- (ré)écouter cette émissiondisponible jusqu’au 04/01/2017 07h45
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Et en la matière, les apparences sont trompeuses. C’est vrai qu’un grand ministère de l’écologie et de l’énergie est confié à une personnalité de poids, Ségolène Royal, qui est en deuxième position dans l’ordre protocolaire du gouvernement. C’est vrai qu’avec les accents volontaristes qu’on lui connaît, Manuel Valls a dit, à la tribune de l’Assemblée qu’il voulait entreprendre la fameuse transition énergétique. Alors que font les écologistes en dehors, sinon attendre fort opportunément les Européennes, pour être le réceptacle des électeurs de gauche, troublés par le positionnement droitier de Valls ? En réalité les écologistes n’ont pas tout à fait tord de ne pas en être. Il faut, pour le comprendre, revisiter les événements de ces deux dernières semaines. Pascal Canfin nous a dit, la semaine dernière, à ce micro, que François Hollande avait proposé à Cécile Duflot d’être numéro deux du gouvernement, après Laurent Fabius. C'est à dire à la place de Ségolène Royal… Mais maintenant on sait que ce n’était, en aucun cas pour occuper le poste de ministre de l’écologie et de l’énergie. Numéro deux oui, mais pas pour piloter la loi de transition énergétique. François Hollande voyait plutôt Cécile Duflot à la tête d’un ministère des affaires sociales…
Peut-on imaginer alors que François Hollande et Manuel Valls fassent réellement la transition énergétique sans les écologistes… ?
C’est peu probable. Il y aura bien une loi mais elle risque simplement incantatoire, verte dehors, vide dedans. Manuel Valls ne précise pas quel sera le levier de la mise en œuvre de la transition énergétique… Or, il n’en existe que trois ! Les normes, l’investissement public ou la fiscalité. Les normes, c'est à dire, par exemple, forcer un propriétaire de logement de procéder à un minimum de travaux d’isolation thermique pour pouvoir revendre son logement. Impossible, nous sommes en pleine opération de simplification administrative. Pas question de rajouter des normes (fussent-elles environnementales) afin de ne pas freiner la reprise tant attendue. L’investissement public ? Au moment où l’on se demande comment on va économiser 50 milliards d’euros, il ne faut pas y compter. Reste la fiscalité. Ségolène Royal n’en veut pas, elle appelle ça « l’écologie punitive », stigmatisant d’un adjectif cinglant toute une réflexion menée par son propre camp. « Si l’on ne change pas durablement le prix des dommages à l’environnement, nos engagement pour lutter contre le réchauffement climatique resteront lettres mortes » écrivait par exemple le député socialiste Pierre-Alain Muet. Cette doctrine adoptée partout en Europe où l’on a vraiment décidé de prendre la question environnementale au sérieux est aujourd’hui torpillée par la nouvelle ministre de l’environnement qui veut enterrer l’écotaxe… La transition énergétique est donc très mal barrée…Dès lors les écologistes sont beaucoup mieux dehors, c’est plus logique, plus habile aussi. Et plus honnête…pourquoi pas. Tant que François Hollande pense que l’écologie n’est qu’une couleur qui modernise l’aspect d’un gouvernement et ne constitue pas une voie pour transformer l’économie, tant que les socialistes ne trouvent de salut que dans la démonstration qu’ils sont plus efficaces que la droite pour mener une politique productiviste à l’ancienne… Tant que les écologistes Français n’arrivent pas à trouver l’autorité et les moyens de démontrer que leur modèle est une alternative enthousiasmante et crédible… Eh bien, le PS et les Verts n’ont effectivement rien à faire ensemble dans un même gouvernement !