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[note de lecture] Michaël Glück, "Tournant le dos à", par Alain Helissen

Par Florence Trocmé

 


Tournant le dos
Vient le temps de la vieillesse, celui qui, pour Michaël Glück, n’est plus que la répétition quotidienne de jours ordinaires, le recommencement du même dans l’attente d’une fin qui se rapproche. Un constat quelque peu lapidaire pour ce poète intransigeant qui tourne résolument le dos à l’hypocrisie de ses semblables, tout entiers plongés dans « ce ressac d’images, ce fatras d’illusions » qui font de la communication un semblant de partage, l’illusion d’un dialogue dans lequel, finalement, les mots reviennent comme un boomerang dans la bouche de ceux qui les énoncent. « Ce qu’on dit toujours est / dit par défaut (…) pour tenir debout », écrit Michaël Glück. Il reste pourtant, face à ce qui pourrait signifier un désoeuvrement irréversible, le « peu de quelques mots ayant saveur », ce peu à dire hors de tout idéalisme béat. Parce que « le poème n’empêche rien », ni les guerres, ni les dictatures, ni les injustices, ni les haines…Il reste à « écrire lucidement / dans l’absence du chant / poser les mots. » Michaël Glück ne « peut rien faire autre. » Cette suite de poèmes s’inscrit dans une démarche ne s’encombrant d’aucune concession. Le poète s’y livre avec la plus grande franchise et dans la plus grande clarté, dussent-elles choquer ceux qui, marchant au pas de l’oie, se laissent « gaver, gaver, engouffrer dans la panse / le dégoût de la pensée (…). Michaël Glück leur tourne le dos. Homme nu. Libre de dire : «  moutons moutons / allez tous seuls à l’abattoir / moutons moutons / jetez-vous tous sur le couteau / cochons cochons / allez tous seuls à l’abattoir … » 
 
[Alain Helissen] 
 
Michaël Glück, Tournant le dos à, éditions Lanskine, 64 pages ; 12 €. 


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