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Chu Teh Chun : le pays où l’on n’arrive jamais

Publié le 11 avril 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

Zao et Chu

Le peintre Chu Teh Chun vient de disparaître le mois dernier. Son décès aura suivi à quelques jours près, celui de Zao wou ki , un an plus tôt. Et c'est ce parallélisme étonnant avec son illustre confrère qui marque cette vie. Chu Teh Chun est né en Chine comme Zao wou ki,  en 1920 également.
Zao wou ki s’installe en France en 1948. Chu Teh Chun prend lui aussi la direction  pour la France en 1955. De Marseille, il arrive à Paris où il s'installe. Les deux peintres ont engagé leur œuvre dans la mouvance du paysagisme abstrait qui les rassemble. Près d’un demi-siècle plus tard, ils se retrouvent tous les deux sous la coupole de l’ Académie, dans la section peinture de l’Académie des Beaux-Arts. Cette fois c'est Chu Teh Chun, grand ami du sculpteur  Albert Féraud déjà membre de l'Institut, qui a précédé Zao Wou Ki de quelques années. Voilà beaucoup de similitudes qui ont dû interpeller chacun d’eux tout au long de leur existence. La grande notoriété de Zao wou Ki l’a placé au premier plan de cette peinture lyrique, dont la galerie du Jeu de Paume à Paris avait présenté des œuvres remarquables dans la dernière exposition de peinture de cette salle. L’œuvre de Chu Teh Chun est moins universellement connue. Pourtant l'histoire du peintre est remarquable.

Chu Teh Chun en 1997

Chu Teh Chun en 1997

La longue marche de l'abstraction

De 1956 à 1961 Chu Teh Chun  rencontre ses premiers succès à Paris et dès 1964 sa réputation s'étend à l’étranger à l’occasion d’expositions au Carnegie Art Muséum, à Pittsburgh, Jérusalem, Athènes, et en 1969, à la Biennale de Sao Paulo. En 1976, il renoue avec la calligraphie qu’il a pratiquée dans sa jeunesse. En 1983 Chu Teh Chun retrouve son pays d'origine qu'il n'a pas revu depuis vingt huit ans. Pendant toutes ces années, il n'a eu aucune information sur ses proches. Ses parents étant décédés, seul lui reste un frère avec lequel il n'a renoué que peu de temps avant son voyage. Le peintre n'ignore pas que dans son pays l'abstraction est bannie. Comme pour Zao Wou ki , il faudra attendre pour montrer son œuvre.
C'est en 1987 que le musée national d’Histoire de Taipei organise une grande exposition rétrospective de son œuvre, lui permettant ainsi, pour la première fois depuis trente-deux ans qu’il a quitté son pays, de montrer cette longue marche dans l'abstraction. En 2010 une rétrospective lui est consacré à l'âge de quatre vingt dix ans, au Musée national de Chine à Pékin.

La foret blanche II”  1987 Chu Teh Chun

La foret blanche II” 1987 Chu Teh Chun

Dans cet univers que l'on tente de définir entre abstraction lyrique et paysagisme abstrait, Chu Teh Chun aura tracé une voie propre pour laquelle le critique Pierre Cabanne écrivait:

"Chu Teh Chun a créé un pays où l'on n'arrive jamais si ce n'est dans ses tableaux; il est fait de ses émotions, de ses découvertes, de ses surprises, de ses inquiétudes aussi, autantr de sentiments qui saisissent celui qui s' engage dans ces paysages qu'il ne connaît pas. (...). Il habite maintenant ce pays".

Photo Chu Teh Chun : Encyclopédie audiovisuelle de l'art contemporain


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