Voici le troisième volet de cette interview :
Vous trouverez les deux premières sous les liens suivants : ITV1 et ITV2
Copyright pour cette photo: Patrick Imbert
Ça va être un mois intéressant : au moins pour moi. En fait, et cette considération rêveuse répondra sans doute d'emblée à la question rituelle " mais pourquoi diable écrivez-vous, vous aussi ? ", j'ai toujours l'impression de vivre des mois intéressants depuis que je fais ce boulot (et je n'emploie pas juste l'adjectif "intéressant" parce qu'il illustre une malédiction chinoise). Sauf que ce coup-ci, vous savez quoi ?, ça va être encore plus rigolo & spécial, dans la mesure où je vous embarque dans mes bagages, au sens figuré et au sens propre.
J'avais pensé, en matière d'introduction, vous servir un mini-texte malin façon interrogatoire de police made in Wyoming avec, évidemment, des murs crasseux, une ampoule nue, une table en fer et un commissaire fatigué / divorcé et à 95% alcoolique censé représenter l'instance Book en Stock (trop sympa)... et moi dans le rôle du prévenu malingre, du mec bizarre et agité à qui on s'est juré de faire cracher tous ses sales petits secrets - en fait, je me voyais un peu comme Rust Cohle dans True Detective, à confectionner des sculptures incompréhensibles avec des restes de cannettes de bière tout en lâchant de-ci de-là quelques aphorismes métaphysiques parfaitement énigmatiques.
Mais je ne suis pas Rust Cohle, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour la communauté et, de nombreux auteurs ayant déjà fait en ces lieux étalage de leurs talents fictionnels en guise d'auto-présentation, je ne me voyais pas vraiment en rajouter une couche. (En revanche, s'il vous prend l'envie saugrenue, au cours des semaines à venir, de me demander d'écrire sur quelque chose en particulier - pas un gros texte, hein, 20-30 lignes maxi - eh bien, je relèverai le défi avec plaisir quel que soit le thème, tant il est vrai que j'adore les paris idiots et les exercices à contrainte.)
" Attendez, pourquoi ce type affirme-t-il qu'il va nous embarquer dans ses bagages au sens propre ? " vous demandez-vous à présent, légèrement anxieux(se), depuis le troisième balcon du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, en levant à vos yeux vos jumelles en nacre et laiton doré pour mieux suivre sur scène le spectacle déconcertant de mes gesticulations solitaires.
Simple. Dans quatre jours, et pour trois semaines, je pars à la Réunion. Et je n'y vais pas seulement parce que j'ai pris requin-tigre en seconde langue au collège, pas seulement parce que je suis convaincu que le dodo existe encore si on prend la peine de boire suffisamment de bières locales pour distinguer son ombre, pas uniquement parce que j'avais envie de suivre Chelsea-PSG à minuit heure locale dans un bar de Saint-Gilles-les-Bains tenu par des Marseillais, mais aussi parce que je vais rencontrer des collégiens pour parler littérature, comme je le fais depuis plus de douze ans maintenant. Et donc : causer avec vous de là-bas risque d'être particulièrement sympa. J'espère bien, au passage, que ça nous donnera l'occasion d'aborder le sujet de la littérature pour ados sous un angle suffisamment élargi - comment donner le goût de lire à ces passionnantes créatures, par exemple, comment croire encore, et plus que jamais, en l'avenir du livre, dans une civilisation dominée en apparence par le culte de l'immédiateté et une propension malheureuse à rédiger des statuts Facebook complètement ineptes.
Autre hasard du calendrier : mercredi soir, c'est la soirée Super 8, la nouvelle maison d'édition dont je suis le directeur éditorial. Je ne vous promets pas de photos compromettantes mais je vous assure que je ferai de mon mieux pour ne pas trop picoler afin d'être en mesure de répondre à vos questions dès le lendemain matin sans avoir l'impression qu'on m'enfonce une tige métallique chauffée à blanc dans l'œil droit à chaque fois que j'appuierai sur la touche espace de mon clavier.
