La Casa Batlló est un édifice conçu par l'architecte Antoni Gaudí, chef de file du Modernisme Catalan (Art Nouveau catalan), de 1904 à 1906, au 43 Passeig de Gràcia à Barcelone.
L'immeuble fut commandé par Josep Batlló et Casanovas, industriel du textile. L'édifice, qui figure sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, est ouvert au public.
Historique
En plein centre de Barcelone, le Passeig de Gràcia est entre 1900 et 1914 le principal centre résidentiel de la haute bourgeoisie et de la mode barcelonaise. L'îlot de maisons allant du 35 au 44 est d'abord bâti de constructions conventionnelles. Puis l'architecte Josep Puig i Cadafalch conçoit la Casa Amatller (numéro 41) en 1900 et l'architecte Lluís Domènech i Montaner transforme en 1902 la Casa Lleó Morera ; ces deux bâtiments modernistes, très différents, séparés par des bâtiments conventionnels, font surnommer l'endroit « Îlot de la Discorde ».
Casa Battlo est un exemple typique de "l'immeuble de rapport" du XIXe : les propriétaires habitent le premier étage et des locataires sont logés dans les autres.
Batlló demande dans un premier temps à Gaudí de détruire et de reconstruire entièrement l'édifice qu'il y a acquis. L'architecte le convainc de ne réaliser qu'une transformation du bâtiment existant. L'architecte le remodèle en profondeur : il réorganise les espaces, développe l'éclairage et la ventilation naturelle, ajoute deux étages, réaménage les combles et la terrasse. Pour la transformation de la façade, Gaudí substitue à celles du rez-de-chaussée et du premier étage une structure de grès formant des ondulations horizontales. Le reste de l'édifice réutilise ces formes ondulées dans le sens vertical. Gaudí ajuste les courbes de la partie supérieure de l'édifice de façon à réaliser une continuité avec les façades voisines.
Gaudí est épaulé par ses architectes auxiliaires qui travaillent déjà avec lui sur la Sagrada Família : son aide immédiat, Francesc Berenguer i Mestres, Domènec Sugrañes i Gras et Josep Canaleta i Cuadras. Il fait par ailleurs intervenir de nombreux artisans pour tous les détails décoratifs.
À la mort d'Amàlia Godó (veuve de Josep Batlló), en 1940, ses filles Mercedes et Carmen héritent de l'édifice. Elles vendent l'immeuble en 1954 à la compagnie d'assurances Sociedad Iberia de Seguros. En 1989, la banque japonaise Sumitomo fait une offre d'achat du bâtiment qui n'aboutit pas. En 1991, le président de la compagnie, Enric Bernat, le met en vente mais faute d'acheteur l'achète lui-même à un prix très inférieur à sa valeur. Le bâtiment est alors occupé par diverses sociétés, puis pendant la guerre civile, la famille Bernat déménageant en Italie. Les compagnies qui l'occupent ne font aucun entretien, modifie par contre les murs et abaissent les plafonds : le style Gaudi n'est plus à la mode !
A partir de 1954, des restaurations sont enfin entreprises, et sont désormais régulièrement reprises. La famille Bernat est toujours propriétaire.
Les visites sont ouvertes toute l'année. Au premier étage, avec la cafétéria et la boutique, un espace est consacré à l'exposition du mobilier de Gaudí.Le bâtiment
La Casa Batlló s'inscrit dans la vision naturaliste de Gaudí qui s'inspire ici du milieu marin. La variété des couleurs, la prédominance du bleu marine et de l'ocre des roches, confortent cette thèse. Le bleu marine est présent dans la décoration à base de céramiques, pour la façade, le vestibule et les patios intérieurs. Mais Gaudi n'ayant laissé aucune explication... beaucoup d'interprétations ont été faites de la "symbolique" Gaudi.
La façade principale est divisée en trois parties différentes harmonieusement intégrées. La partie supérieure, un peu en retrait par rapport à la rue, est une sorte de crête faite de céramiques colorées qui suscita de multiples interprétations. La partie centrale, du second au dernier étage, est faite d'un tapis multicolore d'où sortent les balcons. La partie inférieure (le rez-de-chaussée, le premier étage et deux galeries du second étage) sont en grès de Montjuïc et présentent des formes ondulées. Au niveau du toit, un renflement permet de dissimuler la salle où était entreposée l'eau. Son profil rappelle les formes arquées d'un dragon, dont les tuiles en céramique seraient les écailles. L'un des éléments les plus remarquables de la façade est la tour couronnée d'une flèche à la façon des églises. Celle-ci est en céramique et est surmontée d'une « croix gaudienne » dont chacune des quatre branches est orientée vers un point cardinal, de la même façon qu'au parc Güell. La tour est décorée des monogrammes de Jésus (JHS), Mari (un M avec une couronne ducale) et Joseph (JHP). Ces symboles montrent la profonde piété de Gaudí, qui choisit pour la Casa Batlló les symboles de la Sainte Famille, alors qu'il construisait en parallèle la Sagrada Família.
