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L’appel du trône

Publié le 10 avril 2014 par Polinacide @polinacide

"L’hiver vient". Autant dire que la neige n’a jamais tant manqué qu’en ce début de printemps 2014, alors que le monde entier attendait de pied ferme la nouvelle saison de Game of Thrones. De toute les séries tournées jusqu’à présent, rares sont celles qui ont remporté un tel succès, explosant les records de téléchargements et séduisant même les plus réticents à l’univers heroic fantasy. Une « tuerie » à la hauteur de celles qu’elle met en scène. Entre sexe, violence et complots à foison, ce feuilleton échappe pourtant à bien des critères de réussite du genre, tout d’abord parce qu’une tête n’y est jamais à l’abri de tomber. En témoigne celle d’Eddard Stark (l’un des personnages principaux), qui n’a même pas tenu jusqu’à la fin du premier volet. Un rebondissement choc, éveillant la fringale télévisuelle comme la frustration de l’expectative du prochain épisode. Les paris sont ouverts: lesquelles suivront ?

khaleesi

© Emmanuelle (Histoires de voir)

Si la saga plaît tant, c’est avant tout parce que le conte se veut résolument moderne : fini les héros biens sous tous rapports, méchants et gentils rivalisent de conspirations et enchaînent des crasses plus fourbes les unes que les autres. Mention spéciale pour la belle Khaleesi, dont le personnage défie les clichés de la princesse traditionnelle, aux relans féministes et audacieusement "badass". Une égérie qui le vaut bien, et pas seulement pour l’effet de ses boucles platines. Soumise à la volonté d’un frère tyrannique et mariée de force au barbare Khal Drogo, le bon sens ne la prédestine guère à devenir cette souveraine flamboyante, mère d’un peuple qui lui est entièrement étranger. Bien au contraire. Tout porte à croire qu’elle finira comme Cendrillon et ces autres pauvresses, qui se laissent aisément abuser et marcher sur les pieds. Aucune tierce raison ne contraint Daenerys à être reine : elle le devient uniquement de son propre vouloir, et se comporte comme telle dès les premiers pas de son ascension. Rien ne lui fait peur, pas même engloutir un cœur de cheval encore saignant ou aller brûler dans les flammes. Une « paire de couilles » qui ferait pâlir d’envie l’eunuque Varys, forçant l’admiration des spectatrices qui se sentent à leur tour l’âme d’une « Khaleesi » des temps modernes. Comme un écho épique à leurs propres tribulations quotidiennes. Tenant plus de la guerrière que d’une précieuse endormie, Daenerys n’a pas besoin de prince pour porter la couronne : juste de quelques dragons qu’elle appelle tendrement « ses enfants ». Reste à espérer qu’elle ne se brûle pas les ailes en plein vol, Game of Thrones ayant fait des contrepieds sa spécialité.


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