Depuis l’écrasante victoire du parti libéral du Québec (PLQ) sur le Parti Québécois (PQ) nous entendons toutes sortes d’affirmations à l’effet que le PQ a perdu de son importance dans la vie politique du Québec et du Canada et qu’il est sur une pente descendante qui l’amènera à sa disparition.
Certains de ses membres parmi les plus connus, comme l’ex-ministre Louise Beaudoin et le sociologue Gérard Bouchard, n’hésitent pas à affirmer : « l’ampleur de la sanction populaire signifie la mort d’un rêve, porté par une génération qui a échoué à transmettre aux plus jeunes son projet de pays ». Eux qui, il y a à peine un mois, annonçaient avec grande confiance la victoire de leur parti et rêvaient d’un référendum gagnant, aujourd’hui déblatèrent contre le PQ en le condamnant à un avenir noir.
Si on oublie les deux référendums qui ont brassé un peu trop et inutilement la cage et que nous nous rappelons les nombreuses lois qui ont été votées par les gouvernements qui ont suivi la révolution tranquille, beaucoup de progrès a été accompli. Parmi elles, il y avait celles des chefs péquistes René Lévesque, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard. Chacun a livré la marchandise : loi 101 sur la langue, lois sociales, assurance-auto, loi anti-scab, zonage agricole, programme Épargne-actions, etc… Malgré que j’aimais plusieurs de leurs décisions, je les ai combattus aux élections parce qu’ils voulaient tenir un référendum pour séparer le Québec du Canada, sauf en une occasion, en 1981, lorsque René Lévesque a gagné l’élection avec sa proposition « un bon gouvernement, sans référendum ».
À l’élection de lundi dernier, le PQ a perdu 24 députés et n’a récolté que 25,4% des votes, son deuxième plus bas score depuis sa création, tout en laissant filer le pouvoir qu’il avait acquis, par chance, en 2012 avec 31,95% du vote. Une vraie catastrophe !
Aujourd’hui, les commentateurs, chroniqueurs, blogueurs, politiciens fédéraux et autres affirment que 70%-75% des Québécois s’opposent à la tenue d’un référendum et, par conséquent, le PQ risque de disparaître. Est-ce la réalité ? Je ne le crois pas.
Durant les dernières années, jusqu’au lancement de la récente élection, les sondeurs affirmaient que 40% des Québécoises et Québécois favorisaient la séparation du Québec. Ce score a été constant de sondages en sondages. Je l’ai d’ailleurs utilisé maintes fois dans mes blogs pour souligner le danger possible qu’un référendum nous réservait. Il ressemble d’ailleurs étrangement à celui obtenu par René Lévesque lors du référendum de 1980, lorsque le OUI avait obtenu 40,6% des suffrages. J’ai la conviction que dans quelques mois, nous retrouverons le même score de 40% dans les sondages.
C’est donc dire que pour gagner un référendum, le OUI doit recueillir 10% de plus de votes. Il l’a presque fait en 1995. Mais dans la situation actuelle, cela semble impossible malgré que ce soit une relative petite marche à monter.
Pauline Marois a perdu l’élection à cause de son utilisation malencontreuse de la charte des valeurs et la tenue d’un référendum qu’elle cherchait à cacher. Trop de sources sérieuses, venues contredire ce qu’elle affirmait pour le démontrer, ont miné sa crédibilité. Sa décision d’aller en élection pour profiter de l’appui majoritaire qu’exprimaient les francophones à la loi 60, celle de la charte, ne s’est pas matérialisée en une victoire à cause de la mauvaise campagne électorale qu’elle a menée. Ajoutée aux votes négatifs presqu’unanimes des non-francophones à cause de la charte, ce fut fatal.
Jusqu’à un certain point, la PM Pauline Marois a dirigé un bon gouvernement comme je l’ai souligné dans quelques blogues, à ce moment-là. Les astres étaient bien alignés pour elle et son parti, au point que si elle avait mené une vraie bonne campagne et avait confirmé, dès l’annonce de l’élection, qu’il n’y aurait pas référendum durant son prochain mandat, il est raisonnable de penser qu’elle aurait pu maintenir son parti au pouvoir. Elle est donc directement responsable.
Mais rien ne dit que dans le futur, un nouveau chef ne pourra pas réussir là où elle a failli. Le problème est que le PQ n’a pas actuellement dans ses rangs un tel chef ou, s’il est là, il est bien caché, Parmi la panoplie de ses candidats possibles, aucun ne démontre être capable de gagner une élection. Les trois vedettes actuelles du parti, Drainville, Lisée et PKPéladeau, ont agi en bouffons sur scène le soir de l’élection. Alors que tout le Québec attendait, devant la télé, Pauline Marois qui devait accepter la défaite, chacun des trois mousquetaires mandatés pour préparer sa venue, a démontré un manque de jugement politique en prononçant, à tour de rôle, un discours pro-référendum alors qu’elle avait refusé d’en parler durant toute la campagne et que c’était la cause principale de sa défaite.
PKP semble favori actuellement pour devenir le nouveau chef du PQ. Ce milliardaire en a surpris plusieurs lorsqu’il a décidé de faire de la politique active. Séparatiste ardent, il s’est embarqué dans les circonstances que nous connaissons et, à la surprise générale, a fait déraillé la campagne de la PM Marois. Par la suite, nous l’avons vu plusieurs fois à la télé et entendu à la radio débattre ses positions politiques. Plusieurs électeurs ont été désappointés par ses prestations, surpris de sa difficulté à bien s’exprimer et de se produire en public. Orateur sans éloquence puissante et directe, sans prestance, il ne génère pas la confiance. Il n’est ni un René Lévesque, ni un Lucien Bouchard et ni même un Jacques Parizeau. Ceux-là étaient passionnés, connaissaient bien tous les dossiers et savaient s’exprimer avec ardeur, intelligence et conviction. On ne pouvait que les admirer, même si on ne partageait pas leurs avancés. PKP, pour sa part, a été bien superficiel dans ses discours, pas convaincant et même désappointant. Si je me fie aux nombreux commentaires que j’ai reçus depuis l’élection, il a « manqué son coup », il a manqué son entrée. Et ça c’est difficile à corriger car le mal est fait et ne devient pas orateur qui veut ! Malheureusement pour lui, Dale Carnegie n’est plus là !
En réalité, c’est triste parce que PKP pouvait être le prochain grand chef du PQ. Excellent homme d’affaires, il ne sera pas un grand politicien.
Sans PKP à sa tête, le PQ ne moura pas car l’idée est encore là. Qu’il s’adapte à la réalité et que le prochain chef se lève !
Claude Dupras