C'est à n'y rien comprendre. Avec qui François Hollande pense-t-il un jour gouverner ?
C'est pourtant simple, évident, presque triste.
Mardi, un député socialiste et un patron, tous deux pilotes du grand choc de simplification prônés par Hollande lui-même, présentaient 50 décisions "validées". Le chantier est "tentaculaire". Il y avait de tout, et pour tous. Sauf pour certains, celles et ceux qui attendaient un autre geste, un tournant, un autre mouvement.Social.
Il paraît que la plus "emblématique" des mesures était la suivante: "aucune nouvelle disposition applicable aux entreprises ne se traduise par des 'charges supplémentaires'". Franchement ? Notre vie est toute changée. On propose une autre variante: qu'aucune nouvelle disposition ne se traduise par des dividendes supplémentaires. Gauchisme de salon ? Quelle autre réponse à ces opérations de communication en cascade ?
A Paris, sous les ors du Palais de l'Elysée, François Hollande reçoit trois économistes paraît-il iconoclastes. La presse se repait de l'une de leurs récentes propositions pour dynamiser la croissance et l'emploi, la suppression du SMIC. Ces habitués des plateaux télévisuels s'y connaissent-ils en précarité ? Non. Ils pensent plus haut, très haut. Plus haut que l'ancien patron de l'OMC, Pascal Lamy, qui récemment suggérait de prévoir des petits boulots payés moins chers que le SMIC: "Le tabou du chômage est plus important que le tabou du smic".
Cet argument, économiquement évident (un esclave est toujours meilleur marché qu'un salarié protégé), mais politiquement débile, avait sa variante chez Pierre Gattaz, le patron du MEDEF mais aussi, et surtout, chez les plus libéraux de l'UMP.
Rappelez-vous l'antienne d'Hervé Novelli, elle date de février 2013.
"Aujourd’hui être travailleur même pauvre en Allemagne c’est largement préférable à être un assisté en France."Mardi, Pierre Gattaz remettait une pièce dans le juke-box de cette musique néo-lib. Il propose la création d'un "SMIC spécial précaire". Sa formule est alambiquée, il ne faudrait pas choquer: il suggère ainsi d'avoir "temporairement un système permettant la première année, pour un jeune ou quelqu’un qui ne trouve pas de travail, de rentrer dans l’entreprise de façon transitoire avec un salaire adapté qui ne serait pas forcément le salaire du SMIC ".
Avec qui François Hollande veut-il gouverner ?
Il peut recevoir qui il souhaite à l'Elysée. Il sait pertinemment la portée symbolique accordée à tort ou raison à la moindre de ces rencontres. S'il ne le sait pas, qu'il vire prestement sa directrice de la communication. Il recevrait une poignée d'Economistes Atterrés que l'écho serait tout aussi fort, mais dans l'autre sens. Quand notre président a-t-il reçu des économistes franchement iconoclastes, c'est-à-dire distants de l'habituelle caste médiatique ?
Bref, ce n'est pas faire ombrage à sa perspicacité ni lui faire un procès d'intentions que d'exprimer ici tout haut ce que tout le monde peut penser tout bas: Hollande insiste, persiste et poursuit dans la même voie, à droite, où il pense trouver son salut.
Paix ait son âme politique.
Vivement 2017.
Crédit illustration: DoZone Parody