A l'intention de ceux qui ne me connaissent pas ou qui n'auraient pas d'idées de questions gênantes à poser, sachez que j'écris des romans, des nouvelles (pour les adultes, pour les ados et pour les enfants) ainsi que des scénarios de BD, des pièces de théâtre radiophonique, des articles pour Chronicart tous les deux mois et des notices de blog.
Editeur, c'est juste pour passer le temps.
A part ça, un grand merci à Emma & Dup d'organiser cet échange. De façon très générale, il me semble primordial de donner au débat littéraire ce qu'il mérite, et ce sans quoi il ne saurait exister : du temps et de l'espace. Je vous attends !
Du roman de terroir, mdr ! Ou du Harlequin ? :))La littérature générale donc... de toute façon, ton lectorat te suivra. Et puis passer du polar à la littérature générale a bien réussi à Pierre Lemaitre, alors c'est tout le mal que je te souhaite !
Bon, je papote, je papote et tout cela n'a rien à voir avec ma question. En fait je voulais revenir sur le sujet de ma question précédente : Albin Michel, Michel Lafon; Flammarion, Sonatine, Bragelonne... l'éventail est large, en fait on te retrouve un peu partout ! Est-ce toi qui a fait la démarche de les contacter où sont-ils venus te chercher pour te proposer un thème, une orientation ? Une anecdote à ce sujet ?
Voici comment les choses se passent : quand j'ai une idée de livre, j'ai un éditeur en tête. Un seul. Je lui propose mon livre - fini ou non, à l'état de projet parfois. S'il n'en veut pas, j'arrête tout et je passe à autre chose. Albin Michel et Sonatine, pour citer les plus emblèmatiques, sont des éditeurs vers lesquels je suis allé. Dans certains cas, "on" est venu à moi, et ça a parfois eu tendance à me refroidir. Comme disait Groucho Marx, "je ne voudrais pas entrer dans un club qui m'accepte comme membre."Bonjour Fabrice !
Tu m'excuseras, je ne sais pas vouvoyer ^^
Je ne me fais pas d'illusion sur les auteurs en salon, et je pense que nombre de lecteurs l'ont également compris, une belle opération de com'. Je conçois que ça soit éprouvant, faire des dédicaces, vendre ton sourire à l'objectif que tu n'as même pas demandé. Put** je détesterais ça !
Mais je t'avoue j'ai déjà pris un mur de la part d'un auteur, juste parce qu'il ne m'a pas considéré, comme si je ne méritais pas ces écrits et ça bordel, je crois qu'il se serait pris propre et net son bouquin dans la tr... si la rencontre avait été physique ( j'ai revendu son livre d'ailleurs ^^) Bref je pense aussi que le lectorat qu'on l'estime ou pas peut être respecté.
J'en viens à mes questions, comment travailles-tu tes personnages ? Comment tu les fais " naître " ?
Et quand tu écris un roman, sais-tu par avance pour quel public il sera adressé ? Si oui, comment cela se travaille-t-il ? Quels sont " les codes " pour un Jeunesse/YA adult, qu'on ne retrouvera pas pour la littérature adulte ? Au niveau de la correction après écriture, y-a t-il des différences fondamentales en fonction du public visé ?
Sinon ai-je des chances de te rencontrer sur Etonnants Voyageurs ?
Bonjour Fabrice !
Tu m'excuseras, je ne sais pas vouvoyer ^^
Je ne me fais pas d'illusion sur les auteurs en salon, et je pense que nombre de lecteurs l'ont également compris, une belle opération de com'. Je conçois que ça soit éprouvant, faire des dédicaces, vendre ton sourire à l'objectif que tu n'as même pas demandé. Put** je détesterais ça !
Mais je t'avoue j'ai déjà pris un mur de la part d'un auteur, juste parce qu'il ne m'a pas considéré, comme si je ne méritais pas ces écrits et ça bordel, je crois qu'il se serait pris propre et net son bouquin dans la tr... si la rencontre avait été physique ( j'ai revendu son livre d'ailleurs ^^) Bref je pense aussi que le lectorat qu'on l'estime ou pas peut être respecté.
