3 x Manon // Mini-series. 3 épisodes.
BILAN
Le cinéma a eu La vie d’Adèle, la télévision a la vie de Manon. C’est un raccourci bien réducteur puisque les deux séries ne parlent pas du tout du même sujet mais le découpage
en trois chapitres et le fait que l’on s’intéresse au destin d’une jeune fille m’a permis de faire le lien. J’avais hâte de découvrir ce que donnait 3 x Manon, lauréate du
Fipa d’Or lors du dernier festival de Biarritz. En suivant l’évolution de Manon au travers de trois chapitres, la fiction se permet de nous plonger dans trois
univers différents. Le tout est mis en scène par Jean Xavier de Lestrade qui a reçu en 2002 un Oscar pour son documentaire Un coupable idéal. Le moins que l’on puisse dire c’est
qu’il s’y connait dans le fait judiciaire. Manon est une jeune fille touchante au destin particulièrement touchant. En empruntant un peu de partout entre Esprits Rebelles (pour
la professeur de français qui tente d’aider ses élèves) et Entre les Murs (pour le côté enfants difficiles), la fiction surprend par la fluidité de son scénario et le fait qu’on
enchaîne les trois épisodes sans réellement s’en rendre compte. C’est justement l’un des plus gros atouts de cette mini-série que de pouvoir nous surprendre constamment en créant des
rebondissements bien amenés et jamais artificiels.
Le destin de Manon, 15 ans, avant son jugement définitif, après avoir tenté de poignarder sa mère. Durant six mois, la vie de l'adolescente, enfermée dans un centre spécialisé, peut basculer
au gré des rencontres. Choisira-t-elle de se repentir ? Ou au contraire se laissera-t-elle happer dans un engrenage infernal ?
3 x Manon a aussi la force d’un documentaire. Cela se ressent dans la mise en scène et la manière dont tout cela est écrit. Ce n’est pas un problème pour Jean Xavier de Lestrade qui connait très bien le registre et qui le met au service de sa fiction. On se rapproche donc du cinéma de Laurent Cantet et c’est un très joli compliment. 3 x Manon c’est aussi la preuve que la fiction française peut faire de très jolis bébés, creusant ses personnages et ses histoires au travers d’un format très peu utilisé en France (le 3x52 min) et qui pourtant fait fureur chez les britanniques. Le regard posé nous permet aussi de pénétrer au sein d’un Centre Educatif Fermé, quelque chose que l’on n’a pas souvent la chance de voir au cinéma ou à la télévision et qui est pourtant un lieu particulièrement riche en personnages et en caractères. Le but de 3 x Manon n’est pas non plus de tomber dans la violence gratuite. Celle-ci est d’ailleurs toujours très bien utilisée, sans trop en faire. On entrevoit donc le rapport entre la fille et sa mère de façon intelligente. Sans compter que l’on ressent aussi à quel point Lestrade s’est documenté sur son sujet.
Rien n’est fait à la hâte, tout cela pour que l’on ait l’impression de voir les choses différemment. 3 x Manon est donc une très belle surprise venant de notre bon pays français. Arte poursuit donc sa politique en matière de fictions originales après la très bonne Ainsi Soient-Ils dont la seconde saison sera prochainement diffusée.
Note : 8/10. En bref, une fiction à fleur de peau.