La bête et la belle de Thierry Jonquet 3,75/5 (12-04-2014)
La bête et la belle (156 pages) est paru en 1985 dans la collection Folio Policier de chez Gallimard.
L’histoire (éditeur) :
Léon est vieux. Très vieux. Léon, est moche. Très moche. Léon est sale. Vraiment très sale ! Léon se tient très mal à table. C'est dans sa nature... C'est triste ? Non : Léon a enfin trouvé un ami, un vrai de vrai ! Seulement voilà, le copain en question est un peu dérangé. Parfois dangereusement. Mais Léon est indulgent envers ses amis. Pas vous ?
Mon avis :
Quel drôle de roman policier ! On est loin du Jonquet de Mygale. J’ai d’ailleurs apprécié ce changement, tout comme la mise en place de l’histoire, qui se construit comme un puzzle, même si j’ai eu un peu de mal à prendre mes marques dans les premières pages. Finalement, ça s’éclaire assez vite et les faits s’enchaînent rapidement grâce aux différents points de vue : celui de l’Enquêteur Gabelou, celui du vieux Léon, à travers ses pensées (se refusant à tout commentaire), et celui du Coupable, via des cassettes audio sur lesquelles il a enregistré ses faits et gestes. Avec tout ça, pas moyen de se tromper. Le Coupable est bien coupable et hop, n’en parlons plus ! oui, mais ces confidences et ces aveux ne suffisent pas à Gabelou, qui a besoin de comprendre les motivations et de trouver des preuves, parce que l’Emmerdeur (un agent d’assurance) est bien trop pressé de tout lui mettre sur le dos à ce coupable.
Mais qu’en est-il au fait de l’histoire ? Le Coupable est accusé de meurtres. Tout a commencé lorsqu’Irène, son emmerdeuse de fiancée, lui a cassé les pieds quand il a ramené à la maison Léon (un vieux clochard solitaire, devenu son plus fidèle ami). Bon, franchement, ça faisait un moment qu’elle commençait à lui courir sur le haricot. Alors pour couper court à ces tracas, il s’est fait plaisir en la supprimant et en la planquant dans le congélo. A partir de là, c’est le début de la belle vie pour lui et Léon, à jouer au train électrique et à ne plus l’avoir sur le dos, ni la voir batifoler à droite, à gauche avec tous les mâles du collège où le Coupable bosse comme professeur de techno. Et quand, la Vieille, ou le commis boucher (et d’autres encore) viennent à être un peu trop curieux, hop, on les zigouille…Sauf, qu’il n’est plus simplement question de cadavres qui s’accumulent, il y a aussi les poubelles que le Coupable a décidé de ne plus descendre (depuis neuf mois, imaginez !). Ça finit forcément par mal finir. Et ce pauvre Léon se retrouve alors témoin (et complice), retenu par Gabelou au 36 quai des Orfèvres.
Encore un policier, c’est vrai, mais ce n’est certainement pas l’enquête que l’on retient. Ce bouquin marque surtout l’attention par sa narration, qui emprunte au conte ses personnages pour que la Belle et la Bête deviennent la Bête et la Belle. A ce titre, j’ai trop vite compris certaines choses, mais le plaisir n’en a pas été pour autant moindre et la fin est restée surprenante. Et si les faits sont explicites : un coupable, des victimes, des meurtres…j’ai aimé suivre Gabelou et Léon pour découvrir les dessous de l’intrigue, voir comment tout s’est enchaîné et comprendre le pourquoi du comment.
Pas vraiment de suspens ici donc, du moins pas de celui qui laisse des sueurs froides. La véritable qualité réside dans l’écriture. L’ambiance est sombre et les situations sordides, mais à côté on a des dialogues gaillards bruts de pomme et savoureux (vive la CRAMIF, hein !). Et cette chute (quand on a rien vu venir, contrairement à moi) est vraiment bluffante.
En bref : encore un Jonquet percutant, qui est aussi court qu’efficace, même s’il risque de ne pas plaire à tout le monde. Les quelques difficultés du début sont vite effacées pour laisser place à un polar étonnant. A tester !
Lecture partagée avec Natiora