Salut Cornwall, comme je ne sais pas de qui tu parles et que j'ai du mal à visualiser la situation (le mec qui pense que tu ne mérites pas son livre ? mais, euh, il compte prendre juste le fric des gens qui le méritent ?), je ne peux pas trop rebondir là-dessus.
J'en viens à mes questions, comment travailles-tu tes personnages ? Comment tu les fais " naître " ?
J'ai énormément de mal avec cette question parce que c'est mon gros point faible ; il y a toute une mythologie autour de cette question qui met les auteurs en transe et ça me gêne un peu parce que pour moi, l'essentiel repose sur la technnique. Je n'ai pas envie de te faire une réponse présomptueuse. J'imagines des gens, je prends des notes dessus, etc. Je n'ai pas la sensation de les "ravailler" mais je comprends ce que tu veux dire.
Et quand tu écris un roman, sais-tu par avance pour quel public il sera adressé ? Si oui, comment cela se travaille-t-il ? Quels sont " les codes " pour un Jeunesse/YA adult, qu'on ne retrouvera pas pour la littérature adulte ? Au niveau de la correction après écriture, y-a t-il des différences fondamentales en fonction du public visé ?
Les deux thèmes qui changent sur le fond, ceux que je traite d'une façon différente : le sexe, la violence. Il y a aussi la question très délicate de la profondeur métaphysique. L'écriture n'est pas une fin en soi en littérature jeunesse. C'est un autre tabou. Mais comme je n'ai jamais non plus écrit un roman pour adultes en mettant strictement le style au premier plan, répondre à cette question n'est pas aisé pour moi.
Sinon ai-je des chances de te rencontrer sur Etonnants Voyageurs ?
Hélas non ! Je ne sais pas pourquoi je ne suis plus invité à ce salon - je l'adore pourtant.
Han l'autre frimeuse :p
Je te vois venir, on commence par dire qu'on est bretonne, ensuite bibliothécaire.
Après tu demandes si un choc thermique ne le traumatiserait pas et après hop tu l'invites à la médiathèque :p
Il pleut à La Réunion aujourd'hui et il y a pas mal de Bretonnes. Franchement, je tiens le coup.
Merci pour les réponses apportées et pour nous narguer avec ce soleil et cette mer à 28° !! Heureusement, j'ai un rayon de soleil juste à côté de moi sans quoi ce serait déprimant :)
Je rebondis sur une de tes réponses à propos de 2° vie et de sa fin. J'avoue que je lis les fins des romans avant de les commencer et que celle de 2° vie me laisse perplexe. Mais je pense que je le lirais dès que ma bibliothèque aura investi !
Et je me demande, quand tu commences à écrire un roman, est-ce que (en général) tu sais déjà comment il va se terminer ? tu as déjà prévu les grandes lignes ou tout dans les moindres détails ?
Je comprendrais que ce ne soit pas aussi concret que le nombre de pages écrites en un jour, mais c'est ce processus de création qui est vraiment intéressant !
Profite bien du soleil ! et si les casquettes ne te vont pas, il reste les bobs (de pêcheur, look imparable) ou les chapeaux de pailles !
Je rebondis sur une de tes réponses à propos de 2° vie et de sa fin. J'avoue que je lis les fins des romans avant de les commencer et que celle de 2° vie me laisse perplexe. Mais je pense que je le lirais dès que ma bibliothèque aura investi !
Salut Crunches. Quelle habitude détestable ! Je dois dire que j'ai un peu la même.
Et je me demande, quand tu commences à écrire un roman, est-ce que (en général) tu sais déjà comment il va se terminer ? tu as déjà prévu les grandes lignes ou tout dans les moindres détails ?
Je comprendrais que ce ne soit pas aussi concret que le nombre de pages écrites en un jour, mais c'est ce processus de création qui est vraiment intéressant !
Il existe grosso modo deux types d'écrivains : les structuraux, qui établissent un plan, et les scripturaux, qui écrivent au fil de la ligne, à partir d'une situation de départ stimulante. Certains romans, les polars, notamment, me semblent très compliqués à écrire "sans filet". Je soupçonne les prétendus écrivains scripturaux d'écrire un premier jet totalement spontané et irraisonné avant de plaquer dessus le plan qui, entre-temps, s'est imposé de lui-même. Je ne sais pas si je suis bien clair !Profite bien du soleil ! et si les casquettes ne te vont pas, il reste les bobs (de pêcheur, look imparable) ou les chapeaux de pailles !
