La Taxe Tobin est néfaste ? Vite, appliquons-la partout !

Publié le 15 avril 2014 par H16

Ah, la Taxe Tobin ! Si elle n’existait pas déjà, soyez certains que l’un ou l’autre de nos socialistes l’aurait hardiment inventée et en aurait fait une vigoureuse publicité dans le monde entier pour qu’enfin, les Riches donnent un peu aux Pauvres, que les inégalités se réduisent et que les pipe-lines à miel et à lait s’ouvrent pour de bon.

La taxe Tobin, pour rappel, c’est cette brillante idée qui fut inventée par James Tobin au début des années 70 (oui, ce n’est pas tout jeune) puis reprise et médiatisée par ATTAC, ce groupement interlope de gauchistes assumés, altercomprenants de l’économie où la fine fleur du marxisme et du collectivisme s’est rassemblée pour se disputer régulièrement dans des comités de directions gentiment staliniens et proposer des brochettes d’idées toutes plus mortes et faisandées les unes que les autres ; dans cette idée de taxe, il s’agissait de taxer toutes les transactions financières, à hauteur d’un petit pour-cent gentil, histoire d’empêcher la vilaine spéculation de court terme, et, comme effet secondaire désirable, favoriser l’émergence de monnaies mondiales (comme l’Euro par exemple).

Au niveau politique, les avantages d’une telle proposition sont nombreux : d’abord, il s’agit d’une taxe, ce qui déclenche une salivation pavlovienne des politiciens. Ensuite, elle permet dans son fonctionnement théorique d’obliger les acteurs du marché à ajuster leur préférence pour le futur en défavorisant le court-terme si méchant, si vilain et si méprisable. Enfin, elle est adoubée par Tobin, un prix Nobel d’Economie ce qui veut forcément dire que c’est une excellente idée. Après tout, les prix Nobel ont tous d’excellentes idées, n’est-ce pas M. Krugman ?

Partant de là, il était inévitable que cette idée se développerait rapidement sur le terreau français fertile en idées socialistes à la con, et serait même volontairement appliquée dès que possible. Ce qui n’a pas loupé, et plutôt deux fois qu’une grâce à un gouvernement … de droite, dont le socialisme n’a été latent qu’en période d’élection et s’est déchaîné pendant les années qui ont suivi. Votée en février 2012 (sous Sarkozy, donc, pour ceux qui l’auraient oublié) dans un magnifique exemple d’ultraturbo-libéralisme à la française, la taxe, sise sur les transactions mais pas celles à haute fréquence, devait rapporter autour d’un milliard d’euros.

Pendant ce temps, les ultra-néo-libéraux et autres capitalistes assoiffés de sang chaud d’ouvriers n’en démordaient pas et expliquaient, à qui voulait les entendre (à peu près personne) que cette taxe, pourtant, ne fonctionnerait pas. Pour preuve, ces fourbes égoïstes et vils individualistes prêts à tout pour faire passer leurs idées nauséabondes n’ont pas hésité à exhiber la douloureuse expérience suédoise qui s’est soldée par un piteux échec : non seulement, la taxe Tobin n’a pas rapporté ce qu’elle aurait dû, mais en plus a-t-elle nettement amoindri les échanges locaux au point qu’il fut décidé d’arrêter les frais et de l’abroger.

Il faut se rendre à l’évidence : la taxe Tobin, une fois essayée, n’a pas fonctionné, d’abord parce que sur des marchés financiers ouverts, il est relativement simple de déplacer des transactions vers les marchés non-taxés, ensuite parce que définir une transaction « taxable » est juridiquement complexe, pour ne pas dire casse-gueule, et enfin parce que la taxe ne rapporte rien à l’État, les effets désirables étant contrebalancés par les indésirables.

Pire que tout, après analyse de ce qui a été mis en place en France, la taxe Tobin a une fâcheuse tendance à accroître la spéculation au lieu de la combattre : les opérateurs, découragés d’acheter des actions (la transaction étant taxée) se sont tournés vers les produits dérivés, qui, eux, ne sont pas soumis à la fameuse taxe ! Or, si les actions sont déjà des instruments de spéculations, les produits dérivés ajoutent une complexité supplémentaire, des risques et des leviers plus importants que, pourtant, la taxe Tobin est censée combattre en premier lieu. Comme souvent en Socialie, il y a loin du papier et de la théorie au réel et à la pratique ; le monde, décidément trop méchant, refuse toujours aussi obstinément de se laisser faire par les constructivistes et les collectivistes. Zut alors.

Ce qui devait arriva donc : alors que nous arrivons à la deuxième année d’application de cette taxe en France et qu’elle doit être étendue en 2015 à onze pays de l’Union Européenne, le bilan de l’année écoulé vient de tomber, officiellement, et il est mauvais.

Selon l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), non seulement la taxe n’a pas rapporté ce qu’elle aurait dû, mais en plus a-t-elle eu le mauvais goût de faire baisser le volume de transactions, bref tout ce qui avait été prévu en premier lieu par ces méchants libéraux qui, non contents de mieux comprendre l’économie que les clowns qui nous dirigent, ont l’impudence de prévenir les autres de ce qui va foirer, ce qui leur vaut inévitablement quolibets et réprimandes.

En effet, sur l’ensemble de la période, du premier août 2012 au 31 juillet 2013, l’impact de cette taxe sur les volumes est estimé à -9,5%, même pas compensé par un marché qui aurait pu être défavorable … mais dont l’indice, le CAC40, a gagné 67% sur la période. Zut alors. À ceci s’ajoute que la taxe a rapporté moins que prévu la première année, autour de 690 millions d’euros, obligeant l’État a ne budgéter que 702 millions pour 2014, soit la moitié de ce qu’espérait le législateur. Flûte et zut, n’est-ce pas.

Bertrand de Saint Mars, délégué général adjoint de l’Amafi (Association française des marchés financiers) note d’ailleurs que

« Cela valide complètement les craintes que les acteurs financiers ont exprimées dès l’origine. Des craintes confirmées par l’AMF, une autorité publique indépendante dont la crédibilité peut difficilement être mise en cause. C’est une publication extrêmement utile »

Je résume.

Tobin propose, au cours des années 70, une taxe destinée à obtenir certains effets sur les marchés. Par la suite, il s’éloignera progressivement mais sûrement de cette idée, jugeant de plus en plus inconfortable d’être associé à ce qui se révèlera indubitablement une mauvaise idée. C’était un signe, mais il n’a évidemment pas été suivi.

L’idée est récupérée par un groupe de paléo-communistes trop heureux d’avoir quelque chose à dire alors que les poussières de béton du Mur de Berlin ne sont pas encore retombées et que l’échec patent de leur doctrine lamentable n’est plus masquable que par des artifices rhétoriques pour enfants sous-développés. Médiatisée par des journalistes complaisants et des politiciens aussi démagos que stupides, l’idée prend progressivement corps alors que les économistes n’y croient déjà plus. Entre l’adulation par des communistes et la perte de crédibilité auprès des économistes, il y avait donc des signes, qui n’ont pas été suivis.

La Suède, jamais en retard d’une petite collectivisation détendue, tente le coup. Ça foire sans appel et sans modération. Ce nouveau signe sera soigneusement oublié.

La France l’applique alors à son tour, dans le tourbillon de ses froufroutages socialistes habituels. Au bout de deux ans, le verdict échappe, là encore, à toute interprétation positive : ça a, encore une fois, merdé dans les grandes largeurs.

Conclusion ? On va l’appliquer à onze pays, pardi !

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