Mercredi 26 mars, François Hollande donnait un grand dîner en l’honneur du président chinois Xi Jinping. Les convives ont pu déguster une gourmandise de foie gras truffé, suivie d’une volaille landaise rôtie avec une viennoise de champignons, accompagnée d'un moelleux de pommes de terre forestière. Un plateau de fromages précédait ensuite une nuance chocolat et caramel, glace acidulée. Côté vins, les invités ont savouré un Château d'Yquem 1997, un Château Lafite 1999 et un champagne Deutz de 2005.
Jeudi 27 mars, sur le perron de Matignon, Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, glisse au couple Ayrault que le déjeuner offert au président chinois par le Premier ministre est bien meilleur que le dîner de l’Élysée de la veille. « J'ai dit à Brigitte que franchement, la maison Matignon, y a pas photo. A l'Élysée, c'était pas du tout… non, c'était dégueulasse. Il faut le dire, il faut le dire ».
Cette malheureuse Nicole Bricq ignore visiblement la signification du mot ministre : c’est serviteur. Elle a plutôt cru qu’elle était là pour être servie. Je gage que des milliers de précaires auraient apprécié ce repas qu’elle a si délicatement qualifié de dégueulasse. Puisqu’elle s’est permis de nier la compétence d’un cuisinier, s’est-elle jamais interrogée sur l’efficacité de sa propre action au commerce extérieur ? On dit qu'elle se serait depuis excusée auprès du cuisinier. Elle devrait aussi le faire auprès des Français qui viennent par deux fois de la nourrir gratis.
On s’attache à distinguer le privé du public. C’est la personne publique qui se trouvait à ce dîner, pas une gastronome avertie. Pour ma part, lorsque mes obligations professionnelles me contraignaient à manger hors de mon domicile, je percevais une indemnité correspondant aux seules dépenses supplémentaires occasionnées par ce déplacement. Mon entreprise considérait qu’elle n’avait pas à financer mes dépenses alimentaires. L’attitude de cette ministre nous rappelle qu’il importe de ne pas jeter des perles ante porcos.
Il est regrettable que cette dame n’ait pas assimilé l’éducation que ses parents avaient sans doute tenté de lui inculquer. En ce qui me concerne, on m’avait appris qu’il était préférable de dire « je n’aime pas » plutôt que « ce n’est pas bon ». On se gardait bien d’une telle vulgarité.
Je perçois également dans cette confidence de Nicole Bricq la volonté de maintenir une certaine intimité avec le premier ministre, voire de le flatter. Précaution profitable en ces temps de remaniement ministériel.