Après le discours de politique générale de Manuel Valls à l'Assemblée nationale, il ne reste plus que la marche du 12 avril de République à Nation pour montrer notre mécontentement.
Le fonctionnement des institutions de la Cinquième République est si démocratique que le peuple doit attendre tous les 5 ans pour espérer une autre politique puisque tout droit d'intervention lui est interdit pendant la durée du mandat présidentiel et de la représentation nationale.
Hollandreou a peut-être vaguement entendu le rejet de sa politique lors des élections municipales, mais il n'a pas écouté le peuple en nommant Valls. Comme je le prédisais, d'ailleurs sans le moindre mérite tant cela était prévisible, le temps est maintenant au mépris.
Alors que l'objectif officiel - qui justifie toutes les réformes de régression sociale depuis au moins Sarkozy - consiste à coller aux 3 % de la fameuse règle d'or, le gouvernement Valls s’apprête à gaspiller 50 milliards d'euros en les donnant au patronat sans aucun contrôle, ni aucune contrepartie, surtout aux actionnaires des multinationales du CAC40.
Un endettement public à 3 % du PIB, c'est la funeste RÈGLE D'OR à respecter à n'importe quel prix. Au prix de l'intérêt général. Ces 3 % représentent le nirvana pour les zozos qui croient au sérieux budgétaire, à la bonne gournANCE et à l'Europe SOCIALE dans la cadre de l'UE! Par contre, 4,2 %, ça l'est beaucoup moins pour eux, voire pas du tout. La différence est minime, et d'ailleurs, d'un point de vue économique, elle est nulle.
En fait, la règle d'or est un dogme. Du genre ne pas manger de la viande de porc le vendredi pour certains, ou tous les jours pour d'autres. C'est une question de foi. Sauf que pour certain-e-s, c'est de l'ordre de la vie privée et ça ne se discute même pas, tandis que la règle d'or, elle, est imposée au peuple par des politiciens qui se sont bien gardés de lui demander son avis.
Un différentiel d'un peu plus de 1 % de déficit par rapport à cette règle sert de prétexte à l'austérité, aux sacrifices des services publics, à la déflation des bas salaires, à la casse du droit du travail, aux retraites à un âge très avancé, au système de santé en cours de privatisation...
Marcher le 12 avril, c'est s'opposer à l'orthodoxie néolibérale imposée par le PS !
Mais attention, le gouvernement Valls fera un geste aux SMICARDS, promis juré ! D'ailleurs, c'est ce qui a obligé certains députés de gôche du PS à s'abstenir. Ah, la gôche du PS, c'est cette gauche impuissante et soumise qui n'a que de la gueule, au demeurant utile au PS pour entretenir l'illusion que la vieille maison demeure socialiste.
Au final, que restera-t-il de cette aumône ce "geste" après la hausse du coût des biens essentiels tels que l'électricité, le chauffage, l'eau, les transports, le logement et la santé ? Ce geste ne sera pas un coup de pouce au pouvoir d'achat, mais un doigt d'honneur puisque l'essentiel du coût du système de la protection sociale va peser désormais sur le salariat, et non plus sur les entreprises.
Marcher le 12 avril, c'est lutter contre le mépris du gouvernement à l'encontre des classes populaires et moyennes.
Par ailleurs, la propagande néolibérale ou social-libérale affirme quel la France doit accepter la mondialisation et se battre à armes égales, en baissant sa dette publique et son coût du travail. Il n'y aurait pas d'autre politique possible. Voyez-vous, la mondialisation serait comme un phénomène naturel avec lequel il faudrait fatalement vivre.
Par conséquent, elle ne se discuterait pas. Cela va de soi, n'est-ce pas ? Un peu comme le futur Grand marché transatlantique négocié en catimini et sur lequel le peuple ne sera pas consulté. Plus de libéralisme économique dans le libéralisme économique, de concurrence dans la concurrence, et de de dérégulation dans la dérégulation... pour le bonheur de quelques oligarques et des médias dominants aux ordres.
Marcher le 12 avril, c'est refuser TINA qui réduit la démocratie à un simple décorum ou exutoire populaire.
La pensée dominante omet de signaler d'une part que la mondialisation est la conséquence de décisions politiques et d'autre part, que la France est encore l'une des économies les plus puissantes au monde. Imaginez si un gouvernement français décidait un moratoire sur la dette publique, créait un comité international d'audit de sa dette publique, instituait des barrières douanières pour respecter des normes sociales et écologiques ?
Pensez-vous que les autres pays mettraient en place un embargo ou un blocus contre la France ? Regardez, quelques années en arrière, des pays, petits par leur poids politique et économique par comparaison à la France, qui ont pris quelques unes des décisions précitées. Leur économie ne s'est pas effondrée. Ils n'ont pas été mis au ban de la communauté internationale. Et, leur peuple n'est pas tombé dans la misère. Au contraire, leur économie et leurs finances publiques ont été assainies, et la régression sociale stoppée.
Marcher le 12 avril, c'est affirmer qu'une autre politique est possible.
Est-il impensable d'imaginer un gouvernement français décidant unilatéralement de ne plus respecter la règle d'or, autorisant la banque de France à prêter directement à l’État, interdisant la pratique des travailleurs détachés ? Pensez-vous vraiment que les autres pays de l'UE fermeraient leurs frontières et décideraient de sanctionner la France, deuxième économie de la zone euro et seule puissance nucléaire de l'UE ? En ont-ils seulement les moyens ?
Après tout, des accords bilatéraux de coopération vaudraient mieux que cette UE qui organise le dumping social, la régression sociale, le démantèlement industriel et la concurrence à tous les étages. Il me semble préférable d'en finir avec cette crise permanente qui caractérise le fonctionnement de l'UE et cette dictature des technocrates oligarques à qui les gouvernements ont remis une partie de leurs attributions. Cette rupture avec l'ordre néolibéral ou social-libéral capitaliste provoquerait un tel séisme que le rapport de forces avec les marchés financiers et les gouvernements les plus néolibéraux deviendrait favorable.
Enfin, croyez-vous que le 1er ministre est sérieux quand il affiche sa volonté de réduire le chômage de masse alors qu'il ne compte rien faire pour empêcher la pratique du dumping social via les délocalisations et les travailleurs surexploités détachés ?
Marcher le 12 avril, c'est rejeter cette UE et affirmer qu'une autre Europe est possible. C'est aussi affirmer que la gauche, ce n'est pas le parti socialiste, lequel a déjà signé un accord de collaboration avec les groupes le PPE (droite) et l'ALDE (libéraux)...
[1]Note
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