer comment tu as bossé dessus ?
Je voulais vraiment faire quelque chose qui se rapproche des "Street Bangerz" précédents, comme ils représentaient pour moi une parfaite combinaison de mélodies jazzy/funky, de samples vintages et de beats hip-hop bien punchys. Le label américain "Cold Busted", avec lequel je travaille depuis quelques années et qui est le propriétaire de cette série d'albums, a chaudement accueilli ma démarche. J'ai alors commencé à bosser sur l'album.
J'ai donc composé surtout dans les registres jazz/soul/funk, avec des gros "boom-bap" beats, auxquels j'ai rajouté des bouts de vocals de mes chansons rétro préférées. Cette manière de travailler m'a vraiment amusé, car j'avais toujours voulu donner un peu de fraîcheur à des belles tracks oubliées. Je voulais aussi que cet album représente des styles diversifiés et soit coloré par différentes parties du monde. J'ai donc ajouté aux rythmes soul-funk des sons plus du genre Amérique latine et spaghetti-western : typiquement du style de la musique swing des années 30.
Quelle est ta piste préférée dans cet album et pourquoi ?
"Once Upon A Time" est l'une de mes tracks préférées : je voulais vraiment composer quelque chose de ce genre et par la même occasion rendre hommage à un des plus grand compositeur de musiques de films : Ennio Morricone.
J'aime aussi "Southern Man", qui est l'une des premières pistes que j'ai composé pour cet album. Ce morceaux me représente en quelque sorte : un mec solitaire venant d'un endroit inconnu au Sud, avec ses propres idées et sa propre philosophie de vie.
Tu as déjà sorti un bon nombre d'albums : "Sicilian Message", "El Gran Duelo",... Chacun a sa propre personnalité, sa propre couleur : quelles ont été tes sources d'inspirations ?
Comme je l'ai dit, j'ai l'habitude d'écouter une grande variété de styles musicaux : du jazz au funk en passant par la folk. Il y a toujours quelque chose qui retient mon attention et qui m'inspire. Je n'aime pas me limiter à certains concepts musicaux, et j'essaie de donner à chacune de mes releases une identité propre. Je détesterai me contenter de me répéter d'un album a l'autre.
Comment sélectionnes-tu tes samples ?
La plupart du temps je prends des bouts de chansons rétro (des vocales surtout) qui s'harmonisent au mieux avec une de mes compos. Ajouter ces samples donne une touche résolument vintage à ma musique : je ne peux pas résister à faire ça ! Ma principale source pour mes samples est.... ouaip le tout puissant Youtube !
Tu viens d'Azerbaidjan : c'est difficile de diffuser ta musique dans ton pays ? Si oui, pourquoi ?
Je ne dirais pas que c'est difficile de diffuser ma musique en Azerbaïdjan, toutes les sources modernes d'information étant présentes (réseaux sociaux, plateformes de streaming, sites de téléchargement,..). Mais je détesterai avoir trop d'attention sur moi là ou j'habite vu que j'y ai mon job qui n'a rien a voir avec la musique. Cependant, en dépit de mes efforts pour rester dans l'ombre, de plus en plus de gens entendent parler de moi dans mon pays et me font part de leur soutien.
Tu as prévu de faire des concerts en France, ou ailleurs ?
Pour le moment je n'ai pas de plan concret mais qui sait... rien n'est impossible. J'adorerais faire un show incroyable en France un jour.
Quels sont tes plans pour les prochains mois/prochaines années ?
Juste chiller et lâcher quelques autres releases qui envoient du lourd, avec des gros beats et des vibes bien groovy.
A l'Open Space on a l'habitude de poser quelques questions un peu plus personnelles : quelle a été ta plus grande frustration/déception ? Quelle est l'endroit du monde que tu préfère et pourquoi ?
Ma plus grande frustration est mon auto-critique excessive, et parfois même déraisonnable.
Un de mes endroits préféré est Bruge (en Belgique). J'adore ce petit village pour son incomparable atmosphère médiévale. C'est comme si le temps s'était arrêté à la Renaissance, et que tu étais dans une sorte de paysage de conte de fée !
Merci pour tes réponses Akshin, tu es le bienvenu à "L'Open Space" pour une vraie interview si un jour tu passes par Paris !
Merci beaucoup buddies (en français dans le texte) ! Cheers to Paris !
Interview traduite de l'Anglais