Coup de tonnerre dans le ciel de la bande dessinée numérique, le géant Amazon a annoncé ce jeudi 10 avril la finalisation d’un accord pour l’acquisition de la plateforme ComiXology, pour un montant encore inconnu. De quoi faire bouger les lignes d’une économie encore balbutiante et susciter quelques interrogations.
Fondée en 2007 par John D. Roberts, Peter Jaffe et David Steinberger, ComiXology s’était d’abord concentrée sur le marché des comics anglophones en construisant patiemment sa réputation sur un catalogue de qualité et la technologie Guided View. Ce n’est qu’en 2013 qu’elle se lance sur le marché français, en s’assurant dès lors la participation des ténors que sont Delcourt et Glénat. Tenant le rôle du trublion face à son concurrent Izneo, la plateforme numérique du groupe Média Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Urban Comics et Kana, pour ne citer que ses principales composantes), ComiXology a bénéficié jusqu’ici d’un potentiel de sympathie important.
En s’adossant à Amazon, ComiXology prend donc le risque de brouiller son image, voire même ternir sa réputation. On sait par exemple que les conditions de travail imposées par Amazon à ses magasiniers ne sont pas idylliques, et cela pourrait bien faire fuir une certaine frange de clients potentiels. Quant à la politique de défense des libraires et des points de vente, un principe affirmé jusqu’ici par ComiXology notamment avec son système d’affiliation et de partage des commissions sur les ventes réservé aux professionnels ayant pignon sur rue, elle est bien malmenée par le géant de la vente en ligne. L’inscription n’est d’ailleurs plus possible au moment où nous publions cet article.