Le coin lecture : "Brothers" de Yu Hua

On dit souvent que lire un livre à l'étranger peut lui donner une saveur particulière. Aussi, faudra-t-il certainement relire Brothers une fois rentrés en France. Car ce roman fleuve transpire la Chine. Une sensation qui reste collée aux doigts au fur et à mesure que l'on tourne les pages et que l'on s'enfonce dans cette histoire épique.

L'auteur, Li Hua, nous raconte la vie de Li Guangtou et Song Gang, deux demi frères, liés pour la vie. Une vie qui commence aux frémissement de la Révolution Culturelle chinoise. Dans le petit bourg des Liu, les deux enfants apprennent trop vite à grandir au fil des épreuves que leur impose cette période trouble. Très vite, on se rend compte que les deux compères sont aussi solidaires que différents : Li Guangtou, qui manie la force et le verbe haut, Song Gang, qui préfère la réflexion et la loyauté. Deux chemins différents qui les verront prendre inexorablement leurs distances à l'adolescence.

Les atrocités de la répression laissent place à une autre forme de cruauté : l'ascension du capitalisme. La loi du plus fort ne peut profiter à tout le monde et nos deux frères sont une nouvelle fois mis à dos dans un « ordre désordonné » pour nos yeux et notre esprit occidental. La faim, l'amour impossible, la violence, l'injustice, la folle utopie, le déracinement puis finalement l'explosion de l'économie de marché, ces hommes auront tout connus.

Plus qu'une simple histoire, c'est un véritable portrait de la Chine contemporaine que dresse Yu Hua. Une fresque magnifique de ces soixante dernières années au Pays du Milieu. Un tout petit bout d'histoire de ce vieux territoire qui a pourtant marqué et changé à tout jamais la vie des chinois. Le virage se prend à chaque fois que l'on tourne une page. L'atmosphère authentique donne un charme tout particulier, même aux passages les plus dramatiques du livre. Difficile de dire si l'on comprend mieux la Chine après avoir lu Brothers. Ce qui est sûr, c'est que l'on aura été en Chine aussi longtemps que l'on aura pas vu le mot « fin ».

BrothersYu Hua

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