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Le Pen a eu la trouille d’un débat avec Martin Schulz

Publié le 11 avril 2014 par Letombe
Le Pen a eu la trouille d’un débat avec Martin Schulz

Avant même son passage dans l’émission “Des paroles et des actes”, Marine Le Pen annonçait sa volonté de ne pas débattre avec Martin Schulz, sous prétexte , comme le raconte un membre de l’entourage de la présidente du FN “"Elle n'est pas en concurrence avec Martin Schulz mais avec des listes françaises: ce sont des élections françaises".

Drôle de défense, pour celle qui a validé des candidats non français sur les listes Front national aux municipales dans le cadre, donc, d’élection purement française.

À l’écoute de ses déclarations sur l’économie européenne, il faut plutôt analyser ce refus comme un trouille de se retrouver face à un politique qui l’aurait explosé façon puzzle.

Une nouvelle fausse affirmation

Ainsi, la présidente du Front national affirme que "la balance commerciale de la France était bénéficiaire. Elle est devenue déficitaire exactement au moment où on est passé à l'euro".

Sauf, qu’une fois encore, c’est totalement faux. Mais ça fait sans doute plaisir à ses électeurs, qui ne comprennent pas le début du commencement de la réalité économique de notre pays.

Notre balance commerciale n'est pas devenue déficitaire "exactement" au moment où nous sommes passés à l'euro.
Les pièces et les billets en euro sont apparus dans les poches des Français le 1er janvier 2002. Ce n'est pas cette année-là que le commerce extérieur bascule dans le rouge.

En 2000 et 2001, la France était déjà dans le rouge. En 2002, elle est dans le vert, et en 2003, elle replonge dans le rouge pour y rester. Avec un déficit qui bat un record en 2011 : 74 milliards d'euros.

Déficits et excédents depuis 40 ans

Depuis 1970, le commerce extérieur français a alterné épisodes d'excédent et de déficit.
Dans les années 90, la France était en excédent commercial.
Dans les années 80, elle était en déficit et dans les années 70, il y a eu une situation d'équilibre, puis de déficit sur la fin de la décennie.

A ces différentes époques, on ne peut pas dire que l'euro était responsable puisqu'il n'existait pas.

L'Allemagne très bénéficiaire avec l'euro

Nos voisins sont en excédent quasiment sans discontinuer depuis 1970. Et depuis de début des années 2000, l'excédent n'a fait que gonfler (199 milliards en 2012), alors que l'Allemagne est passée à l'euro, elle aussi.

Le problème de la France à l'export va bien au delà de l'euro, c'est la désindustrialisation, la taille des PME, leur sous investissement, pas assez de recherche et développement.

L'euro n'est pas responsable de la hausse des prix

Du moins pas le seul. C'est ce qui ressort d'une enquête de Que Choisir. Le magazine a comparé le temps le travail nécessaire pour payer des produits ou services en 2002 et 2012 pour un salarié au Smic. Le Smic horaire, fixé à 6,83 euros bruts début 2002, s'élevait à 9,19 euros au 1er décembre 2011. Dans le même temps, le prix de la baguette de pain a grimpé de 27%, deux fois plus vite que l'inflation, à 85 centimes. Mais "pour se payer cette même baguette aujourd'hui, un smicard a besoin de travailler 20 secondes de moins qu'il y a dix ans", souligne le magazine.

A contrario, pour un poulet label rouge d'un kilo, dont le prix a bondi de 47%, le même smicard "devra travailler 4 minutes et 33 secondes de plus". Le magazine relève que les prix de la plupart des produits de consommation courante ont ainsi "grimpé nettement plus vite que l'inflation", d'où le sentiment que depuis l'euro, tout augmente. Cette idée est renforcée par une valse des étiquettes sur fond d'envolée des prix des matières premières.