Bref, je suis un structural, de toute évidence; Donc, oui, je connais à peu près la fin quand je commence.
Ma femme m'a rejoint. Comme je ne veux pas qu'elle reparte, je vais rester tête nue.
Si tu n'étais pas auteur, quel métier aurais-tu aimé exercer ?
Fabrice :
Bonjour,
Je voulais savoir si le choix des USA (je n'ai lu que "Bal de Givre à NY" et "Passeurs de Mort" était dû à quelque chose en particulier, comme par exemple, plus facile à transposer des images mythologiques... Les grattes-ciel (verticalité et chemin vers le ciel) l'eau (horizontalité) Central Parc (horizontalité) avec par exemple la barque de Charon comme un parallèle avec la barque des passeurs... Je ne sais pas si je suis claire...
Fabrice : "Marrant ce que tu dis de Musso ; ça ne cadre pas avec ce que je connais de lui : un garçon très humble, qui fuit les mondanités. Tu parles d'une expérience personnelle ?"
= Non, je ne l'ai jamais rencontré. Je ne disais cela que par rapport à ce que j'ai pu voir de loin pendant des salons. Il sait donc très bien jouer la comédie ! Un changement de carrière à lui suggérer?
J'aime bien ce qu'a écrit Kafka. Mais je ne vous imaginais pas le lire. Je ne vous imaginais pas non plus vous tourner vers la littérature générale: trop "terre à terre". Mais vous ne semblez pas non plus vraiment suivre les effets de mode en littérature. (En ce moment, la dystopie et la romance érotique (hum...) sont l'objet de toutes les attentions des blogueuses par exemple). Vous arrive-t-il de vous sentir comme un marginal ? Que vous inspirent ces modes?
J'ai souvent envie de répondre "psychanalyste" bien que je ne croie pas du tout à la psychanalyse - ceci expliquant sans doute cela.Prof de fac, ça me plairait bien aussi.Mais je reviens d'un périple dans des collèges assez reculés de la Réunion, et ce qui s'y joue au plan humain me plaît énormément. Les profs et les documentalistes - enfin, les bons - méritent de façon générale notre admiration. Parfois, j'ai un peu honte d'être assis à ma table et d'écrire des trucs qui, avant tout, me concernent moi.
Question très intéressante, Ramettes, mais je crois bien que tu y as répondu toute seule. Il existe à mes yeux une "pyschogéographie" américaine (j'emploie ce terme depuis des années, je ne sais pas si je l'ai inventé ou piqué quelque part) - soit une propension du territoire à générer ses propres histoires spécifiques (les route sans fin, les déserts sans retour, les maisons de banlieue ouvertes, les motels, les canyons comme des cicatrices, etc.). Cette dualité verticalité / horizontalité (et chapeau pour la pertinence de cette thématique), j'en parle dans le prologue d'Or not to be. New York, c'est la vie, L.A., c'est la mort et le rêve, son corolaire. Dans Ta mort sera la mienne, le fait que Troy parte de la Floride n'a rien d'un hasard. L'Ouest, ne l'oublions pas, c'est le pays de la mort - là où le soleil vient sombrer dans une grande éclaboussure sanglante.
"Marrant ce que tu dis de Musso ; ça ne cadre pas avec ce que je connais de lui : un garçon très humble, qui fuit les mondanités. Tu parles d'une expérience personnelle ?"
= Non, je ne l'ai jamais rencontré. Je ne disais cela que par rapport à ce que j'ai pu voir de loin pendant des salons. Il sait donc très bien jouer la comédie ! Un changement de carrière à lui suggérer?
Ah, ah. C'est son banquier qui serait content. Tu sais, quand tu as des centaines de milliers de lecteurs, les choses deviennent très compliqués à gérer, et je tire personnellement un coup de chapeau à ce garçon, qui a su rester naturel avec ses proches, affable, même, et n'a jamais prétendu être autre chose que ce qu'il était : un écrivain populaire.
