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POLITIQUE > Harcèlement sexuel dans l’armée : mauvais points pour Jean-Yves Le Drian

Publié le 15 avril 2014 par Fab @fabrice_gil

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©AFP/Gérard Julien


Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit présenter un rapport sur « la prévention des risques de harcèlement sexuel et moral » dans l’armée française. D. 27 ans, a porté plainte en 2012 pour harcèlement sexuel. Témoignage.
Elle a subi durant six mois propos graveleux et gestes déplacés de son chef au bureau de recrutement de la Marine à Metz. I.D. a été une des premières femmes à déposer plainte en France pour harcèlement sexuel contre l’armée en janvier 2012. Son cas a poussé les journalistes Leila Minano et Julia Pascual ("La guerre invisible : révélations sur les violences sexuelles dans l’armée française", éd. Les Arènes) à enquêter sur ce tabou de la "Grande Muette". Le ministre qui avait jugé ces faits "inacceptables" s’en est emparé et doit présenter aujourd’hui un rapport. Auparavant, des associations comme l’Adefdromil avaient œuvré pour défendre ces femmes passées à la moulinette dans un monde d’hommes.
Où en êtes-vous aujourd’hui, deux ans après la plainte ?D. : Professionnellement, je galère. Des petits boulots, des CDD, parfois secrétaire, parfois à l’usine. Là, j’ai un contrat qui se termine en juillet. Depuis la résiliation de mon contrat avec la Marine, je suis dans l’instabilité. Psychologiquement, je vais mieux. Un psychologue m’a suivie longtemps.
Une instruction est en cours à Metz. Où en est votre dossier ?D. Je ne comprends pas la lenteur de la justice. Moi, j’attends que mon harceleur soit condamné. Pour l’exemple. Je veux que ça en dissuade d’autres de faire la même chose. Mais il ne se passe rien depuis que j’ai été entendue par le juge. J’ai peur que des éléments de preuve [mails, mots de passe salaces, messages vocaux] disparaissent.
Comme le message où votre supérieur vous conseille de quitter l’armée ?D. : Oui, il m’a dit que c’était ça le plus simple. Il disait que "tout ce qui se passe à Vegas devait rester à Vegas", ce qui signifiait que je devais me taire, ne rien dire à l’extérieur.
Vous avez subi ses brimades durant six mois fin 2011…D. : Oui, tout était prétexte pour me mettre la pression. Ma chemise qui sortait de ma jupe et qu’il venait réajuster, mes galons de travers, le mot de passe de mon ordinateur qui était "bite de port", des p’tit chat ou Little Minou quand il s’adressait à moi. Je devais courir toujours devant lui lors des footings du matin pour qu’il puisse me mater. Je prenais des mains aux fesses. Quand je me suis retournée vers l’inspection du Travail, je me suis retrouvée face un ex-recruteur de l’armée, qui l’a appelé et qui m’a dit que je devais obéir, que c’était comme ça l’armée.
Vous êtes mutée à 300 km de chez vous. Une sanction ?D. : Oui, bien sûr. Au service des ressources humaines, un psychologue m’a affirmé que j’exagérais, que j’étais folle, que c’était juste des taquineries et qu’il fallait que je me calme.
Qu’attendez-vous du plan anti-harcèlement que présentera aujourd’hui Jean-Yves Le Drian ?D. : Pas grand-chose. Je ne pense pas que cela changera quoi que ce soit. J’attends de voir, mais pour moi, c’est un effet d’annonce. Parce que le gouvernement ne pouvait pas rester inactif face à de nombreuses plaintes comme la mienne.Propos recueilli par Alain MORVAN

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