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Schroder

Publié le 11 avril 2014 par Lorraine De Chezlo
SCHRODERd'Amity Gaige
Roman - mars 2014
Editions Belfond - 345 pages
Erik Kennedy a divorcé, et il se sent de plus en plus lésé par les décisions qui lui permettent de moins en moins voir sa fille. Et un jour, c'est plus fort que lui, l'envie d'une échappée, la culpabilité qui l'encourage à fuir, et la Justice qui le rattrape et l'inculpe pour enlèvement d'enfant, condamné à 25 ans. Alors, des années plus tard, il se lance dans l'écriture d'une si longue lettre, un texte adressé à son ex-femme, dans lequel il se dévoile. Lui, Erik Schroder de son vrai nom, ses origines est-allemandes cachées, son père et le réflexe de fuite qu'il lui a inculqué, son amour pour sa fille, ses maladresses, ses douleurs...
Rien de plus courant qu'un père divorcé qui souffre de voir peu son enfant, et de manière non prioritaire. Mais qui s'en soucie ? Des paternités ainsi contrariées, des histoires d'amour mal achevées, des rancoeurs et des injustices, c'est un excellent terreau pour des drames. Et quand le passé resurgit, quand comme pour Erik, les blessures d'enfance se rouvrent, on atteint facilement un point de confusion extrême, un emballement, un ras-le-bol dévastateur. 
Extrait :"Entre chaque week-end de visite les semaines s'étiraient. Des jours mangés aux vers, mélancoliques, amplifiés, encadrés comme par des serre-livres par les samedis et dimanches où je pouvais profiter de sa présence. Puis venaient les week-ends sans elle. Le chagrin les rendait interminables. (...) lorsque ma fille arrivait enfin, à l'arrière de la Tahoe de son grand-père, la fatigue me tombait dessus. Je m'étais épuisé à l'attendre. Au bout du compte, le plus dur, quand on a été heureux à en mourir, c'est qu'au moment où votre vie se dégrade, on regrette de n'avoir jamais rien connu d'autre."
De ce roman, j'ai aimé le récit poignant, d'un homme perduvulnérable, en proie au doute et qui s'est enlisé dans un drame irréversible bien qu'à l'issue heureuse. J'ai aimé écouter l'histoire de cette échappée au delà des frontières des Etats-Unis, cette cavale d'un père et sa fille, toute en tension et en suspense. J'ai aimé qu'il se dévoile tout en narrant l'enchaînement de ces jours invraisemblables, ces jours victimes des conséquences d'un petit dérèglement, d'une soif de liberté, d'une soif de normalité. J'ai aimé lire à propos de la souffrance d'un père, lire sur l fragilité d'un homme qui aime, et qui fait face à la fragilité médicale de sa fille. Un père qui a ses failles, passées et présentes. J'ai moins aimé rester sur ma faim quant à l'instrospection psychologique du personnage principal, un être qui subsiste assez flou, flottant, mais envers qui on éprouve de l'empathie. J'ai moins aimé aussi certaines lourdeurs du texte, dues peut-être à sa traduction.Un roman humainement touchant, tourmenté, captivant, mais malheureusement parfois un peu superficiel.  _____[Merci à Babélio !]
L'avis de Christine Marcandier - Médiapart
L'avis de la Livrophile - Conduite en état livresque

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