Atelier d’écriture de la semaine : Rébellion

Publié le 10 avril 2014 par Biancat @biancatsroom

La semaine a été intense et j’ai eu peu de temps pour venir poster et surtout lire vos billets, je m’en excuse. Hier, les mots de la collecte chez Asphodèle ne m’ont pas, mais alors pas du tout inspirée, alors pour la peine, j’ai opté pour la rébellion et l’atelier perso. Bon ok, dans ce cas ce n’est pas vraiment un atelier, juste l’accouchement d’une histoire qui m’a obsédée toute la journée d’hier.

Voilà donc mon bébé du jour :)

‘Il était encore là ce soir. Honey l’avait repéré dès qu’elle était entrée sur scène. Il passait quasiment toutes ses soirées au Red Bunny. Un manteau gris anthracite sur un costume noir, un feutre masquant à moitié son visage. Face à son whisky, les yeux perdus dans le vide, il ne parlait jamais à personne. Honey se plaisait à croire qu’il venait pour l’écouter chanter, il lui semblait même avoir croisé son regard il y a quelques jours. Il était beau et son air sombre ajoutait à l’aura de mystère qui l’entourait. Les yeux verts, le nez fin, les lèvres gourmandes, de celles qui attirent les baisers brûlants.

Elle s’était tout imaginé à son propos : était-il un détective privé en filature ? Un agent secret ? Un homme d’affaires débordé ? Elle s’était vue des centaines de fois rentrer avec lui un soir et passer une nuit d’amour silencieuse et passionnée, où seuls leurs souffles aurait battu la mesure de leurs ébats.

Ce soir, sans doute possible, il la regardait. Pour lui, elle se montrait plus sensuelle que jamais, le grain de sa voix se faisait velours et semblait vouloir l’envelopper de sa caresse. Tout à l’heure, après son show elle irait lui parler. Elle se donnerait une contenance en fumant ses menthols au porte-cigarettes. Elle le vamperait pour le faire tomber dans ses filets. Il semblait inaccessible mais tous les hommes succombaient au charme vénéneux de Honey Malone, alors pourquoi pas lui ? Et ce soir il la regardait. Et c’est pour lui qu’elle chantait.

Après le dernier morceau, elle glissa un mot de remerciement à l’oreille des musiciens et jeta de façon ostensible un regard appuyé à Luke, le bassiste qui en pinçait pour elle. Puis elle attrapa son porte-cigarettes, descendit de la scène et se dirigea vers lui avec une démarche chaloupée et provocante. Honey était en chasse, le désir à l’affût. Il ne l’avait pas quittée des yeux.

-Bonsoir, vous auriez du feu ? lui demanda-t-elle d’une voix suave.

Sans lui répondre, il sortit son briquet et alluma sa cigarette.

-Un whisky on the rocks pour la demoiselle, lança-t-il à l’adresse du barman.

Il connaissait déjà ses goûts. Honey savait qu’elle avait gagné, la conquête avait presque été trop facile.

-Et qui Honey doit-elle remercier ?
-Jensen.
-Jensen… ? demanda-t-elle en suspendant son nom dans les airs.
-Juste Jensen.

-Cynthia ?

Elle tourna lentement la tête. Une blouse blanche, voilà qui tranchait de façon désagréable avec le costume noir sexy. Elle ne répondit pas et resta de marbre, debout près de la fenêtre de sa chambre immaculée.

-Cynthia, vous avez encore caché vos comprimés sous votre oreiller hier, ce n’est pas bien. Vous savez ce qui se passe quand vous ne prenez pas vos médicaments. Je vais être dans l’obligation d’être plus ferme avec vous si vous ne coopérez pas.

Oui, elle savait ce qui passait quand elle ne prenait pas ses médicaments. Elle tourna de nouveau la tête et aperçut Jensen. Il remettait son feutre et son manteau et s’apprêtait à quitter le Red Bunny. Il lui fit un signe de la tête et s’éloigna. Elle le regarda sortir du bar alors que la voix lascive de Lana Del Rey entonnait encore ‘I love you Honey… I’m ready I’m ready to go…’. Elle était presque en prison mais elle avait droit à la musique, grâce à laquelle elle se créait sa propre liberté. Un sourire naquit sur ses lèvres, car elle savait qu’il reviendrait.’