Sept Smic et non plus douze pour acheter une Clio

Toutefois, "le temps de travail nécessaire" à l'acquisition de ces produits "a plutôt diminué, même si c'est parfois assez symbolique". Les produits manufacturés, comme les voitures, ou les téléviseurs, sont eux devenus moins chers, et en même temps plus performants. Là où il fallait près d'un Smic annuel pour s'offrir une Clio en 2002,"aujourd'hui sept mois suffisent".

Mais "ces gains de pouvoir d'achat ont été amputés par des dépenses contraintes de plus en plus lourdes", dont les hausses ne sont pas dues à l'euro, souligneQue Choisir. Le magazine cite le carburant, dont les cours dépendent de la demande mondiale et des crises géopolitiques, le gaz, corrélé au pétrole et à la libéralisation du marché de l'énergie, et surtout la hausse "vertigineuse" du logement. Un mètre carré dans le 15e arrondissement de Paris coûte 154% de plus qu'il y a dix ans, tandis que les loyers ont bondi de 34% dans la capitale et 32,8% en province.

Même conclusion pour 60 millions de consommateurs

Le magazine 60 millions de consommateurs fait le même constat. De 1998 à 2002, il avait relevé les prix d'une quinzaine de famille de produits dans des grandes surfaces de la région parisienne. Ce panier a augmenté en moyenne de 13,2% entre 2001 et 2011. Mais parmi cette hausse, le magazine observe de grandes disparités : les steaks hachés industriels ont pris +40%, le thon en boîte +30% et la baguette +29% mais mes yaourts nature ont baissé de 4% et les haricots vert extra-fins en boîte de 3%.

Les supermarchés avaient d'ailleurs augmenté leurs prix avant le passage à l'euro fait remarquer le mensuel.

Plus généralement, sur l'économie, laissons parler Pascal Perri, docteur en économie et patron du Cabinet PNC :

"Nous considérons toujours que la monnaie unique est la dernière plaie d’Egypte. On cite souvent l’exemple de la Grèce et d’autres pays d’Europe du sud mais ces exemples ne répondent pas à une logique monétaire. Ils sont le résultat de défaillance budgétaire, des politiques keynésiennes d’endettement, de redistribution de revenue, de laisser-aller budgétaire. Cela n’a strictement rien à voir avec l’euro. Justement, dans ces Etats malades sur le plan budgétaire, l’euro joue un rôle de catalyseur des difficultés."

"Le problème de l’Europe est avant tout budgétaire, et non monétaire. Le fait générateur des difficultés en Europe n’est pas la politique de la Banque centrale européenne, elle est au contraire gardienne de l’inflation. Le fait générateur, ce sont les déficits publics, le niveau d’endettement des Etats, des particuliers et des entreprises."

L’Europe et l’Euro ; le gloubiboulga des extrêmes

A force d'entendre l'ultra gauche et l'extrême droite se rejoindre dans un gloubiboulga qui mélange les dettes publiques, l'euro et les banques ; il était temps de remettre un peu les pendules à l'heure : non, l'euro et la crise de la dette n'ont rien à voir ; non, l'endettement des États et la crise bancaire n'ont rien à voir ; non, on ne peut comparer des États comme l'Espagne et la Grèce au reste de l'Europe. Et surtout ; non, l'Europe n'est pas dirigée par des fonctionnaires. Ce ne sont pas des Commissions qui la dirigent, mais des élus.

Mais bon ; il est bien plus simple d'écouter celles et ceux qui balancent des contre vérités faciles à comprendre, plutôt que de se prendre par la main pour tenter, soi-même, d'analyser la réalité des choses. Ceci étant, vu que cela dure depuis plus de 2 000 ans ; pourquoi changer une politique qui gagne : l'ignorance est plus confortable car elle permet de gueuler, tout le temps, sans aucunement agir.

Marine Le Pen se plante encore avec ses déclarations sur l’économie ; logique, son programme économique est à l’aune de ce type de déclarations absurdes et fausses.

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