Car l’enfer est ici (T2) – Le pouvoir des innocents, cycle 2

Chronique « Car l’enfer est ici T2″ : Et si Joshua Logan avait raison…

Scénario de Luc Brunschwig, dessin de Laurent Hirn et David Nouhaud,

Public conseillé : adultes/adolescents

Style : Polar « politique » Paru chez Futuropolis, le 3 avril 2014

Share

L’histoire

Première époque : Le pouvoir des innocents

1997, un complot permettait à Jessica Ruppert, grande humainste, d’accéder contre toute attente à la tête de la ville de New york. MAlheureusement, la nuit de son accession au pouvoir était endeuillé par l’attentat contre le « lobby des 508″. Ce lobby, mené par le charismatique boxeur Steven Providence, avait soutenu dans l’ombre la candidature de Jessica, avant de disparaitre dans les flammes d’un incendie criminel attribué à tort à un ancien sergent des forces spéciales au Vietnam ; Joshua Logan.

Deuxième époque : Car l’enfer est ici

Premier tome
Six mois après la fin du « pouvoir des innocents », Joshua Logan, en cavale avec sa femme, se rend eaux autorités. Pourtant, l’homme le plus détesté d’Amérique clame son innocence. Incarcéré, il révèle lors de son interrogatoire le complot dont Jessica Ruppert a bénéficié pour obtenir son mandat. Pour le défendre, sa femme engage l’avocat (noir et gay) Cyrus Chapelle. Aidé de son « boyfriend » Adam Füreman, un ex-journaliste d’investigation, les deux hommes commencent une enquête de terrain. Mais Angelo Frazzy, un parrain de la mafia locale ne l’entend pas de la sorte. Il fait tabasser Chapelle et élimine Mlle Stone, un témoin gênant…
Second tome
Domenico, l’homme de main de Frazzy élimine le deuxième cadavre du meurtre tandis que son patron rappelle à Meredith Bambrick les services qu’elle lui doit.
Les enquêtes avancent en parallèle. Deux flics tentent de comprendre comment Stone est morte ? Cyrus chapelle approche Angela Twist, l’infirmière qui s’est occupé de Logan pendant son passage en H.P. tandis qu’Adam creuse son passé…
Mais Frazzy et Domenico ont toujours un coup d’avance et usent de toutes les moyens (violence, intimidation) pour effacer leurs traces…

Deux éditeurs / trois éditions

Ca y est, c’est officiel ! « Car l’enfer est ici » est la suite du « Pouvoir des innocents ». Si vous connaissiez la série mère, vous n’en doutiez pas. Mais ce n’est visiblement pas le cas de tous les lecteurs. Les auteurs et Futuropolis (leur maison d’édition) ont donc décidé de clarifier les choses en changeant les couvertures, la « maquette » et les titres de la série. Ces changements ne sont peut-être d’ailleurs pas complètement étrangers au développement narratif de ce second épisode qui recolle les morceaux avec la série d’origine. C’est clair, sur cet album, j’ai replongé dans « le Pouvoir des innocents », grâce à la place centrale que Luc consacre à Joshua Logan.

Un scénar’ en béton

Dans ce second épisode bien dense, Luc Brunschwig développe le passé de Logan, sa jeunesse, sa relation particulière avec Amy et son évasion de l’hôpital psychiatrique. Autant d’éléments qui « épaississent » le personnage et le rendent plus humain, plus empathique.
Il fait aussi avancer le récit avec trois enquêtes parallèles. Le but : nous faire comprendre par recoupement d’informations, l’ensemble du sujet.
Maîtrisant parfaitement son récit, il met en action une mécanique parfaitement huilée, digne des plus belles séries policières américaines.
Enfin, Luc Brunschig introduit de nouveaux personnages et de nouvelles intrigues.
Personnage important, Domenico, l’homme de main est particulièrement intéressant. Complexe, ambivalent, c’est un personnage extrêmement dangereux, mais profondément humain. Je me demande bien ou Luc va emmener ce personnage secondaire qui prend une place de tout premier choix ?
Enfin, il ne faut pas oublier le contexte « sociétal » qui est au coeur de tous ses scénarii. Très concerné par nos problèmes de société, Luc Brunschwig met le doigt là où ça fait mal. Le choix de placer son récit dans une Amérique empêtrée dans l’explosion du chômage et de l’immigration n’est pas anodin. En montrant les conséquences des choix politiques, il nous met en garde contre les abus des uns et des autres…

Le ou les dessins

De manière assez atypique, ce second cycle du « Pouvoir des innocents » est réalisé à quatre mains. Laurent Hirn, le dessinateur de la série mère est crédité en tant que « metteur en scène ». J’imagine qu’il réalise le storyboard qui détermine choix de cadrage, placement de la « caméra » et des personnages. Un travail essentiel qui donne le rythme et la lisibilité à une bande dessinée.
Ce travail est impeccable, subtil et très cinématographique. Les planches sont ultra-lisibles et dynamiques, une belle réussite !
David Nouhaud, lui, réalise dessins et la mise en couleur (à l’aquarelle). Son trait réaliste et expressif est parfaitement en accord avec le récit social et pesant de Brunschwig. Il s’inscrit dans la continuité du dessin de Laurent Hirn, mais avec sa touche personnelle, au réalisme plus poussée. Expressions et émotions sont au rendez-vous. Les décors sont de toute beauté, sans verser dans l’effet carte postale. En gros : un sans-faute !

Pour résumer

Avec ce second tome de « Car l’enfer est ici » Luc Brunschwig, Laurent Hirn et David Nouhaud assurent l’épisode de transition parfait ! Mécanique finement huilée et dessin d’un réalisme noir nous embarquent dans un polar de politique fiction aux ramifications multiples et au contexte social fort. Ajouter à cela un scénariste en empathie totale avec ses personnages et vous obtiendrez une série prenante et haletante, complètement addictive.