Temporiser
L’enthousiasme suscité par les dernières annonces de la FED s’est dissipé hier. Dans le sillage d’indicateurs économiques mondiaux mitigés, les indices boursiers évoluent dans le rouge aujourd’hui (-1,19% à mi-séance pour l’Eurostoxx50). Il n’en reste pas moins que les indications de la banque centrale américaine revêtent une importance non négligeable. Alors que, depuis plusieurs semaines Janet Yellen commençait à préparer les investisseurs à un resserrement monétaire, avec notamment la définition d’un calendrier concernant une première remontée des taux directeurs (envisagée au premier semestre 2015), le discours se veut désormais bien plus mesuré.Le contenu des minutes montre que la FED semble vouloir temporiser, puisque les objectifs chiffrés (sur les taux de chômage et d’inflation américains), chers à la communication de « forward guidance » mise en place par Ben Bernanke, sont en passe d’être abandonnés. Une façon pour la banque centrale de ne pas s’enfermer dans une trop grande dépendance vis-à-vis des indicateurs économiques. Autrement dit, la FED souhaite avoir la liberté nécessaire pour pouvoir assumer ce fameux resserrement monétaire bien après la fin de son programme de « quantitative easing ». L’objectif est de ne pas couper trop vite l’ensemble des mesures accommodantes, mais au contraire de jouer un retrait très progressif dans le temps.
Une reprise indécise
Cette orientation, justifiée par le risque qu’une hausse trop prématurée des taux directeurs pénalise fortement les ménages américains (et donc la reprise économique), surendettés à hauteur de 150%, a été interprétée comme une bonne nouvelle par les investisseurs boursiers. Cela signifie que la politique de la FED restera accommodante pour quelques temps encore et continuera de bénéficier aux actifs dits risqués.Selon le « Sentiment Clients », baromètre du sentiment des clients de CMC Markets (plus de 45.000 dans le monde) et établi quotidiennement à partir de leurs positions réelles, aucune tendance franche ne se dessinait ce matin sur les indices boursiers, exception faite du Nikkei, qui bénéficiait d’un mouvement acheteur très marqué (à 95%). La tendance la plus significative est constatée sur l’or. La baisse récente du dollar US consécutive aux annonces de la FED a favorisé un momentum « bullish » sur le cours de l’or, qui repasse la barre des 1 320 dollars (mouvement acheteur à 63%).
A propos de l'auteur : Judith Danan est head of Sales Trading de CMC Markets France, l'un des principaux courtiers en CFD dans le monde.