Ce fermier est esseulé, car vivre avec sa mère une fois atteint la trentaine, aussi bien dire, vivre seul. Francis se doit d’être disponible 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, il peut difficilement sortir, socialiser, s’amuser, il a une grosse famille ; un troupeau de vaches.
Le jour où il sent son équilibre vaciller, l’odeur du burn-out peut-être, en homme ouvert et déterminé, il colle une affiche sur tous les poteaux de son village « Homme cherche femme ».
Le burn-out, on en entend parler dès le début du roman, c’est Graziella qui le prévient à temps, juste à temps. Et quant à quitter sa job, elle quitte aussi la ville pour la campagne et, un jour, par la force des choses devient peintre. Peintre en bâtiment. Elle doit travailler, elle a un enfant, dit « Le Petit ».
Au fil des pages, le regard de l’auteur se promène d’un univers à l’autre, et de Francis à Graziella. On entre dans l’histoire sans ambages, il n’y a pas de couloir à traverser, pas de mise en contexte, pas d’installation de personnages ou d’ambiance. On y est tout de suite, à nous de saisir de quoi il en retourne.
Et c’est facile, un peu fascinant aussi, pour le soupçon d’étrangeté. L’auteur s’adresse directement à la perspicacité du lecteur. On se tient loin d’une situation psycho-sociale pointée du doigt, mais en même temps, on comprend plus que jamais que la vie de fermier, c’est ardu, et même à contre-courant de ce qu’on est supposé vivre dans une société comme la nôtre. On comprend que des marginaux, il s’en trouve partout, pas seulement dans les marges, en plein milieu aussi.
J’ai beaucoup aimé ce petit livre pesant de sens, pour son style qui va directement au but, ne faisant aucune concession pour nous emberlificoter.
Ce roman est finaliste pour Le Prix des Libraires avec raison.