COMMENTAIRE DE DAVID :
"Vu les notes de Neal Martin sur erobertparker, 2013 est une catastrophe.
90 % des vins sont entre 85 et 90.
Il n'y a que des journalistes français peu indépendants comme Bettane ou
Burtschy pour dire que le millésime est correcte ou offre des
opportunités.
Les prix sont tjrs 30 % plus cher que 2008 alors que ce dernier est bien supérieur...
La propagande par des Bettane ou Burstchy est à incroyable.
On poste des vidéos de consultants oenologiques pour dire que le
millésime est bon. Evidemment ils vivent en conseillant les chateaux,
ils ne vont pas cracher sur leurs clients....
A quand un peu d'indépendance.
Tout le monde sait que les stocks de 2010 sont énormes. En Asie, il n'arrive pas à les vendre.
Les chinois comment tout doucement à se rencontre de la supercherie. De
plus 90 % n'achètent pas le vin car c est bon mais juste pour faire
bien.... Je comprends tjrs pas comment accommoder la cuisine asiatique
de base avec du vin rouge de bordeaux ...
Les primeurs 2011 et 2012, les ventes ont été quasi nulles
Il va avoir à mon avis des situations financières très délicates si 2014
est médiocre. Et après on voudra encore leurs donnes de l'argent.... !
(ventes aux enchères...).
Les vignerons bordelais sont pour les lois de l offre et la demande quand cela les arrangent....
Arrêtez cette propagande pro bordeaux
Merci"
POINT A
Quand on discute, quand on évalue les vins "primeurs" d'un millésime comme 2013, il est sain de d'abord parler des qualités ou défauts du millésime, puis des AOC et enfin des vins eux-mêmes sans évoquer les prix.
POINT B
Ensuite, et seulement ensuite, on peut présenter les choses sous l'optique du RQP (Rapport Qualité-Prix).
POINT C
Les meilleurs critiques présentent généralement leur point de vue d'abord sur le millésime. Et c'est seulement après cette présentation qu'ils donnent leurs notes, qui sont alors, par définition, relatives au style de ce millésime.
Or, il est patent pour ces critiques que le millésime 2013 a connu les pires difficultés, a exigé de la part des producteurs des efforts, des travaux (donc des coûts) supérieurs à la moyenne… pour un résultat qui peut se définir ainsi :
"Un millésime où les meilleurs vins seront à consommer dans leur jeunesse, sur le fruit, sans qu'ils aient un potentiel de garde comme c'est le cas dans les bons et très bons millésimes, style 2001 ou 2010".
Une fois ce préambule bien expliqué et mis en place, alors les notes doivent se lire dans cette perspective.
POINT D
Il est évident que les critiques qui tirent leurs revenus de leurs lecteurs, via les abonnements payants à des sites idoines - ce qui est le cas aux USA - "bénéficient" de la part des lecteurs, consciemment ou non, d'un coefficient d'indépendance plus difficile à accorder à des critiques tirant indirectement leurs revenus de groupes de presse toujours soucieux de ne pas trop bousculer leurs annonceurs.
Pour bien les connaître, je peux vous dire que ni Michel Bettane ni Bernard Burtschy n'écrivent en fonction de relations particulières avec tel ou tel propriétaire. Ils savent parfaitement que les lecteurs attentifs noteront très vite ce biais et que leur futur dans le métier en pâtirait très vite. Certes, ce n'est pas toujours facile de rester rigoureusement indépendant et de ne pas tenir compte de facteurs en dehors d'une pure analyse du vin. Les deux auteurs cités ont suffisamment écrit ici ou là des articles qui témoignent de cette indépendance.
POINT E
Si Neal Martin vous a impressionné par ses commentaires que vous jugez "négatifs" du fait que ses notes sont entre 85 et 90, merci ne pas oublier que ces notes correspondent à ce qu'il pense du millésime, chacun sachant que des 96 ou 99 n'auraient aucun sens dans la mesure où l'amateur, fatalement, les comparera aux notes mises pour des millésimes réussis comme 2005, 2010 et autres 2001 ou 2000. Et surtout qu'il fait partie des virulents - comme nous - trouvant insensé la politique de prix de bien des noms connus. Bref : il punit le vin à cause de son prix presque plus qu'à cause de ses déficiences qualitatives. Attitude qu'on retrouve chez pratiquement tous les anglo-saxons trop heureux d'allumer Bordeaux.