J'aime bien ce qu'a écrit Kafka. Mais je ne vous imaginais pas le lire. Je ne vous imaginais pas non plus vous tourner vers la littérature générale: trop "terre à terre". Mais vous ne semblez pas non plus vraiment suivre les effets de mode en littérature. (En ce moment, la dystopie et la romance érotique (hum...) sont l'objet de toutes les attentions des blogueuses par exemple). Vous arrive-t-il de vous sentir comme un marginal ? Que vous inspirent ces modes?
Kafka est un vieil amour, et il me semble que le moment est venu d'embrasser cet amour. On est en présence d'un personnage unique, qui ne ressemble pas du tout aux clichés qu'il génère : un combattant, un féroce défenseur de la vérité. C'est en cela qu'il m'intéresse. J'aime beaucoup les modes littéraires. J'en suis certaines, d'ailleurs : la dystopie, les vampires. C'est drôle, parce que ce n'est jamais volontaire. Nous sommes traversés par des courants et il pourrait être intéressant de comprendre pourquoi. Les vagues viennent mourir à nos pieds mais nous ne savons pas où elles prennent naissance. Je ne me sens pas du tout comme un marginal par rapport à ça. Et mon roman de littérature générale, s'il voit le jour, ne sera pas si terre à terre que tu sembles le craindre ou le penser
Je m'étais promis de trouver une question et à ce que j'ai pu lire déjà il y a eu beaucoup de questions ! Il faut dire que votre bibliographie est assez conséquente et vos fans nombreux ! Pour ma part j'ai lu uniquement Blue Jay Way que vous m'avez de plus gentiment dédicacé à la fête du livre de Saint-Étienne.
Par ailleurs je vous lis presque quotidiennement sur votre blog que j'apprécie beaucoup (même si parfois je ne vous suis pas sur certains avis musicaux ou que je ne parviens pas à déterminer si oui ou non vous avez aimez un film....Alors Grand Budapest Hôtel c'était bien non ?).
Une chose que j'aime particulièrement sur votre blog c'est vos billets sur vos voyages ! Un régal !!! J'adore . Un carnet de voyage vous tenterait-t-il ?
Je suivrais également avec attention votre projet de co-écriture "Vers chez les morts". Je trouve le concept très intéressant. J'adorerais prendre le temps de vous envoyer un petit quelque chose mais je ne sais pas, je n'arrive pas à m'y mettre.... ça ne s'improvise pas l'écriture...
Bon voilà, c'est plus un petit commentaire que de réelles questions même si j'en pose finalement.
Bonjour Didi, je me souviens bien de vous et du salon de Saint-Etienne.
Oui, j'ai beaucoup aimé Grand Budapest Hotel, et je me dis que je dois rédiger parfois mes chroniques sur un ton un peu trop précieux, pour qu'il soit à ce point difficile d'en tirer des conclusions concrètes après lecture !
Quant au carnet de voyages, c'est une idée qui m'a déjà trotté dans la tête, en effet. Mais je ne sais pas trop qui ça intéresserait.
Enfin, pour Vers chez les morts, il reste encore du temps, lancez-vous !
Bonjour Fabrice, je vies de remettre au goût du jour ma chronique sur "Ta mort sera la mienne" et viens de découvrir à ma médiathèque référente et en livre de poche les 3 tomes de "Winterheim", je vais tenter de les lire d'ici fin avril pour me faire une idée d'une de vos autres facettes d'écriture. J'ai lu avec intérêt les échanges précédents et il apparaît que l'éclectisme est votre grande qualité. Après vous voir lu dans ce road thriller , je me demandais si vous considérez nos sociétés contemporaines comme définitivement violentes et perdues ? Un tel bain de sang et de déchaînement de meurtres en série ne peut-il être que la seule voie possible ? Pensez vous pouvoir écrire dans un autre de vos livres des histoires pour lesquels la réédition est possible et le destin moins noir ? Vous le savez, la rencontre de vos lecteur est toujours un point fort pour se faire connaître mais comment faîtes vous avec les autres professionnels du livre que sont les médiathèques ? Avez vous déjà ainsi été invité à des rencontres dans ces lieux ?
