photo © Nicolas Monpion
L’inclassable Didier Super vient chauffer la salle de spectacle des Aires Saint-Michel le 18 avril. C’est nul et trash, mais on adore.
Mi-concert, mi one-man-show, les spectacles de Didier Super partent dans les sens et le délire est complet. Un des gimmicks est le « Et soudain !!! », repris par le public entre deux scènes sans transition ou lorsqu’il assume qu’il y a un temps mort entre les changements de déguisements. Il échange violemment avec le public, l’insulte (l’âge, la vie ratée sont des thèmes récurrents) et sa seul marque de respect est peut-être de lui fournir une bâche pour qu’il puisse se protéger des éclaboussures d’une canette de bière qu’il éclate pour symboliser la planète qui explose, après être passé quelques minutes plus tôt dans les rangs avec une tronçonneuse bruissant à plein régime.
Trash, subversif, dérangeant, Didier Super torture sa salle. Derrière la violence des mots se cache une vraie critique de la société, de ses blocages et stéréotypes, de ses dérives, de ses victimes. Tout y passe. Et l’on comprend vite que l’on ne cherche pas ici à agresser tel ou tel mais à dépeindre un monde dont les évidences sont parfois discutables. Il fait d’ailleurs référence à Dieudonné lorsqu’il blague sur Auschwitz. « Moi j’ai l’droit ! ». On comprend pourquoi tant le spectacle donne, au final, un message antiraciste plus que ne montre de manière évidente et vulgaire des boucs émissaires et les jette aux cris et rires du public.
"Mettre une télévision dans ses toilettes ça permet de pousser sans réfléchir"
Quand il manipule de terribles marionnettes d’enfants africains squelettiques, il montre quelles sont parfois nos indignations sélectives. « Le racisme, c’est quand on bute les noirs mais pas quand on les laisse crever de faim ! » dit-il. Quand il nous emmène en prison, c’est pour chanter que « la prison est une belle grand maison où il y a plus de monde que ce qu’avaient prévu les architectes ». Et quand Ludovic essaye de résoudre le conflit israélo-palestinien, le Juif et l’Arabe finissent par s’embrasser tendrement après avoir échangé des horreurs. On retrouve le même ton dur quand il parle du suicide, des femmes…
Mais on ne retombe pas toujours sur ses pattes car la critique est réelle. Entre chansonnettes à trois accords et chansons reggae dans « le bon plan c’est la politique, le super-plan, c’est président de la République », il passe par tous les thèmes sur sa guitare à moitié cassée. Les Femen sont alors plus sado-maso que militantes. Le Vatican un système abusant de la croyance des idiots comme les garagistes abusent de notre incompétence en mécanique pour vendre, vendre, vendre.
Vendredi 18 avril 21h, MJC-L’Escale, 170, chemin Saint-Michel, Aubagne. Tarifs : 12€ (réduit), 14€ (normal) + adhésion 2€. Renseignements au 04 42 18 17 17.