En février 2013, la Buvette publiait "Sommes nous complices?". Ce texte avait été proposé à FERUS comme éditorial du numéro de février de la Gazette des Grands Prédateurs et avait été publié en "tribune libre".
En octobre 2013, FERUS publiait : "indices de présences, détruisez-les":
"Le dévoiement du réseau loup semble avéré et ce genre d’exemples risque de se reproduire puisque le gouvernement veut à tout prix atteindre le plafond maximum de 24 loups pouvant être tués. Les données transmises au réseau Loup de l’ONCFS participent à la régulation du loup voulue par l’Etat depuis le nouveau Plan Loup 2013-2017 : elles aident à repérer les loups ce qui rend leur tir plus facile et permettent d’estimer le nombre de loups et donc la fraction pouvant être abattue.
Nous demandons dès aujourd’hui à tous les adhérents et sympathisants de FERUS et à tous les amis du loup, dont certains sont des correspondants officiels du réseau Loup, de ne plus transmettre aucune de leurs données à l’ONCFS et donc au gouvernement. Nous leur demandons également de détruire tous les indices de présence du loup (recouvrement des pistes de loup dans la neige, enlèvement des crottes trouvées sur les chemins etc.)" et concluait: "Transmettez-les plutot aux réseaux naturalistes..."
Dans le "Quoi de Neuf numéro 30", l'équipe du réseau loup aborde, entre autres, ce sujet...
Actions politico-techniques ou apports de la connaissance dans le processus de décision: ne nous y trompons pas !
Le Réseau Loup est l’outil qui permet de rassembler des informations de terrain pour ensuite pouvoir en extirper des éléments de compréhension du fonctionnement biologique de la population de loups. Les synthèses produites (qu’il s’agisse de la parution semestrielle de ce bulletin, ou d’articles scientifiques publiés dans des revues internationales) servent à éclairer le processus de décision publique en matière de gestion des interactions entre le loup et les activités humaines…
A l’éclairer seulement !...
Parfois, certains résultats acquis dans le cadre du fonctionnement du Réseau animé par l’ONCFS font l’objet de critiques diamétralement opposées ! Tel est le cas des estimations des effectifs de Loups en France, sousestimés pour les uns, surestimés pour d’autres et ce, indépendamment de la méthode utilisée. Parfois aussi, certains tendent à faire l’amalgame entre la connaissance acquise grâce au Réseau et les décisions prises pour la gestion de la présence du loup en France, notamment les décisions de prélèvement de spécimens. Quand certains craignent que les données du réseau soient utilisées pour « faire tirer des loups », d’autres au contraire, soupçonnent qu’elles soient « cachées pour entraver la réalisation des tirs] » ….
Que différents acteurs du dossier loup interprètent les mêmes informations de base pour défendre des analyses opposées constitue un paradoxe seulement apparent, mais somme toute assez logique, où chacun défend ses positions sur le plan politique, pour partie en s’appropriant les résultats du suivi scientifique de l’espèce (ce qui est une bonne chose). Le réseau serait donc un peu victime de son « succès » ?
Seule structure à même de fournir des informations scientifiquement solides, les résultats du Réseau acquis en toute transparence méthodologique deviennent un levier pour faire valoir des opinions divergentes. Pourquoi pas … mais il faut différencier d’un côté l’utilisation de ce socle de connaissance pour, par exemple, dire « qu’il y a trop » ou au contraire « pas assez » de loups, et de l’autre incriminer ces mêmes données sous le prétexte qu’elles ne desservent pas l’opinion politique défendue. Que l’avis des uns ou des autres en matière de gestion du dossier loup convergent plus ou moins avec les orientations retenues est une chose pas si surprenante que celà dans un fonctionnement démocratique. En revanche, que des amalgames soient entretenus, sur la base d’arguments infondés, pour alimenter un combat politique (respectable par ailleurs quel qu’il soit), en est une autre.
L’instrumentalisation de ses données ne fait pas partie des valeurs défendues par le Réseau où par exemple, la rétention d’information, quelle que-soit sa provenance, revient à cautionner l’idée que la gestion du dossier loup serait plus adéquate avec moins d’informations mises à disposition des acteurs de la société et des décideurs publics !
Le Réseau et son équipe d’animation n’ont pour vocation que de collecter des informations pertinentes et d’en extraire des bilans représentatifs de la situation de la population sur la base des données de terrain, rendus publics comme socle commun disponible à tous les acteurs. Ces derniers ont le choix, dans un deuxième temps, de s’appuyer sur ce socle pour défendre leurs propres attentes ou débattre du bien-fondé (ou pas) d’une décision de gestion. Eclairer l’action publique, résume le rôle que tient le Réseau en tant que structure technique.
Toute la question est de savoir, sur le plan individuel et collectif, si l’on veut un débat élaboré a minima sur la base de connaissances techniques : « On peut choisir d’avancer avec un peu de lumière …. ou sans ! ». Les correspondants ne s’y sont pas trompés dans leur immense majorité comme en témoigne leur implication croissante dans l’acquisition de connaissances cette année encore. Leur démarche d’adhésion au Réseau de suivi conforte de fait un positionnement purement technique sur la base de modalités scientifiques opérationnelles pour rendre compte, sans parti pris ni faire valoir, de l’évolution future (à la hausse comme à la baisse) de la population de loups en France.
L'équipe animatrice du Réseau
Source : Bulletin loup du réseau n°30 - février 2014
Edité et publié par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage
Direction des Etudes et de la Recherche - C.N.E.R.A. Prédateurs et Animaux Déprédateurs - Equipe Loup-Lynx
Réaction de la Buvette
Du côté de la Buvette des Alpages, il n'est nullement question :
- de dire « qu’il y a trop » ou au contraire « pas assez » de loups. Je ne suis pas compétent et n'ai pas d'avis ou de théorie sur le nombre réel de loups en France, j'attends les estimations des scientifiques.
- de faire "l’amalgame entre la connaissance acquise grâce au Réseau et les décisions prises pour la gestion de la présence du loup en France". Que les informations générées par le réseau loup "servent à éclairer le processus de décision publique en matière de gestion des interactions entre le loup et les activités humaines", je n'en doute pas et je ne remet pas en question ni les intentions, ni les compétences du réseau.
Ils en font un usage politique, c'est à dire qu'ils prennent ce qui va dans le sens de leur ré-élection rapide et laissent dormir dans des tiroirs les rapports trop "touchy" qui présentent un risque quant à leur image ou à leur avenir politique.
Quand l'éclairage en question permet l'usage d'armes de guerre à visée nocturne, quand les préfets prennent des décisions qui ne respectent pas les clauses prévues dans le "Plan loup", je continue de penser que les 10% de naturalistes qui participent au réseau loup peuvent et doivent se poser la question : Ne sommes-nous pas complice de ces dérapages, et de ce qui, à la demande de certains acteurs, pourrait devenir à nouveau et bien vite, vu les intérêts à court terme des politiciens locaux, une éradication d'une espèce dite "protégée"?
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