Fabrice : Hello Fabrice, c'est encore moi ^^Maintenant que nous avons épluché les travers des uns et des autres, je me permets de passer au 'tu' puisque cela ne semble pas te déranger.
J'ai fini 49 jours et je me demande si tu as toujours eu en tête de faire une suite ? Même si on serait resté un peu dans l'expectative sur certaines choses, il me semble que l'histoire aurait pu s'arrêtait là également, non ?Bonjour Olivier, et merci pour votre belle chronique. Votre question est bien difficile. J'ai des jours sombres, de grand pessimisme (intéressants pour un écrivain, ces jours) et d'autres où je me dis que nous avons toujours, de tous temps, considéré notre époque comme une époque de décadence et de déréliction. Mais mon 3e roman, Jenny, n'offrira je le crains qu'un espoir très ténu au lecteur. Cette lumière infime peut-elle suffire ?
Par ailleurs, oui, je vais souvent dans des médiathèques, je dirais une dizaine de fois par an, et c'est la plupart du temps passionnant - en tout cas pour moi. Je vais aussi dans des collèges, je pense voir une cinquantaine de classes par an.
Hello Fabrice, c'est encore moi ^^
Maintenant que nous avons épluché les travers des uns et des autres, je me permets de passer au 'tu' puisque cela ne semble pas te déranger.
J'ai fini 49 jours et je me demande si tu as toujours eu en tête de faire une suite ? Même si on serait resté un peu dans l'expectative sur certaines choses, il me semble que l'histoire aurait pu s'arrêtait là également, non ?
Une autre question, un peu plus triviale : tu imagines vraiment un "paradis" où on aurait plus besoin de se nourrir ? Une vie sans pouvoir profiter de toutes les saveurs que recèle la terre, c'est un peu triste non ? Imagine : impossible de goûter au 'ti punch ou à la bière locale (sans parler du chocolat et du foie gras !)
Comme tu y vas.Fabrice :
Oui, sans doute. Mais dès le départ, le projet était de faire deux livres. J'aime bien l'idée d'un diptyque composé de deux romans très différents, et c'est comme ça que je l'ai vendu à Michel Lafon.
Une autre question, un peu plus triviale : tu imagines vraiment un "paradis" où on aurait plus besoin de se nourrir ? Une vie sans pouvoir profiter de toutes les saveurs que recèle la terre, c'est un peu triste non ? Imagine : impossible de goûter au 'ti punch ou à la bière locale (sans parler du chocolat et du foie gras !)
Ah, ah, je n'avais pas pensé à ça. Je suppose qu'il existe une explication psychanalytique concernant le plaisir et la culpabilité. Mais tu as raison : ce serait assez triste. Heureusement que ça ne dure que 49 jours.
Merci d'avoir confirmer ce que je supposé et d'avoir complété... je n'avais pas pensé à cette notion d'Est et Ouest...
Je n'ai pas eu le temps de lire "Projet oXatan" que j'ai dans ma Bal (juste une question de temps) par contre en le feuilletant un peu, j'ai une question...
Avez-vous déjà tenu un journal Intime ou un journal de Bord ou un journal de Travail ?
Autre question qui a peut-être déjà été posée... Quel est le prochain qui va paraître ? jeunesse ou adulte ?
J'espère que le lapin de Pâques a pensé à vous !
Ramettes, le seul journal intime que j'aie jamais tenu était une chronique des mes émois amoureux de l'année 1987, si je me souviens bien. J'étais épris d'une Allemande qui habitait à mille kilomètres de chez moi. L'histoire s'est finie en eau de boudin, mais ce journal m'a permis de tenir le coup et de passer à autre chose.
Le prochain roman à paraître ne vous intéressera pas beaucoup - c'est un livre sur l'entrée en Sixième (septembre). Je travaille sur trois autres titres, deux en adulte, un en jeunesse.
ravie de te trouver ici, même si j'ai un peu de retard au démarrage! Je viens de lire toute l'interview et ce que je découvre cadre bien avec l'image que j'ai de vous, que ce soit sur les salons (où j'approche souvent les auteurs d'assez loin...) ou dans la lecture et le rapport au livre en général.
