Magazine Culture
Le livre :
Biocalypse de Jérôme Doe aux éditions HQN, format ePub, 5 € 99
Pourquoi cette lecture :
Pour être tout à fait honnête, il s'agit pour ma part d'une relecture.
Oui ce n'est plus tout à fait le même texte car j'ai eu la chance de lire le tapuscrit, il y a presque un an déjà. L'auteur est un ami depuis l'adolescence, mais n'y voyez pas là plus de condescendance que nécessaire. Je ne suis pas plus indulgente, je serai même peut-être plus exigeante.
Cette relecture est motivée par le fait que je voulais pouvoir vous en parler librement et aussi parce que je souhaitais voir l'évolution de ce texte jusqu'à sa version finale.
Le pitch :
Quel prix seriez-vous prêt à payer pour venger ceux que vous aimez ?
C'est la question qui vient hanter Kate Gordon lorsqu'une mystérieuse organisation appelée Biocalypse lui propose d'être le bras armé de sa vendetta après les meurtres odieux de son mari et de leur petite fille. Entraînée malgré elle dans l'un des événements les plus tragiques de ce début de deuxième millénaire, la jeune femme ne tarde pas à comprendre qu'elle a signé un pacte avec le diable. Car pour Biocalypse, le salut de la planète passe par la disparition de ses parasites humains. Attentats, épidémies, manipulations génétiques, krach boursier : la guerre de Biocalypse contre l'humanité ne fait que commencer.
Pour sauver la planète, il faut exterminer l’espèce humaine.
Ce que j'en pense :
Je sais déjà qu'il me faut faire abstraction de mes souvenirs de la lecture du tapuscrit. Comme cela remonte un peu dans le temps, c'est plus aisé heureusement. Vous n'aurez donc pas droit à un comparatif entre les deux.
Pour en revenir donc au texte de cette édition numérique, on va déjà dire que l'on n'a pas de temps morts dés les premières lignes. On entre directement dans ce qu'il y a de plus moche et injuste dans notre civilisation à mon sens : le terrorisme. On enchaine rapidement sur une autre situation glauque et on sait déjà qu'il en sera tout le temps ainsi.
Cette histoire n'est pas celle des bisounours qui ouvrent leurs cadeaux de Noël. Qu'on se le dise !!!
Heureusement on a un peu d'humour. Ok, c'est grinçant le plus souvent, mais cela aide à faire passer le moins digeste : certaines scènes ne sont pas tout publiques.
Beaucoup de personnages, donc faut suivre. J'avoue que j'aime moyen quand il y en a trop, mais pour ce type de récit, c'est logique et surtout chacun d'eux est important, même les rôles dits secondaires. Pour ce qui est des principaux, en voici quelques traits, mais sans tout vous dévoiler...
Polson me plait d'emblée. Il possède un côté geek indéniable et il n'est pas dans le moule. D'ailleurs il n'est pas seulement un petit génie de l'informatique ou des dernières inventions technologiques, c'est aussi un homme cultivé comme par exemple en analyses génétiques. Côté action, ce n'est pas son domaine. Évitez de lui donner une arme, ce serait à vos risques et périls !!! Encore qu'il ne pourra que progresser...
Robert Raven ou Faust est une masse et sa personnalité n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Il ne faut pas se fier aux apparences et les clichés n'en sont pas réellement.
Il a souffert et sous ses airs de héros, il cache des blessures anciennes qui ne cicatriseront jamais. Ce n'est pas une "machine" de guerre non plus, bien qu'il soit aussi prévisible qu'un robocop (lol) ! Il a ça dans le sang et il a une vengeance à mener à bien. Ceci étant dit, il n'est pas stupide et se sert aussi bien de sa cervelle que de son imposante carrure. Sa bête noire ? Les téléphones portables et vous verrez pourquoi. Cela rend fou Polson.
Kate voit non pas le ciel lui tomber dessus, mais bien l'enfer. Elle m'a été immédiatement sympathique dans le sens où je n'ai pu ressentir que de l'empathie pour elle.
Ceci étant dit, elle possède aussi un sacrée force de caractère et une détermination rare. Elle possède un cran pas banal, mais reste lucide quant aux limites de son champ d'action. Elle sait qu'elle n'est qu'un pion, un rouage d'une dynamique impulsée par des forces qui la dépasse et dont pourtant elle fait partie.
Jane Marsh est une fille avec du caractère et qui ne s'en laisse pas compter. Elle est déterminée et brillante en tant que journaliste. Normal, elle ne lâche rien, un peu comme Robert d'ailleurs.
Attention aussi aux dates. On passe du passé, à nos jours (ou presque), puis, nouveau, retour dans le passé (une autre date encore), etc... Lecture attentive donc sinon on risque de ne pas suivre car les flash-back sont nombreux, bien mélangés et parfois de longueurs variées.
Avec un peu de recul, cela fait penser à la série 24 heures chrono.
Très visuel, Biocalypse vous tient en haleine.
Y a de l'action, ça sent le complot partout, on ne peut avoir confiance en personne, mais le tout est bien ficelé. On n'est pas dans un registre paranoïaque (encore que...). C'est ultra réaliste pour qui suit un peu les affaires de tous genres. C'est cela qui glace les sangs. Cette réalité !
Excellente documentation et analyse assez pertinente quoiqu'un peu pessimiste. Ceci étant dit, il n'y a pas grand chose qui nous pousse à être très optimiste, mais quand même, pour aller de l'avant, il faut bien un objectif.
On peut noter quelques petits clins d'œil ici ou là comme le pseudo de la journaliste : Jane Marsh, le surnom de Raven : GI John, John Faust, les jedi, les John Doe... A vous de les chercher car ce ne sont là que les plus évidents.
Mais il y a également quelques passages un peu trop simplistes, trop faciles pour êtres crédibles : faire disparaître un corps juste en mettant un petit post it sur la housse mortuaire dans les locaux de la morgue par exemple. Et si je veux être pénible, j'ai même noté des erreurs d'alignement pour certains dialogues ce qui rend parfois leur compréhension compliquée car il faut y revenir pour être bien certain de savoir qui parle. Il y a aussi des voyages qui sont en fait de la teleportation : pas un saut de ligne pour les signaler et pourtant on a bien traversé l'Atlantique et quelques menus pays...
Oui je sais, je ne laisse rien passer ou presque, mais ces erreurs sont mineures car sur une ligne ou deux et du fait de l'éditeur le plus souvent.
Ceci étant dit, j'ai pris beaucoup de plaisir à (re)lire ce roman. Cela sort de l'ordinaire : ce n'est pas un thriller au sens strict du terme, ce n'est pas seulement un récit de complot ou d'espionnage, ce n'est pas non plus totalement un roman d'aventure, c'est un mélange de plusieurs influences et le potentiel est là.
Vivement une suite ! On devient addicte.
Et s'il fallait mettre une note : 17 / 20