Australie – 2005
-
PRÉCISIONS
Auteur : Markus Zusak
VO : The Book Thief
Publication originale : 2005
Publication française : 2007
-
NOTE GLOBALE :
-
NOS AVIS
Tix :
Le roman de Markus Zusak a beau s’ouvrir assez vite sur une précision cynique de taille, « Vous allez mourir » annonce la narration au lecteur, le concept ne tient plus vraiment debout après quelques chapitres. La Mort est le narrateur. Narrateur qui est tantôt extérieur comme un personnage à part entière, tantôt omniscient. Qui s’attache aux personnages, qu’on sent presque prendre parti quelquefois. Qui nous dit qu’il “voit”, qu’il “lit”, ou qu’il “sent la pluie sur ses mains”. Autant de détails dérangeants, qui dépendent sûrement de la perception de chacun. Mais il n’aura pas suffit de poser des bases et de conclure de manière aussi cynique pour faire miraculeusement oublier qu’au milieu tout est bancal..
La narration est également très maladroite quand elle nous mentionne le futur, ou qu’elle passe d’un personnage à l’autre.
« Tout a été un peu trop facile pour vous et moi, vous ne trouvez pas ? Et si on oubliait un peu Molching ? Ça nous ferait du bien.
Sans compter que c’est important pour la suite de l’histoire.
On va se déplacer un peu, jusqu’à un lieu secret, une réserve, et on va voir ce qu’on va voir. »
User de ce genre d’effets propre au conte relève du mauvais goût et n’est jamais efficace. De même, les nombreux apartés coupent régulièrement le fil pour des précisions soit déjà connues, soit inintéressantes, soit maladroites. Heureusement, on s’y habitue au fil du temps.
« Voilà.
Vous êtes maintenant au courant de ce qui allait arriver rue Himmel à la fin de l’année 1940.
Je sais.
Vous savez.
Mais Liesel Meminger, elle, n’est pas de ceux qui savent. »
Parmi ces défauts s’articulent des personnages sympathiques, auxquels on ne manque heureusement pas de s’attacher. Liesel est une jeune fille audacieuse avec un caractère fort. Rudy, Max et Hans, qui l’entourent principalement, sont intéressants. On suit l’apprentissage de Liesel dans ce contexte très difficile, en regrettant légèrement le manque de repères temporels et le contexte historique superficiel.
Ce roman est plein de bonnes intentions, mais n’émeut jamais vraiment, n’emporte jamais vraiment, n’est jamais capable de nous faire palpiter. Si on met de côté l’exercice de style hardi mais complètement boiteux, il reste une belle histoire sur l’enfance, la guerre, l’amitié, la différence. Et encore, même comme ça, il ne parviens pas à s’ériger en référence sur ces multiples thèmes comme peut l’être par ailleurs Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee (avec lequel je trouve beaucoup de ressemblances : l’héroïne et son ami, la figure du père, l’éveil aux horreurs de la vie…).