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Livide

Publié le 11 avril 2014 par Olivier Walmacq

Trois jeunes vont aller cambrioler une maison où l'un d'eux travaille, mais curieusement rien ne va se passer comme prévu...

Livide : affiche

La critique livide de Borat

Le cinéma de genre français actuel a des auteurs notables, mais encore faudrait-il s'en rendre compte. C'est le pari que veulent faire Alexandre Bustillo et Julien Maury qui ont préféré tourné des films pour la France et non les amerlockes. Ce qui ne les empêchent pas de rester des inconnus dans notre beau pays peu intéressé par le genre ou tout du moins n'aide pas à les rendre accessible. Peu de salles qui les diffusent et après ils s'étonnent que cela ne marche pas nos chers financiers français. Après le buzz d'A l'intérieur (qui n'a fait qu'un peu plus de 60 000 entrées, mais suffisament bien vu à l'international pour se faire une réputation), les deux cocos travaillent dans un premier temps sur le projet Neiges"un survival fantastique sur une autoroute enneigé. Le projet a intéressé Thomas Langmann qui nous avait contactés à l'origine pour réaliser le remake de Maniac. Très rapidement, nous avons travaillé en parallèle à l'écriture de Neiges sur des projets américains. Nous avons contacté Universal pour leur proposer un remake du Massacres dans le train fantôme de Tobe Hooper. (...) Les cadres d'Universal n'ont pas donné suite, prétextant qu'ils développaient un projet similaire, appelé Carnivale (on attend toujours et encore une fois, Universal a été bien conne -NDB)" *

Livide : photo

A cela rajoutez Esther (finalement réalisé par Jaume Collet-Serra) et Devil (réalisé par John Erick Dowdle) et puis arrive les frères Weinstein, diffuseurs américains d'A l'intérieur. "Nous sommes partis à New York pour rencontrer Bob Weinstein avec qui nous avons accepté de travailler su le remake de Hellraiser. Le début de cette collaboration fut assez idyllique: nous sommes allés voir Clive Barker chez lui, et il a aimé la direction que nous voulions prendre. Nous avons donc écrit une première version du scénario. Les vrais problèmes sont arrivés à ce moment-là puisque Bob Weinstein a décidé de rajeunir le film (notre héroïne avait la quarantaine bien tassée) en réorientant le scénario vers le slasher basique. Bob nous a alors proposé de travailler avec Patrick Melton et Marcus Dunstan, qui nous ont soumis deux pitchs que nous avons refusés en bloc. C'est à ce moment-là que nous avons décidé de casser le contrat et de partir. Nous étions donc repartis à fond sur Neiges quand Bob nous a téléphoné un soir pour nous proposer Halloween 2. (...) Tout se passait bien jusqu'au jour où Rob Zombie a décidé de revenir. (...) Nous sommes donc repartis de plus belle sur Neiges (....), quand Langmann nous a remerciés à son tour." *

Livide : photo

Au final, nos deux frenchy n'ont pas fait l'erreur de foncer dans l'aventure américaine fumeuse où ce sont engoufré les Matthieu Kassovitz et autres Xavier Gens pour ne citer qu'eux. A partir de là, ils sont partis sur Livide initialement prévu en anglais, même coproduit par Robert Rodriguez (ça ne s'invente pas), mais les deux larrons ont senti le projet s'évanouir notamment dans des divergences artistiques (les américains voulaient un happy end) et le budget de finir par être divisé de moitié. Livide s'impose très français dans son approche du fantastique et de l'horreur, plantant son décor dans la Bretagne des ports. Ce qui est quelque peu dommage c'est que les réalisateurs ont préféré miser davantage sur la seconde partie que la première, si bien que le spectateur s'ennuie ferme durant une bonne heure. Le problème étant que le film dure 1h30. La première partie s'avère assez chiante et surtout il ne se passe absolument rien. A vouloir trop planté le décor, les réalisateurs font beaucoup trop attendre le spectateur et l'exposition est beaucoup trop grande. 

Livide : photo

Ainsi, on suit une jeune fille débarquant dans le coin pour s'occuper d'une vieille dame et Catherine Jacob lui parle d'un trésor. Alors la jeune fille embarque son petit-copain et son frère pour une virée nocturne. On pense alors que l'intrigue va tomber dans la maison hantée, mais finalement non, c'est plutôt dans un survival que tourne Maury et Bustillo. A cela rajoutez un peu de vampirisme pas totalement assumé utilisé à la manière de Cronos de Guillermo del Toro. Sur ce point, les réalisateurs réussissent à créer une atmosphère pesante mêlant masochisme (la chorégraphe incarnée par Marie Claude Pietragalla y va à mort pour que tout soit millimétré) et vampirisme (sa fille en est une et elle la maltraite en conséquence). Le fait que la mère soit toujours là renvoie une nouvelle fois à Cronos avec l'homme ne viellissant pas et contraint de rester en vie par le pouvoir du sang. La matronne renvoie également à la sorcière de Suspiria de Dario Argento, à la fois de son côté autoritaire et surtout sur son emprise sur sa propre fille. On est même très content de voir d'aussi beaux moments de mélancolie avec cette ballerine dans les airs. Mais voilà si le style est là, Livide manque de rythme et n'est pas aidé par des personnages inintéressants et pas aidés par l'interprétation des acteurs (même si on s'étonne de voir la miss Jacob dans pareil film). Ainsi, on a la jeune fille en manque de sou, le petit-copain qui veut des sous et le frère qui suit tout le monde. Les trois cocos n'ont rien d'attachants et c'est bien dommage.

Livide : Photo Alexandre Bustillo, Julien Maury

Une production française assez bien réalisée mais manquant de punch, met une bonne heure à démarer et pas très bien interprété. 

Note: 6/20

Note naveteuse: 13/20

* Propos des réalisateurs issus de Mad Movies numéro 241 (mai 2011).


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