Changement de ton. A Paris, Aung San Suu Kyi tire la sonnette d'alarme face au blocage actuel du processus démocratique en Birmanie

Publié le 15 avril 2014 par Pierremartial
Bien sûr, elle sourit toujours. Elle est calme et douce en apparence. A l'Elysée, avec le Président de la République, François Hollande. Au Quai d'Orsay, aux côtés du Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Dans ses différents entretiens et interviews donnés aux quatre coins de Paris. Mais pour qui, comme moi, la suit pas à pas, même à distance, depuis longtemps et commence à bien la connaitre, le changement est réel.

Son regard d'abord. Plus vif et pénétrant. Semblant scruter, dans le visage de celles et ceux qui lui sourient aimablement et lui rendent les honneurs, comme pour y lire si leur engagement est sincère et profond ou de pure courtoisie diplomatique.


Délicate et dangereuse Ses mots ensuite. Ses mots surtout. Aung San Suu Kyi ne parle jamais pour ne rien dire. Et n'a pas pour habitude d'être dans la surenchère ou les fausses tonalités “dramatiques” que nous avons souvent coutume d'entendre dans la bouche de nombre de nos hommes politiques.

Du coup, quand j'entends Aung San Suu Kyi déclarer qu“à bien des égards, la Birmanie est actuellement dans la phase la plus délicate et dangereuse de son processus “, je frémis.

Quand je l'entends ajouter qu'elle compte aujourd'hui sur TOUS les amis de la démocratie (gouvernements, associations et population), pour l'aider à démocratiser et pacifier la Birmanie, je sursaute. Car je sais qu'elle ne parle jamais à la légère et que nous ne sommes pas là dans quelque effet de style.

Curseur bloqué En réalité, c'est un véritable appel à la mobilisation générale - non-violente - de toutes celles et ceux qui la soutiennent et sont aux aux côtés du peuple birman, qu'Aung San Suu Kyi lance. A Berlin, puis à Paris!

En effet, après deux ans d’ouverture progressive de la Birmanie, qu'en est-il aujourdhui?
En apparence, tout avance bien, doucement mais sûrement. Mais à y regarder de plus près, on voit nettement que le processus démocratique est enrayé. Qu'on pédale dans la semoule! Que le curseur est bloqué!

Car non seulement le gouvernement en place tente d’empêcher la candidature d'Aung San Suu Kyi à la présidentielle de 2015 (en refusant d’amender la Constitution) alors qu’elle est soutenue par la très grande majorité de son peuple, mais l’Assemblée Nationale est toujours dominée (minorité de blocage) par l’armée! Tandis qu'aux quatre coins du pays - si possible les plus reculés - certains éléments de l'ex-junte attisent, dans l'ombre, conflits ethniques et interreligieux!

Beaucoup de gravité “Pour cette raison, a dit Aung San Suu Kyi doucement mais avec beaucoup de gravité, face aux critiques - souvent injustes - dont elle fait parfois l'objet, je voudrais que tous nos amis portent un regard perspicace, et en même temps compréhensif, sur la situation en Birmanie, et qu’ils nous aident dans le processus qui assurera à tout notre peuple des droits et des valeurs démocratiques”.

Et d’ajouter: “‘Je compte sur nos amis pour nous soutenir dans cette période qui est, à bien des égards, la partie la plus délicate et la plus difficile de notre processus de démocratisation, plus difficile, d’une certaine manière, que les années de pouvoir militaire et d’oppression parce que les choses aujourd’hui sont moins claires et qu’on peut plus facilement se faire une fausse impression”.

Message bien reçu Message bien reçu? Nous l'espérons de tout notre coeur.

En tout cas, en ce qui nous concerne, vous pouvez compter sur nous, Madame Aung San Suu Kyi! Nous sommes des millions, de par le monde, à ne pas oublier la lutte inlassable que vous avez menée et continuez de mener pour libérer votre peuple du joug de la dictature et cela, toujours avec non-violence et humanité, dans la droite ligne de Gandhi, de Nelson Mandela, de Martin Luther King et du Dalai Lama.

C'est ainsi que nous concevons la résistance pour bâtir un monde juste, fraternel, respectueux et égalitaire, sans pour autant verser des bains de sang.

C'est pour celà que nous sommes inlassablement à vos côtés et que vous êtes, pour des millions de personnes, non une “icône”, mais un exemple. Simplement un exemple. Et une soeur de lutte que nous n'abandonnerons pas!


Pierre MARTIAL
Ecrivain-journaliste
Président de France Aung San Suu Kyi


Aung San Suu Kyi, site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi et à la Birmanie / Myanmar