Le nord-est du Nigeria connaît depuis le début de l'année une flambée de violences sans précédent. Les assassinats, destructions d'école, attaques de villages sont devenus quasi quotidiens.
Hier, des hommes armés sont arrivés "dans des camions et sur des motos et ils se sont dirigés vers l'école". Les forces de l'ordre ont pu "suivre les traces d'un camion" qui a emmené les jeunes filles et ont retrouvé le véhicule "hors service dans les broussailles".
De nombreuses écoles dans le nord du pays ont été attaquées par Boko Haram, dont le nom signifie "l'éducation occidentale est pêché" en langue Haoussa. Boko Haram paraît d’autant plus inquiétant qu’il se développe dans un pays qui connaît déjà de fortes tensions "religieuses" et qui compte le plus grand nombre de musulmans en Afrique.
Souvent qualifié de "démocratie folle" en raison de l’agitation sociale et culturelle qui le caractérise, le Nigeria s’est fabriqué un monstre: Boko Haram. A ses débuts, il y a douze ans, celui-ci n’était encore qu’un mouvement religieux contestataire qui tentait de combler le vide créé par l’incurie des partis progressistes.
Les milieux militari-sécuritaires qui conseillent le président Goodluck Jonathan ont contribué à radicaliser la secte née dans le nord-est du pays au début des années 2000.
Au Nigeria, dans le nord à dominante musulmane, on distingue historiquement quatre principales tendances réformatrices, voire révolutionnaires suivant les époques, que l’on peut classer par ordre décroissant d’importance au regard de leur audience:
- les confréries soufies, essentiellement la Qadiriyya et la Tijaniyya, qui pratiquent la méditation, cherchent le salut dans l’extase et suivent les enseignements d’un cheikh charismatique et parfois mystique;
- les mouvements de type salafi;
- les mouvements mahdistes;
- les islamistes "modernes" et républicains sous influence égyptienne ou iranienne engagés dans une logique de désobéissance et de confrontation avec les représentants d’un État "laïque", bien plus qu’avec les tenants d’un Islam traditionnel.
Contrairement aux traditionalistes encore, Boko Haram n’a pas complètement rejeté la modernité occidentale et n’a pas interdit à ses fidèles de porter des montres ou de se déplacer en moto.
Dans ce pays où plus de 60% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et où les exactions policières sont quotidiennes, Goodluck Jonathan offre des iPhones en or au mariage de sa fille... Le pavillon des VIP de l’hôpital présidentielle d’Abuja - en clair l’hôpital du Président et de certains membres de premier plan de son gouvernement - recevra pour sa réalisation la bagatelle 2,1 Milliards de FCFA, une somme qui dépasse de loin le total des fonds alloués par le gouvernement cette année pour des projets complets de développement de deux CHU fédéraux! Cela ne fait qu'accentuer la haine envers le président.
Le pays reste une terre de misère et de violence, malgré son potentiel gigantesque!