J'ai lu pas mal de vos romans, en littérature jeunesse principalement, et je me permet de rebondir sur votre réponse à Kilouche, où vous avouez suivre certaines modes, comme la dystopie et les vampires.
J'ai souvent eu l'impression, en vous lisant, d'avoir affaire à deux auteurs :
- un qui écrirait ses idées, ses livres
- l'autre qui céderait à des demandes d'éditeur - ce qui correspond aux fameuses modes.
Le premier a sans aucun doute ma préférence, avec des romans plus aboutis à mon goût. Avez-vous déjà ressenti cette différence ?
Bonjour Sophie, ravi de vous retrouver ici. Votre question est complexe : écrit-on jamais à 100% les romans qu'on voudrait écrire ? Je n'ai pas de réponse à ça. Ce que je lis ici ou là ne me laisse pas toujours cette impression, en tout cas. Je sais que certains auteurs en littérature générale, notamment, cherchent des "sujets". Quand vous écrivez sur DSK ou sur la fermeture d'une usine, par exemple, ce n'est pas anodin. Je pourrais citer d'autres exemples en littérature jeunesse mais je ne suis pas dans la tête des gens, je peux me tromper.
Pour répondre directement à votre question, je n'ai pas le sentiment de céder à des modes. Mais il existe incontestablement un "air du temps", dans lequel je baigne comme les autres. Et il est très difficile de se fermer à ça, surtout quand on écrit beaucoup.
Je relisais ce que tu disais à propos des salons et de l'attitude que cela suppose, ce qui m'a amené à une autre question : dans la "vraie vie" est-ce que tu arrives à vivre comme tu le souhaites, ou est-ce que tu es reconnu/sollicité quand tu te déplaces ?
Autre question qui n'a rien à voir, en repensant aux 7-8 romans que j'ai lu de ta plume, je me rends compte qu'aucun ne m'a tiré une petite larme (mais je le vis bien, aucun souci là-dessus!). Tes personnages sont souvent fonceurs, ou résignés pour certains. Est-ce que c'est volontaire et que verser trop dans l'émotion ne t'intéresse pas ? Ou c'est moi qui n'ai pas de cœur ?
Enfin, simple constatation, j'ai beaucoup aimé Arcadia qui va me marquer pour un moment et qui m'a fait complètement voyager. Je ne crois pas avoir lu un roman plus dingue (ne t'y trompe pas, c'est un compliment!)
Bonne continuation à la Réunion!
Je relisais ce que tu disais à propos des salons et de l'attitude que cela suppose, ce qui m'a amené à une autre question : dans la "vraie vie" est-ce que tu arrives à vivre comme tu le souhaites, ou est-ce que tu es reconnu/sollicité quand tu te déplaces ?
Bonjour Stella. Je ne connais aucun auteur qui soit assez connu pour être sollicité dans la rue. Amélie Nothomb, peut-être ? Je déjeune régulièrement avec le plus gros vendeur de livres en France et je ne l'ai jamais vu se faire interpeller. alors moi, tu penses... Le mieux (?) qui puisse m'arriver, c'est que quelqu'un connaisse mon nom - généralement, un(e) documentaliste. Je vis ça extrêmement bien.
Autre question qui n'a rien à voir, en repensant aux 7-8 romans que j'ai lu de ta plume, je me rends compte qu'aucun ne m'a tiré une petite larme (mais je le vis bien, aucun souci là-dessus!). Tes personnages sont souvent fonceurs, ou résignés pour certains. Est-ce que c'est volontaire et que verser trop dans l'émotion ne t'intéresse pas ? Ou c'est moi qui n'ai pas de cœur ?
Peut-être que je ne suis pas doué pour faire pleurer les gens. Ou peut-être que ça tient aux personnages, en effet. Je ne veux pas dire des bêtises là-dessus. Quelques lecteurs/lectrices, cela dit, ont déclaré avoir versé une larme à la lecture de tel ou tel roman. Je ne pourrais pas te donner de titres.
