BABYLON FIELDS (2014)
Drama // 42 minutes
Ecrit et produit par Michael Atkinson & Gerald Cuesta. Co-écrit, co-produit et réalisé par Michael Cuesta (Six Feet Under, Dexter, Homeland). Pour NBC & 20th Century FOX Television. 53 pages.
Du jour au lendemain, dans la petite ville de Babylon, les morts sortent de leur tombe. Devenus des zombies, ces ex-vivants en pleine putréfaction tentent de reprendre une "existence" normale, au milieu de leurs familles et de leurs amis, naturellement déboussolés. Ils peuvent parler et se souviennent de tout, ou presque. Janine Beltran, neurochirurgienne, et Thomas Wunch, scientifique, unissent leur force pour expliquer l'inexplicable, alors qu'eux-mêmes sont touchés par le retour de leurs proches. C'est alors que des secrets bien enfouis sont déterrés dans le chaos...
Avec Skeet Ulrich (Scream, Jericho, Los Ageles Police Judiciaire), Virginia Madsen (Candyman Sideways, Hot Spot), Meagan Good (Cousin Skeeter, Deception, Californication), S. Epatha Merkerson (New York Police Judiciaire), Kyle Schmid (Copper, Being Human US), Ritchie Coster (Luck), Yul Vasquez (Treme, Magic City)...
Faulkner -- “The past is never dead. It’s not even past.” J'avais envie de commencer cette review par cette jolie citation, prononcée par l'héroïne au cours du pilote de Babylon Fields. Vous n'êtes peut-être pas sans ignorer que ce projet sur des morts-vivants est, comble de l'ironie, lui-même un revenant. Il a été développé une première fois pour CBS en 2007, ce qui a abouti à une commande de pilote. Amber Tamblyn, Kathy Baker (l'excellente...), Ray Stevenson ou encore Jamey Sheridan faisaient partie de la distribution. Sans surprise, la chaîne a choisi de ne pas aller plus loin, même s'il lui est arrivé de commander de temps en temps des séries très différentes de ce qu'elle avait l'habitude de proposer. Je pense à Viva Laughlin notamment, la plus étonnante de toutes, et on pourrait aussi citer Harper's Island ou Vegas. Mais Babylon Fields allait sans doute trop loin dans le gore et l'étrange, d'autant plus dans une télévision pré-The Walking Dead. Le pilote, toutefois très apprécié par les professionnels de la profession et les critiques, s'est retrouvé disponible sur internet, fait rarissime. Et vous pouvez le (re)voir en bas de cette page. Ce que j'ai consciencieusement fait avant de vous écrire cette bafouille.
Une fois que l'on a replacé Babylon Fields dans son contexte d'origine, contextualisons cette nouvelle version qui débarque 7 ans plus tard. The Walking Dead est passée par là, ainsi que In The Flesh, Les Revenants et tout récemment Resurrection, traitant toutes plus ou moins du même sujet mais chacune à leur manière, avec leurs spécificités locales. NBC, et plus précisément Jennifer Salke, sa responsable des dramas, ancienne de 20th Century FOX qui a participé au développement du premier pilote, a vu l'opportunité de surfer sur la tendance avec un projet clé en mains. Surtout qu'entre temps, Michael Cuesta, son réalisateur et producteur exécutif, a fait ses preuves sur Dexter et Homeland, rien que ça (et a réalisé les pilotes d'Elementary et Blue Bloods). A l'époque c'était un jeunot et quasi "no one". Mais alors est-ce que Babylon Fields apporte quelque chose à ce que l'on a déjà vu sur les zombies ? La réponse est non. On est à mi-chemin entre The Walking Dead et Resurrection, tandis que l'on retrouve peu de nos Revenants. C'est dommage, c'était la meilleure référence des trois, sans chauvinisme aucun.
Là où le premier pilote était très dans l'intime, dans le silence, dans la froideur, dans l'émotion, dans l'irrationnel qui ne cherchait pas être expliqué (en tout cas dans le pilote, qui sait ce qu'aurait donné la suite... ), celui-ci s'annonce plus frontal, plus grandiloquent, plus dans la démonstration, dans le gore, dans le mystère. Il laisse peu de place à l'émotion malheureusement et préfére privilégier l'action et les rebondissements. C'est sans doute plus proche de notre temps, à tort ou à raison. Le premier sonnait très câble. Celui-ci sonne plus network, la violence et le gore mis à part. Et ce n'est pas un détail. Si l'oeuvre originelle est dénaturée, c'est en pleine conscience : l'équipe est exactelent la même. On ne peut pas reprocher à NBC d'avoir voulu le rendre plus grand public et, de fait, plus attrayant... plus vivant ! Peu de choses ont été gardées de l'histoire d'origine. Quelques fragments de scènes, quelques morceaux de personnages.
L'intrigue adopte d'emblée une position plus scientifique et explicative, ne serait-ce que de par le métier de ses héros principaux. Ils essayent de comprendre, ils cherchent des réponses, et leur quête fait écho à leurs démons personnels. Tout cela est assez bien géré, avec quelques séquences marquantes, inquiétantes, je n'irai pas jusqu'à dire terrifiantes mais elles sont en tout cas indéniablement inconfortables pour le téléspectateur. J'ose espérer que c'est le but recherché, de le bousculer. Ni trop, ni pas assez... Il y a un gros twist, que je n'avais personnellement pas vu venir, et une révélation, prévisible à des kilomètres, qui donnent envie de revenir. Mais je ne suis pas certain que cette série puisse tenir le coup sur le long terme. Cette version a plus d'ampleur que la première, mais peut-être pas encore assez pour nous tenir haleine bien longtemps. Et puis, inévitablement, il y a la religion. Elle est quasiment absente des Revenants, si ce n'est par touche, de façon très sinueuse. Elle est très présente dans Resurrection, du moins de ce que j'en ai vu. Elle a un rôle à jouer dans The Walking Dead, mais sans être trop appuyée, sans insistance. Tout cela est très révélateur. Dans Babylon Fields, en bonne série américaine, elle est représentée par le personnage interprété par Skeet Ulrich, un prêtre qui a la mauvaise surprise de découvrir son frère jumeau, mort, sur le pas de la porte de son église. Double peine pour ceux qui comme moi n'aiment pas du tout cet acteur... Cette partie-là, de mon petit point de vue de français athée, est ennuyeuse. Pourtant, parfois, la croyance peut me fasciner dans la fiction. Mais pas là. Vraiment pas.
Malgré l'opportunisme évident de sa résurrection, Babylon Fields n'a pas à rougir de son intriguant pilote. Si l'on n'avait pas vu toutes ces séries de zombies naître ces dernières années, elle aurait même été très singulière dans le paysage télévisuel. Mais on les a vues, parfois aimées, parfois détestées, et on n'en a plus envie, surtout pas d'une nouvelle, qui plus est avec un casting si peu alléchant. Associée à Grimm le vendredi soir, elle pourrait cependant s'en sortir honorablement en terme d'audiences. Je ne la vois en tout cas pas faire pire que Dracula et Hannibal... En tout cas, si NBC ne lui donne pas la vie, je ne la pleurerais.
Découvrez le pilote de Babylon Fields, version 2007 :