Et pour avoir un point de vue plus serein, plus réaliste, je ne peux que vous conseiller, David, d'écouter les deux vidéos d'Antonio Galloni et de vous abonner à son site si vous voulez lire toutes ses notes où vous trouverez des commentaires précis, justes, et n'hésitant pas à louer ou à critiquer tel ou tel cru. ICI
Antonio est payé par ses lecteurs; c'est sa première prestation à Bordeaux où il n'a aucun rapport privilégié avec telle ou telle propriété. Il est venu sans a-priori, avec un oeil neuf, mais sans naïveté vis à vis d'un monde bordelais dont il a vite compris les contours, les egos, les suffisances, mais aussi les engagements qualitatifs de bien des producteurs.
Et ceux qui le connaissent savent qu'il a une approche du grand vin comme peu de critiques. Il suffit de lire ses notes sur la Champagne, l'Italie et, sopra tutto, la Bourgogne.
POINT F
Maintenant, sur la question des prix, vous le savez si vous nous lisez régulièrement, à quel point Bordeaux a détruit une cote d'amour avec ces hausses insensées des dernières années. Il est évident que cette année, des achats "primeurs" n'ont aucun sens - mis à part quelques raretés qui se comptent sur les doigts des deux mains - mais ce n'est pas une raison pour dire que tout est mauvais. Comme pour le 1997, d'ici quelques années, on trouvera de jolis vins, sans grande prétention certes, qui rappelleront à chacun que le vin est une boisson et non un Renoir ou une Blancpain, pouvant agrémenter un dîner entre amis pas foncièrement orientés exclusivement sur des prestiges d'étiquette.
Qu'il me soit permis de mettre ici un commentaire que j'ai mis sur le blog de Jean-Luc Thunevin (ICI) :
"La désaffection qu'a connu Bordeaux pour cette campagne n'est pas seulement liée à l'image qualitative du millésime, mais aussi au fait que le but premier des primeurs n'est plus d'actualité.
Je veux dire par but premier, le fait d'espérer acquérir des vins deux ans à l'avance à un prix qui serait inférieur au prix de sortie. A tort ou à raison, les clients finaux n'ont plus du tout l'impression qu'ils vont réaliser une plus value, au moins égale au coût de l'argent sur deux ans. Avec bien sûr l'exception de quelques crus dont la rareté et la réputation les mettent dans une classe à part.
Si on comprend parfaitement les difficultés de trésorerie que peuvent avoir nombre de propriétés, le manque cruel de cote d'amour des amateurs pour Bordeaux, fatigués des hausses excessives de ces dernières années, fait qu'ils ne se sentent aucune solidarité avec la propriété.
Il n'est que temps pour Bordeaux de rétablir un lien de respect avec cette clientèle, laquelle, avec les outils actuels de communication, trouve bien plus facilement ailleurs des vins qui peuvent remplacer sans trop de problème les crus bordelais.
C'est cruel pour les domaines qui s'escriment à faire plus que bon, même dans ces millésimes difficiles, tant l'image négative donnée par les "grands" les touchent si injustement.
Une des clés de cette nécessaire évolution serait que le négoce arrête d'avoir peur de ne plus être allocataire lorsque reviendront les grandes années. Ne jamais oublier que l'argent n'a pas d'odeur et donc que les châteaux devront toujours vendre sans se lier trop à quelques maisons.
POINT G
Maintenant, David, s'il est vrai que quelques grands consultants ont essayé de sauver cette campagne primeurs en modulant des commentaires nuancées dans un style bordelais quasi parfait, n'oublions jamais que Bordeaux ne se résume pas à 50 châteaux qui vendent plus une étiquette qu'une qualité, mais qu'il y a dans cette région des vignerons passionnés et passionnants capables de sortir, même dans une année impossible comme le 2013, des vins dont ils n'ont pas honte et à des prix qui ne sont pas des outrages à nos petits portefeuilles.
Oui, Bordeaux souffrira longtemps de sa politique de prix des "grands", de leur approche stupide de la clientèle chinoise, de la destruction des liens historiques entre "petits" et "grands", mais quelle sera la réaction des amateurs lorsque reviendra une année d'excellence comme le furent 1982, 1989, 1990, 2001 et autres ?
Va savoir, Charles …