Si le premier volet relatait la descente aux enfers de ce quinquagénaire divorcé suite à un licenciement où les huissiers avaient finalement pris la place des indemnités, le second tome avait permis à Philippe de reprendre goût à la vie. L’arrivée d’un petit-fils et d’un bon-vivant amoureux des classiques de la littérature avait contribué à le remettre sur les rails, accompagné d’une bonne paire de ciseaux et de la jolie Camille. Cette troisième partie concoctée par Christian Durieux (dessin et scénario) et Jean-Pierre Gibrat (co-scénariste) permet d’assister à une nouvelle reconversion professionnelle du personnage, toujours entouré de bons livres et d’excellent pinard.
Délaissant le vacarme de la grande ville et les allers-retours ferroviaires bondés de monde entre Paris et Bordeaux, les auteurs installent cette suite dans la tranquillité d’un petit bled où leur héros devient propriétaire de l’unique commerce de la commune. À l’instar de Magasin Général, ils invitent à y suivre une chronique villageoise débordante d’humanité. Dans cet endroit paisible, où renverser un peu de vin blanc sur un album de Buck Danny constitue un événement majeur, il ne faut pas s’attendre à une avalanche de rebondissements, mais tout simplement à une accumulation de petits bonheurs et de désillusions.
S’il ne se passe rien d’extraordinaire, le plaisir de retrouver ces gens honnêtes augmente au fil des tomes. Que ce soit Philippe, qui doit affronter des problèmes sentimentaux, tout en portant un nouveau regard sur sa mère, ou ses proches, qui vont et viennent au gré des aléas de la vie et dévoilent progressivement leurs petits secrets, tous sont d’une authenticité rare. Les nombreux villageois qui se joignent à la danse s’avèrent également particulièrement attachants et l’un d’entre eux servira même d’excuse à un bref voyage dans le temps en Transcaspie. Une escapade qui prendra tout son sens lors de la postface de Christian Durieux, juste avant l’annonce d’un quatrième volet qui devrait venir conclure cette saga.
Malgré quelques passages moins drôles, l’ambiance du récit demeure toujours optimiste, notamment grâce aux petites touches d’humour qui viennent pimenter des dialogues d’une grande justesse. Visuellement, le dessin de Christian Durieux demeure parfaitement adapté au ton de cette chronique sociale et retranscrit à merveille les émotions des personnages.
Avec ou sans verre de vin à la main, le charme continue d’opérer !