En ce moment, je prends le métro tous les jours à la station Les Gobelins, sur la ligne 7, aussi, j’ai décidé de vous faire découvrir un pan de l’histoire de cette famille de teinturiers qui a su s’imposer dans la capitale mais surtout l’évolution d’un lieu à travers les siècles.
L’origine
Le premier mec dont on a quelques sources, c’est Jehan Gobelin. En 1443 il vit rue Mouffetard, alors que sa famille semble être de Reims. Il installe son premier atelier de teinturerie près du faubourg Saint-Marcel, c’est « Le Moulin des Gobelins ».
Jehan sait y faire en affaires, mais aussi en famille, puisque sa descendance va reprendre le flambeau. Petit à petit, les Gobelins vont éclipser toutes les autres familles de teinturiers. Leur truc à eux, c’est le rouge, l’écarlate (des êtres passionnés sans doute). Aussi, un siècle après l’installation de Jehan, le quartier a pris son nom. Classe quand même.
Et puis un beau jour, notre bon roi François Ier, décide d’être un petit peu relou. Il va faire installer de très importantes manufactures à Fontainebleau, et ça casse un peu le marché des Gobelins. Heureusement Henri II, lui, n’hésite pas à créer dans le quartier des Gobelins des ateliers où se regroupent des enfants pauvres et/ou orphelins pour leur apprendre l’art. Certains d’entre-eux auront une petite renommée. Mais dans l’ensemble, c’est pas foli-folichon. De vrais torchons quoi… Un peu comme mes paints.
XVIIème siècle
Lors de son règne, Henri IV a la ferme intention de dynamiser l’industrie française et tout particulièrement les tapisseries. Il aime bien ça. Du coup L’idée c’est d’acheter moins en Chine à Venise et de produire plus. Pour ce faire, on a besoin de manufactures, alors le Roi va installer deux mecs flamands dans les locaux des descendants des Gobelins (et aux alentours) pour faire plein de tissus !
Enfin, le coup de grâce. Sous Louis XIV, la manufacture va être rachetée par la Couronne. Et ça marche bien ! Tellement bien que la bonne réputation va être internationale. C’est l’âge d’or de la Manufacture qui réalise 775 pièces dont 545 avec des fils d’or. Parmi les grandes tentures, on peut citer, Les Elements, Les Saisons, L’Histoire d’Alexandre ou encore L’Histoire du Roi (ci-dessous) de Le Brun.
En 1665, l’atelier de teinture est officiellement organisé par le célèbre Colbert, aussi la teinture est réalisée à l’aide de colorants naturels d’origine végétale (gaude, garance, ou encore indigo) ou animale (kermès, cochenille(comme dans la grenadine)). C’est super chouette d’améliorer les techniques. Mais dans le Royaume, c’est un peu le bordel, les guerres coûtent cher. Le Trésor n’a plus d’argent. En 1694 les ouvriers sont virés, et la manufacture ferme ses portes.
XVIIIème siècle
Cinq ans après, on remet en marche l’établissement et on confie la direction à plusieurs architectes contrôleurs des bâtiments du Roi, dont le célèbre Soufflot. YOUPITRALALA.
Mais dès le milieu du XVIIIème siècle, la Manufacture connaît de graves difficultés financières qui ne vont faire que s’aggraver. Le Roi commande sans se soucier des finances. Le Trésor ne peut plus suivre et ne peut pas payer les artistes. C’est la faillite. Merci le toi, merci. Ça vivote jusqu’à l’arrivée de Napoléon au pouvoir. Désormais, la manufacture ne travaille plus que pour l’Empereur. Et celui-ci souhaite que chacune des maisons impériales soient ornées par les Gobelins. Du coup, ils sont environ 80 à bosser chaque jour sur des tapisseries. Il racontent l’histoire sur les toiles comme l’ont fait de nombreux peintres avant eux. Et puis, pour espérer gagner un peu plus de fric, vazi que je te fais des portraits de Napoléon et de sa famille. En plus beaux. C’est un peu comme du photoshop.
C’est entre 1824 et 1883 que le nombre de couleurs va augmenter, on passe à 72 tons et près de 14 400 coloris !
XIXème et XXème siècles
En 1825, les métiers de basse lisse sont envoyés au placard dans les manufactures de Beauvais. Désormais, à Paris, on tisse en haute lisse.
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Tu peux cliquer sur les deux images pour voir en grand.
La différence ? Le métier à tisser est vertical et non horizontal En 1826, on retrouve la manufacture de la savonnerie à l’intérieur des Gobelins, et puis avec la Commune, ça va prendre feu et une partie va disparaître. Il faudra attendre le premier quart du XXème siècle pour le reconstruire.
Enfin, depuis 1937 la Manufacture Nationale des Gobelins est rattachée à l’administration du Mobilier National et continue de tisser des tapisseries pour orner les bâtiments publics.
Depuis quelques jours une exposition est ouverte au public et on peut découvrir une œuvre mêlant la photographie et la peinture, représentant Zahia. On me signale que ce truc, soit une représentation de Zahia en Marie-Antoinette, est le fruit de Pierre et Gilles, pour la modique somme de 35 000€.
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- La Manufacture Nationale des Gobelins, sur Gallica
- L’histoire d’Henri IV
- Basse Lisse, dans l’Encyclopédie raisonnée des sciences, des arts et des métiers
- Haute Lisse, dans l’Encyclopédie raisonnée des sciences, des arts et des métiers
Internet, tu peux me dire le nom de ta station de métro (pour ça, faut habiter dans une ville qui en a un, et oui) et si vous êtes un peu nombreux à participer, je ferai un petit tirage au sort pour faire un article sur certaines d’entre-elles. Parce que je suis sympa.