« Mes techniques éprouvées, dès le travail en train, s’avèrent inopérantes, il me faut en hâte en improviser d’autres en me laissant conduire par ce qui se présente. C’est tout à l’opposé d’une exécution bien programmée et conduite systématiquement. L’imprévu, le désordre et les contretemps loin d’y être évités y sont provoqués, ils sont les facteurs de l’ouvrage, ses ressorts. C’est que l’opération n’a pas pour but de réaliser ce que j’avais par avance conçu mais tout au contraire d’obtenir une image que je n’aurais pas eu l’idée de concevoir et qui va emporter ma pensée -et ma vision- sur un terrain insolite. Ce dont je suis en quête, n’est pas de manifester le regard que je suis habitué à porter sur les choses, mais de changer ce regard, de la contraindre à se modifier. »
Jean Dubuffet, entretien avec Valère Novarina, un entretien publié en 1983 dans la revue Flash Art, puis repris sous une forme abrégée également en 1983 dans la revue L’Âne, n° 8 et repris enfin dans le livre Personne n’est à l’intérieur de rien, de Jean Dubuffet et Valère Novarina, préface de Jean Vilar, L’Atelier contemporain, 2014, p. 44.