Après Girls et Ultra, les éditions Delcourt s’attaquent à la dernière série en date des frères Luna, parue outre-Atlantique entre 2007 et 2010. Dans Ultra, les deux californiens s’intéressaient aux déboires quotidiens, amoureux et familiaux de trois super-héroïnes qui ne combattaient pas le crime par idéologie mais comme gagne-pain, proposant ainsi une saga qui se rapprochait plus d’une comédie romantique que d’un récit super-héroïque. Girls s’inscrivait plus dans la lignée des œuvres horrifiques de Stephen King, avec un huis-clos cauchemardesque dont l’originalité se situait dans la substitution du monstre tueur ‘classique’ par des nymphomanes dénudées particulièrement attirantes. En invitant dorénavant à suivre la quête vengeresse d’une jeune paraplégique qui obtient des pouvoirs surhumains au contact d’une arme magique, Joshua et Jonathan Luna choisissent une nouvelle fois de mettre un personnage féminin en avant.
À l’instar de Dara, le lecteur découvre progressivement les tenants et aboutissants de l’intrigue, ainsi que le lourd secret qui entoure le passé de son géniteur. En cherchant à élucider les raisons de l’assassinat sanglant qui démarre le premier des quatre volets prévus, il se retrouve immédiatement embarqué dans un polar prenant, où il devient difficile de ne pas s’attacher à cette nouvelle héroïne qui se cherche encore.
Visuellement, la froideur du dessin peut initialement surprendre, mais colle finalement assez bien à l’aspect fantastique de ce thriller. Le graphisme des deux frères demeure certes victime d’un certain manque d’expressivité au niveau des personnages, mais l’utilisation d’effets de flous et d’une colorisation esthétisante font à nouveau mouche et contribuent à instaurer une atmosphère particulièrement originale.
Un premier volet qui se dévore à grande vitesse et qui s’avère de bon augure pour les trois tomes à venir.