Enfin, simple constatation, j'ai beaucoup aimé Arcadia qui va me marquer pour un moment et qui m'a fait complètement voyager. Je ne crois pas avoir lu un roman plus dingue (ne t'y trompe pas, c'est un compliment!)
Fabrice :Bonne continuation à la Réunion!
Rebonjour Fabrice
A propos de questions:
Quelle est celle que l'on te pose tout le temps et qui te "sort par les yeux"
Quelle est celle (ou quelles sont celles) que tu aimerais que l'on te pose (et si tu en as, donne nous aussi la réponse qui va avec :)) Quelle est celle que l'on te pose tout le temps et qui te "sort par les yeux"
Merci ! "Dingue", c'est drôle, c'est un qualificatif qui revient souvent pour ce roman - j'imagine qu'il fallait être un peu frappé pour l'écrire comme je l'ai écrit. C'est un livre très imparfait mais je suis content qu'il existe .Quelle est celle (ou quelles sont celles) que tu aimerais que l'on te pose (et si tu en as, donne nous aussi la réponse qui va avec :))
Rebonjour,
les adaptations cinématographiques sont à la mode ces temps-ci : est-ce envisageable pour un de tes ouvrages ? Le souhaites-tu simplement ?
Hello Nahe. Il y a déjà eu des contacts pour des cessions de droits. Il y en a encore. Mais ça ne me passionne pas en tant que tel. La distance qui sépare l'achat de droits du film est très importante et la plupart des auteurs sont fascinés par le cinéma parce que ça représente de l'argent mais en termes artistiques, c'est rarement formidable. Ceci étant, si quelqu'un veut faire un film d'un de mes romans ou autre, il a ma bénédiction - pour l'histoire, c'est une autre vie qui commence.
Une petite questions à propos des réseaux sociaux, blogs, sites et Cie. Es-tu du genre "stressé" ?Lorsque sort un de tes romans, attends tu avec impatience les premiers retours/critiques/commentaires etc ... Comment le vis-tu et comment y réagis tu?
J'étais raisonnablement stressé il y a quelques années encore et j'avais tendance - comme la plupart des écrivains que je connais - à m'adonner à l'ego-surfing chronique. L'âge aidant, j'ai fini par accepter qu"il était impossible de faire l'unanimité, que plus on était connu, plus le nombre de gens qui ne vous aiment pas grandissait (le problème, si c'en est un, est que j'ai très rarement lu en lisant une chronique négative quelque chose que je ne savais pas déjà - pour en avoir écrit moi-même, je sais qu'elles servent plus à ceux qui les écrivent qu'à ceux à qui elles sont destinées), et que tout ça n'était pas important. Et je vis tout ça très bien. Mais par ailleurs, je suis très sensible aux mots personnels, aux gens qui disent "continuez de nous faire rêver", ce genre de choses, je trouve ça très beau, et assez courageux aussi.
"Où trouvez-vous l'inspiration ?" Eh bien, écoutez, il existe une boutique pas loin de chez moi, ils vendent de l'inspiration en barquette à 4€90, le seul truc c'est qu'ils sont fermés le dimanche alors il vaut mieux faire des réserves.Sans rire, c'est une question mal posée et paresseuse, je trouve. Elle m'oblige à formuler des réponses de trois pages (quand je suis de mauvaise humeur).
J'aime qu'on me demande quels sont mes livres préférés parce que je vais vous faire une confidence : je m'en fous un peu, de mes propres romans. A l'heure de ma mort ou de la vôtre, tout ça n'aura pas grande importance. En revanche, il n'est pas de plus grand plaisir, intellectuellement parlant, que de se faire passeur. Aussi, je ne conseille un roman que quand je pense qu'il peut émerveiller les gens, les ébranler, changer quelque chose en eux.
Sur les douze mois écoulés :
Dans le grand cercle du monde, de Joseph Boyden (je suis en train d'interviewer le monsieur).
Confiteor, de Jaume Cavré (j'ai interviewé le monsieur)
Le Chardonneret, de Donna Tartt.