Vous ne les connaissez peut-être pas, mais les Hedge Funds « Tiger » régissent le Nasdaq, marché des valeurs technologiques des Etats-Unis, depuis plus de 10 ans. Ce réseau complexe de fonds d’investissement trouve son héritage en la personne d’un homme : Julian Robertson, fondateur du premier Hedge Fund de ce type en 1980 : Tiger Management Cop.
Comment comprendre le succès de ce type de gestion de fonds, son histoire ainsi que ses dangers, tels seront les points abordés par cet article. Enquête sur une meute de fonds aussi influente que méconnue du grand public.
Julian Robertson, père fondateur de l’idéologie « Tiger »
En 1980, Julian Robertson déjà âgé de 48 ans crée son propre fond d’investissement et devient par conséquent le concepteur d’un modèle, encore appliqué plus de 20 ans plus tard. Comparant sans cesse la gestion d’actions à l’esprit des forces spéciales américaines : « une compétition permanente dans une atmosphère de camaraderie virile », Julian Robertson façonne alors un esprit bouleversant les stratégies d’investissement de l’époque, ayant une influence considérable sur les actions. « Trouver les 200 meilleures entreprises mondiales et investir dans ces valeurs, trouver les 200 pires pour les vendre à découvert », une citation simple mais qui prend tout son sens lorsque l’on sait que Robertson a réussi à maintenir un taux moyen de 32% de performance durant 20 ans jusqu’en 2000. Investir sur les valeurs technologiques d’aujourd’hui et de demain, tel est son leitmotiv.
L’histoire de Tiger Management Cop prend fin en l’an 2000. Robertson parie de manière trop anticipée sur l’éclatement de la bulle internet et une grande partie des investisseurs retirent leurs dus au vu des résultats désastreux qui ont suivi cette décision. Quand l’indice S&P500 prit 21% cette année, le fond perdit 19%, on pouvait ainsi penser Robertson fini au vu des critiques qui se sont abattues sur son style de management, mais il n’en fut rien.
En effet, dotée d’une capacité de rebond extraordinaire, Robertson aida ses protégés à créer leurs propres Hedge Funds en investissant directement sa fortune personnelle (évaluée à 3 milliards) pour lancer ses poulains : un véritable incubateur de fonds d’investissement à lui tout seul. Jusqu’en 2008, plus de 38 gérants d’actions profitent de son soutien et de sa notoriété. Le résultat est considérable : une centaine de Hedge Funds Tiger, tous descendants et disciples de Robertson, détenant un capital de plus de 250 milliards de dollars. De quoi faire frémir le Nasdaq ?
Une interconnexion de Hedge Funds trop influente ?
Il est évident que jamais une idéologie comme celle de Julian Robertson n’a trouvé une telle descendance dans le domaine de la gestion d’actions. Cependant, ce qui fait leur force peut s’avérer être un danger sur la variation des cours sur le Nasdaq. Leur goût partagé pour les valeurs technologiques et biens de consommation pourrait s’avérer dévastateur si les Tigres décidaient massivement et simultanément de sortir leurs fonds.
Entre 10 et 16% de leur portefeuille comporte les mêmes valeurs, ce qui a souvent boosté leurs performances. Google, Apple ou Baidu sont des valeurs qui ont longtemps profité à ces Tiger, 80% de leur rendement résidant dans l’achat de titres au cas par cas.
Cependant, ce danger doit être nuancé par un aspect positif de leur activité : ces Hedge Funds ont une vision beaucoup moins court-termiste que leur performance pourrait le laisser supposer. Pour Robertson : « un bon placement est un titre qui doit au moins doubler en trois ans », sur ce modèle, ces Hedge Funds prennent donc en compte l’incidence des effets réels de l’économie sur le marché à moyen et long terme, écartant de leur chemin le spectre de la spéculation outrancière.
La première génération des Tiger sont les fonds créés par les disciples de Robertson qui ont explosé au début des années 2000 et qui ont vu leurs capitaux croître tellement vite qu’ils ne s’intéressent désormais plus qu’aux grosses valeurs. La capitalisation moyenne des entreprises détenues par ces derniers s’élevant à 16 milliards de dollars. S’en suivent les fonds créés par les personnes ayant travaillé avec ces disciples puis enfin les « cousins » créés plus récemment et moins performants.
La peur du risque ne fait pas partie du répertoire des Tiger, dont les gérants font partie des plus talentueux financiers de leur génération. En témoigne les 150% de performance réalisés par Robertson l’an passé sur son portefeuille personnel de 200 millions de dollars d’actions…