Kurt Wagner est de retour. Une bonne chose, pour ce mutant velu qui a toujours été une des ancres morales de son groupe, les X-Men. Kurt est un gentil personnage, vrai de vrai. Animé par des valeurs humanistes certaines, doté d'une foi sincère qui l'avait poussé à embrasser la carrière ecclésiastique, Diablo (son petit nom durant des années en Vf) a manqué les dernières années de péripéties mutantes, et quand on voit ce qui s'est déroulé en son absence (Scott Summers qui assassine Charles Xavier, les X-Men traqués comme des terroristes) on se dit que peut être sa sagesse et sa tempérance ont fait défaut à plusieurs de ses coéquipiers et amis. Pour son come-back parmi les vivants, Chris Claremont a été sorti de la naphtaline, pour présenter un scénario classique et old school, tant sur le fond (le combat en salle des dangers, Kurt qui retrouve bien vite sa sorcière bien aimée, Amanda) que sur le forme (la mise en place est assez formaliste, on rappelle qui sont les personnages et leurs pouvoirs en plein milieu d'un combat simulé, ces derniers ne peuvent s'empêcher de deviser durant l'action...). Autre petit moment d'intimité dans ce titre, la conversation entre Nightcrawler et Rachel Summers, qui est là sans doute pour faire la jonction avec la période "Excalibur" des deux héros, car autrement, elle n'apporte pas grand chose à la dynamique de ce numéro 1. En fait, cette vingtaine de pages peut être coupée en deux parties, assez distinctes. La première, c'est le retour du mutant à la fourrure bleue. Ses rapports avec ses anciens équipiers, sa tentative de retrouver une place dans un milieu à la fois familier et fort différent. Claremont joue avec la nostalgie, lui qui a modelé la plupart de ces personnages. La seconde, c'est Kurt et Amanda ensemble, qui fêtent leurs retrouvailles (un peu rapides...) par un combat contre un adversaire mystérieux et très puissant, mais qui manque singulièrement de charisme. Todd Nauck aussi se met au diapason. Pas trop de rodomontades, des planches propres, lisibles, bien construites, c'est assez agréable sans être foudroyant. Reste à comprendre où veut en venir Chris : aura t-on droit à de l'introspection, un mutant qui doit se réapproprier son identité et son rôle, ou une banale histoire super-héroïque à base de menace stéroïdée? Claremont je l'ai adoré, à son apogée, mais cette dernière décennie, il a entamé sérieusement son capital confiance, alors je reste circonspect.