Les femmes doivent consulter, avant de prendre l’aspirine à faible dose ou tout autre médicament alors qu’elles essaient de concevoir ou qu’elles sont déjà enceintes, rappelle le Dr Jean Wactawski-Wende, professeur au Département d’épidémiologie et de santé environnementale de l’Université de Buffalo. D’autant que près d’une femme sur 3 vit une perte d’une grossesse avec un risque accru de nouvelle fausse-couche et donc une propension à accueillir favorablement toute option qui permettrait de réduire ces risques.
Car l’aspirine dans la conception et la reproduction, même à faible dose, n’est pas, au global, bénéfique en termes de résultats futurs de la grossesse chez les femmes ayant déjà des antécédents de fausse(s)-couche(s). En revanche, chez les femmes ayant un antécédent de fausse-couche dans les 12 derniers, il pourrait y avoir un avantage…
L’équipe a mené cette étude multicentrique, randomisée et contrôlée vs placebo auprès de 1.228 femmes âgées de 18 à 40 ans, dont 1.078 ont achevé l’étude. Ces participantes ont été réparties au hasard pour recevoir soit de l’aspirine à faible dose soit un placebo puis ont été suivies sur 6 cycles de tentatives de conception. Toutes les participantes ont reçu également de l’acide folique.
Les conclusions sont les suivantes :
· 308 femmes (soit 58%) du groupe à faible dose d’aspirine ont mis au monde, vs 286 (53%) des femmes du groupe témoin,
· La perte de grossesse est survenue chez 68 (13%) des femmes du groupe à faible dose d’aspirine vs 65 (12%) des femmes du groupe placebo.
· Les effets indésirables constatés sont similaires entre les deux groupes. Une augmentation des saignements vaginaux associée à l’aspirine à faible dose, n’a pas été associée à la perte de grossesse.
· Dans l’ensemble, le traitement par aspirine à faible dose, avant la grossesse, n’augmente pas le taux de naissances vivantes ou ne réduit pas le risque de fausse-couche chez les femmes ayant des antécédents de 1 à 2 pertes de grossesse.
· Un seul sous-groupe semble bénéficier de cette option, les femmes n’ayant connu qu’une fausse-couche dans les 12 derniers mois, et dont le taux de grossesse et le taux de naissance vivante sont plus élevés.
La conclusion globale est donc qu’au moment de la conception, l’aspirine à faible dose n’est pas significativement associée à de meilleures chances de naissance. Cependant, en particulier de résultats différents pour le sous-groupe cité plus haut, les chercheurs prévoient d’explorer les mécanismes par lesquels l’aspirine peut dans ce cas seulement être bénéfique.
Source: The Lancet 2 April 2014 doi:10.1016/S0140-6736(14)60157-4 Preconception low-dose aspirin and pregnancy outcomes: results from the EAGeR randomised trial