J’ai pas mal réfléchi à ce que je pourrais dire au sujet du series finale de How I met your mother, diffusé en début de semaine dernière. En fait, j’ai tellement retourné la question dans tous les sens que je ne suis même plus certain que ce soit vraiment utile de venir le coucher ici. Mais le sujet à l’air d’en intéresser quelques uns et j’ai peut-être, pour une fois, un avis plus modéré que la plupart des gens. Alors je vais essayer.
Bien évidemment, il vaut mieux avoir vu le dernier épisode pour lire ce qui suit.
Je sais que cet épisode a fait beaucoup de bruit et que nombre d’entres vous se sont sentis offusqués par la façon dont la série nous a quitté. Voir même insultés et pris pour des cons. Et toutes ces réactions sont plus ou moins normales vu le risque qu’ont pris les scénaristes. Mais je dois quand même vous prévenir d’une chose : je reste globalement sur une bonne impression. Ou tout du moins, mitigée. Notamment – il s’agit bien évidemment de ça – parce que j’aurais moi aussi préféré que ces deux dernières minutes ne rencontrent jamais les pixels de mon écran.
Contre toutes attentes, la série se révèle non pas être l’histoire de la rencontre entre Ted et sa femme mais celle de la façon dont il finira avec Robin, et comment manifestement c’était inévitable.
Je dois dire que ce qui me dérange le plus n’est pas tant le fait qu’il finisse avec Robin mais bien tout ce que cela implique. Parce que c’est fait avec une telle maladresse que beaucoup de choses sont remises en question. A commencer par la légitimité de cette saison. Centrer plus de vingts épisodes autour d’un unique mariage, pour le faire éclater deux épisodes plus tard sans donner de réelles explications, je n’en vois pas vraiment l’intérêt. D’autant plus quand ça donne lieu à autant d’épisodes bouche-trous, tous plus inutiles et plus mauvais les uns que les autres. La palme étant décernée à celui sur l’entrainement à la baffe que suit Marshall à Shanghai, btw. Alors qu’il nous manque bien vingt minutes d’explications supplémentaires.
D’ailleurs, on en parle des trous béants dans l’histoire ?
Il y avait bien cette rumeur persistante quand à la tournure que prendraient les événements, comme quoi Ted racontait tout ça à ses enfants juste avant de leur annoncer le décès de leur mère. Une théorie pas si folle que ça puisque la mother succombe effectivement des suites d’une maladie. Et très franchement, l’idée ne me dérangeait pas, du moment que ça pouvait apporter un twist intéressant à l’histoire. En revanche, ce qui me pose problème – et c’est certainement là le plus gros reproche que je puisse faire à cette fin – c’est la façon dont le sujet a été traité. Ou, plutôt, la façon dont ils l’ont si vite expédié, presque passé sous silence.
Personnellement, je pense que Cristin Milioti est l’une des meilleures choses qui soient arrivées à la série depuis bien longtemps, si ce n’est pas la seule. J’en parlais déjà dans un article précédent mais le personnage a poussé les scénaristes à sortir de leur zone de confort et à devoir le considérer en dehors de la mythologie si confortablement installée. Celle qu’ils ont tant de mal à détacher des autres personnages. Cristin fait partie du club très fermé de ces acteurs que l’on ne voyait pas dans un rôle – moi le premier - et qui se le sont tellement approprié qu’on ne les imagine plus ailleurs.
Alors j’aimerai que l’on m’explique à quel moment son personnage a mérité un pareil traitement.
Je peux comprendre que le décès soit un sujet encore tabou. La maladie aussi, à la limite, mais c’était la moindre des choses de s’attarder plus de trente secondes sur le sujet. Par le passé, How I met You mother a montré qu’ils étaient capable de parler du deuil avec intelligence. Alors pourquoi ? Pourquoi faire comme si rien ne s’était passé ?
C’ÉTAIT SON ONE TRUE LOVE, BORDEL DE MERDE.
Qu’est ce qui vous a pris ? Vous avez passé neufs saisons à nous rabâcher que peu importe combien Ted s’accrochait toujours à Robin, ce n’était pas elle. Pire encore, deux épisodes plus tôt vous le faites enfin lâcher prise, vous le préparez à rencontrer et accepter son unique amour. Tout ça pour quoi ? Pour qu’il nous ressorte le cor bleu quelques 40 minutes plus tard, dans un revival des plus douteux du premier épisode. Bande de cons.
Alors que la voix off récitant "And that, kids, is how I met your mother" sur un fondu au noir, c’était parfait. Et ça nous évitait de subir la scène la plus awkward de toute la série : la réaction des gamins, tournée il y a plus de sept ans.
Mais malgré tout, malgré toutes les fausses notes, je continue de penser que la mélodie finale n’est pas si terrible que ça.
J’aimerai vraiment la détester, cette conclusion. Comme vous. Comme la moitié de la planète. Mais je ne peux m’empêcher de penser que seules cinq minutes me dérangent. Et je peux très bien faire comme si elles n’avaient jamais existé. L’histoire a la décence de trouver une conclusion, de ne pas nous laisser en plan à imaginer ce qui aurait pu se passer ensuite. Et j’ai connu bien trop de séries qui s’arrêtaient sans pouvoir aller au bout de leurs intrigues pour ne pas en apprécier une qui prenait la peine de poser un point final. Même si le mystère de l’ananas reste entier.
Parce que la série emporte quelques scènes mémorables dans son dernier souffle. A commencer par le moment tant attendu de la rencontre entre Ted et sa femme. Une scène écrite avec une rare justesse, dans la parfaite lignée du seizième épisode. Et si la paternité de Barney est une nouvelle occasion de faire rire le spectateur, l’instant où il pose les yeux sur son enfant a tout le potentiel pour lui tirer quelques larmes. Certains me diront que seules ces deux là valaient guère le coup, et peut-être auront-ils raison, mais je préfère continuer de penser que c’était suffisamment brillant pour que ça fasse de l’ombre au reste. Au mauvais.
Quand aux dernières scènes, j’ai décidé de vivre dans le déni.
Voilà, c’est mieux comme ça.