The grand budapest hotel

Publié le 12 avril 2014 par Olivier Walmacq

Un homme raconte les années où il fut groom au service d'un certain Mr Gustave et ses aventures avec son mentor...

La critique hôtelière de Borat

Wes Anderson est un cas particulier dans le cinéma américain et notamment en raison de son implantation à Paris, s'impose comme le plus européens des réalisateurs américains. Dire qu'il vient du Texas paraît d'autant plus étonnant que ses récits ne sont pas remplis de types avec des chapeaux sur la tête et encore moins à cheval! Après avoir exploré l'Inde dans A bord du Darjeeling Limited quand ce ne fut pas les confins de l'animation avec Fantastic Mr Fox; c'est l'Europe de l'est (particulièrement dans un pays fictif nommé Zubrowska) qui est le théâtre de The Grand Budapest Hotel. Et comme à son habitude, il n'a pas fait les choses à moitié pour choisir son casting absolument prestigieux et composé de certains fidèles que l'on reconnaîtra facilement: Ralph Fiennes, Tony Revolori, F Murray Abraham, Mathieu Amalric, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, Saoirse Ronan, Jude Law, Tom Wilkinson, Jason Schartzman, Edward Norton, Bill Murray, Tilda Swinton, Owen Wilson et Léa "mais on la voit partout c'est pas possible" Seydoux. Evénement s'il en est, le film est un véritable carton aux USA car diffusé dans seulement quatre cinémas, il a réussi à amasser plus de 800 000 $ (ce qui en fait la sortie limitée la plus lucrative de tous les temps) et en France les salles augmentent au vue du succès progressif du film (c'est le plus gros succès d'Anderson en France).

La structure du film est plutôt cocasse, passant de mise en abîme à mise en abîme jusqu'à changer de format. Dans un premier temps, nous voyons une jeune fille devant un buste de Stefan Zweig (le poète qui a inspiré Anderson pour ce film) avant de nous montrer la couverture arborant le titre du film. Puis nous passons à une vision de son auteur (Wilkinson) qui nous donne un avant-goût de ce qui va se passer. Le récit se téléporte alors en 1968 où l'auteur (désormais incarné par Jude Law) était à l'hôtel en titre et y rencontra Mr Zero (Abraham). Enfin, ce dernier raconte son histoire se déroulant en 1932 dans ce même hôtel et le format de l'image passe alors en 4/3. A partir de ce moment et en dehors de quelques apparté en 68, l'action se déroule entièrement en 32 et les années suivantes. Rien qu'avec cette introduction, Anderson se permet toutes les excentricités et met en confiance le spectateur pour ce qui est du ton de son film, à savoir totalement improbable. Anderson réalise un film purement burlesque dans la veine de ceux de Charlie Chaplin ou Buster Keaton, tout y impregnant son propre style à l'image de l'aspect centré de la caméra. On pense notamment à ces plans fixes où vous voyez un personnage sortir du plan puis revenir subitement à un étage ou une direction différent.

Le plus amusant étant la manière absurde que peuvent avoir certains événements et de les faire revenir à une certaine banalité. Preuve en est lorsqu'une tête est retrouvée dans un linge (ce qui rappelera à certains spectateurs un film de David Fincher), la réaction du flic incarné par Norton est affreusement banale, comme si on lui avait dit qu'il n'y avait plus de sucre pour le café! Il en est de même pour celle de personnages clés où cela devient limite un gag et cela pour notre plus grand bonheur. Notons également le passage des doigts manquants qui est d'une absurdité impressionnante et terriblement jouissive. Du pur burlesque comme on en fait très peu et avec suffisament de subtilité pour que le spectateur s'en amuse. Par ailleurs, mon passage préféré reste la scène de ski qui n'est pas sans rappeler Fantastic Mr Fox à plus d'un titre que ce soit par la fluidité du montage, mais aussi de par sa folie visuelle. Sans compter l'évasion d'une inventivité totale. Pour ce qui est du casting, il est absolument irréprochable même pour ce qui est des caméos (on pense à Schwartzman en groom ou Norton en flic). Par ailleurs, cela faisait longtemps que Ralph Fiennes n'avait pas fait une prestation aussi formidable et il faudra suivre la révélation Tony Revolori. Pour ceux qui ne l'aiment pas, sachez que Léa Seydoux apparaît moins de cinq minutes.

 

Une comédie burlesque jouissive et au casting impeccable.

Note: 18/20