C'est
une immense figure de l'art dramatique argentin qui vient de
disparaître à l'âge de quatre-vingt quatre ans. Alfredo Alcón
aura brillé dans toutes les disciplines de son art, sur la scène,
au grand écran et à la télévision. Ce matin, l'Argentine ressemble un peu à la France quand elle fit ses adieux à Jean-Louis Barrault...
Au
cours de sa longue carrière, il aura travaillé avec la crème des
artistes argentins. Il aura incarné tous les grands personnages du
répertoire classique depuis Shakespeare jusqu'à Samuel Beckett en
passant par Eugène O'Neil, Federico García Lorca et Alfred de
Musset.
El Santo de la Espada, film complet (1970)
Au
cinéma, il a incarné certains des plus grands héros nationaux,
comme José de San Martín en 1970 dans un film devenu un classique
d'entre les classiques, El Santo de la Espada, tiré de la biographie
romancée publiée en 1930 par Ricardo Rojas. Il a aussi été le caudillo fédéral
de Salta, Martín Güemes, le seul héros de l'indépendance à être
mort les armes à la main, et le gaucho épique Martín Fierro, sorte
d'Ulysse de l'Argentine.
L'année
dernière, il était à nouveau sur la scène, au Teatro San Martín,
pour interpréter Fin de partie de Beckett, avec le rôle de Hamm. Ce
qui a inspiré à Página/12 sa une ce matin.
Il
était né dans la Province de Buenos Aires, à Ciudadela, le 3 mars
1930. Il avait passé son enfance dans le quartier de Liniers à
Buenos Aires, ce qui en faisait un Portègne d'adoption. Au sortir du
conservatoire d'art dramatique, il a travaillé à la radio, comme
acteur de pièces radiophoniques, avant de monter sur scène puis
d'accéder aussi au cinéma, dont il sut éviter les pièges. Artiste
exigeant pour lui-même, sa carrière suivit une ligne de crête
exceptionnelle. Il sut aussi protéger sa vie privée et son
intimité, dans un monde pourtant fort impudique. Sa personnalité réelle est donc aussi mystérieuse que
sa carrière est brillante.
Il
est décédé hier matin, chez lui, dans le quartier de San Nicolás,
où il était revenu après plusieurs mois d'hospitalisation dans une
clinique du nord de la ville. Il est veillé dans la Salle des Pas
Perdus du Congrès de la Nation à Buenos Aires. La levée du corps
aura lieu vers 10h30 aujourd'hui, heure de Buenos Aires, et il sera
conduit au cimetière de la Characita par Avenida Corrientes. A
10h45, il est prévu que le cortège fasse halte devant la façade du
Teatro San Martín. Une très belle façon de lui rendre un ultime
hommage.
Toute
la presse l'a mis à la une ce matin.
La
tenue du Festival ABM où je donne cet après-midi une causerie ne me
laisse pas le loisir d'en dire plus mais je vous laisse regarder
l'acteur dans deux de ses films en costumes les plus universellement
connus dans son pays, El Santo de la Espada (1970) et La Maffia (1972), ci dessous.
La Maffia (1972)
Pour
aller plus loin :
lire
l'article principal de Página/12
lire
l'article principal de Clarín
lire
l'article principal de La Nación
accéder
au dossier du supplément people de La Nación, Personajes
lire
l'article de La Prensa
lire
la dépêche de Télam.
Je
vous invite à lire aussi l'article que Leonardo Liberman,
journaliste de Radio Nacional, lui a consacré hier dans son blog
culturel.