Devant les grandes fenêtres, six fines colonnes en forme d'os sont disposées avec une décoration florale au centre qui semble être une articulation de l'os. Les formes des espaces vides sont courbes et la pierre semble prendre la forme de lèvres, donnant à l'ensemble l'aspect d'une énorme bouche ouverte, qui lui valut le surnom de Casa dels badalls, « maison des bâillements ».
Le vestibule est décoré avec une rampe en céramique aux couleurs bleue et blanche. Au fond, se trouve une petite ouverture, donnant sur l'un des patios intérieurs, qui éclaire naturellement la pièce. En continuant vers l'intérieur, après un discret encadrement de porte, se trouve l'ascenseur moderniste qui dessert tous les étages et un majestueux escalier qui conduit au premier étage.
Le premier étage est différent des suivants. Il s'agissait du domicile de la famille Batlló et Gaudí a prêté une attention particulière à sa conception. Toutes les cloisons sont courbes. Les fenêtres ont des formes ondulées très différentes les unes des autres, les piliers ont des formes d'os avec leurs articulations. Le salon central est un grand espace situé derrière la façade principale en son centre. Sa verrière au profil sinueux est pensée pour voir sans être vu à l'aide d'oculus placés dans la partie basse ; la décoration de la verrière est à base de vitraux circulaires ; au centre se trouvent des fenêtres à guillotine coulissantes. Entre ces fenêtres, il n'y a aucun montant, et lorsqu'elles sont toutes ouvertes, elles laissent voir la rue sans aucun obstacle visuel. Cette solution fut réutilisée par Le Corbusier à la villa Savoye et est connue sous le nom de fenêtre-bandeau. On trouve dans le grand salon un oratoire placé dans la concavité du mur du fond ; il était fermé par de grands panneaux de bois qui permettaient de transformer rapidement le salon en chapelle.
Les patios intérieurs comptent parmi les éléments les plus novateurs de l'édifice. L'architecte compense les différences naturelles d'illumination entre la partie haute et la partie basse avec un ingénieux dégradé de couleurs des céramiques qui recouvrent les murs. Les tons partent du bleu de cobalt en haut jusqu'au blanc en bas. Par ce conditionnement chromatique, la paroi semble avoir une couleur uniforme lorsqu'elle est vue depuis le bas. Appliquant la même logique, Gaudí proportionne la hauteur des fenêtres à leur situation. Les plus basses sont les plus grandes.
Au-dessus du dernier étage se trouvent de grands combles, qui abritaient les dépendances, les pièces de services et des éviers et bassins sous une couverture en voûte catalane soutenue par soixante arcs caténaires, ressemblant aux côtes d'un énorme animal. Elles sont distribuées en deux longs couloirs qui entourent les patios intérieurs, répartissant les salles à la périphérie du bâtiment. Au niveau de la façade, une grande salle actuellement connue sous le nom de « ventre du dragon », était consacrée à l'étendage de la lessive. Les arcs la composant y atteignent leur plus grand espacement, donnant à cet espace une configuration singulière.
Le toit possède quatre ensembles de cheminées de 6,10 m de haut, aux motifs floraux. Leur dessin spécial permet d'éviter que l'air ne s'y engouffre. Construit sur les arcs caténaires des combles, c'est un espace rectangulaire divisé en son centre par les ouvertures des patios intérieurs.
Gaudí a beaucoup travaillé et innové pour optimiser la circulation d'air, réguler les températures, gérer l'espace au mieux, de façon fonctionnelle.
Les meubles de Gaudí sont destinés à la salle à manger. L'architecte opte pour un dessin inédit jusqu'alors, avec un type de siège aux courbes imitant la morphologie humaine ; il élimine les entoilages et ornementations superflues à la mode, et laisse au bois nu sa couleur naturelle. Précurseur des dessins ergonomiques, il se rapproche du design industriel qui fut plus tard exploité par des architectes contemporains : Horta, Mackintosh et Saarinen.
A voir un jour !
D'après Wikipédia